geo.cybercantal.net sommaire Les « Montagnes » du Cantal
version imprimable

LES “ MONTAGNES ” DU MASSIF DU CANTAL

Eric BORDESSOULE
CERAMAC
Clermont-Ferrand

Sur la bordure occidentale du Massif central, s’étire, de la chaîne des Puys à l’Aubrac, un vaste alignement de hautes terres volcaniques : les monts d’Auvergne. En dépit de la variété des formes : cônes à peine émoussés de la chaîne des Puys, ruines des grands édifices volcaniques des monts Dore et du Cantal, hauts plateaux mollement ondulés du Cézallier et de l’Aubrac, l’unité de cette montagne volcanique est indiscutable. Elle se fonde sur l’association d’un milieu physique original et d’une économie pastorale devenue, au fil des temps, peu à peu exclusive.

Contrastant avec l’important recul de l’utilisation des estives observé depuis près d’un demi-siècle dans la montagne française, les monts d’Auvergne offrent ainsi le rare exemple d’une intense exploitation des pâturages d’altitude. Au sein d’un ensemble de massifs demeurés très agricoles, cette solidité exceptionnelle s’appuie sur un renouvellement au moins partiel des systèmes pastoraux. En l’espace de trente ans, mêlant parfois étroitement tradition et éléments de renouveau, la montagne auvergnate s’est ainsi affirmée comme le dernier grand réduit français d’estivage bovin. Cette évolution originale repose essentiellement sur le développement rapide d’une importante transhumance depuis les régions périphériques et l’émergence d’un élevage de plus en plus tourné vers la production de viande maigre. ( » Voir les différentes races )

Tableau 1 - Structure du cheptel estivé par massif

Source : (1) Enquête pastorale juillet 1983. SCEES. INERM ; (2) Estimation établie d’après l’enquête pastorale de juillet 1983 et les données DSV (Direction des Services Vétérinaire

Massifs (1) Nombre total de bovins
(de + d’un an)
% Nombre total d’ovins %
Vosges 5 185 1,2 8 796 0,55
Jura 32 571 7,6 1 472 0,01
Alpes du Nord 668 10 15,7 276 890 17,5
Alpes du Sud 24 025 5,6 609 291 38,5
Corse 30 872 7,2 56 580 3,56
Pyrénées 78 409 18,5 549 784 34,7
Montagne volcanique (2) 166 000 39,0 4 000 0,25
Reste du
Massif Central
22 049 5,2 76 673 4,84

I - ESTIVES ET ESTIVAGE AUJOURD’HUI DANS LES MONTS D’AUVERGNE

( » Voir "la Montagne Traditionnelle" )

A - La vie pastorale auvergnate : une vitalité inattendue

La crise des années 1960 n’a pas provoqué la déprise pastorale attendue. Simple phase d’adaptation aux réalités économiques, le passage de la “ montagne fromagère ” à la “ montagne d’élevage ” n’a pas durablement remis en cause la vocation d’estive bovine du domaine pastoral auvergnat. Démontrant l’intérêt des ressources fourragères d’un riche territoire pastoral, la montagne volcanique impose davantage encore que les Alpes du Nord son image de « montagne à vache ».

Dans les massifs volcaniques, la reconversion des “ montagnes à lait ” s’est trouvée largement facilitée par la polyvalence des races rustiques autochtones. Alors qu’elles semblaient irrémédiablement condamnées par la relative faiblesse de leurs rendements et une traite difficilement mécanisable, le rapide développement de l’élevage allaitant a assuré leur préservation. La Ferrandaise a certes pratiquement disparu dans les Dore devant l’expansion des races laitières spécialisées, mais, en dépit d’une baisse sensible des effectifs, la Salers et l’Aubrac ont assez bien résisté. Devenues de simples mères à veau, elles offrent cependant de nombreux avantages. Par leurs excellentes qualités de reproduction et la diffusion du croisement industriel avec le Charolais, les animaux atteignant un poids plus élevé qu’en race pure, elles ont favorisé la réorientation de l’élevage montagnard. Enfin, leur bonne tenue devant les rigueurs du séjour à l’estive a permis la reconquête d’une part importante de l’espace pastoral. Parallèlement, dans les régions périphériques d’altitude moins élevée, le processus d’intensification laitière conduit le plus souvent sur de petites surfaces, a entraîné l’obligation d’envoyer à l’estive l’atelier des génisses. De nouveaux bassins d’alimentation de la transhumance se sont ainsi constitués dans les années soixante.

La reconversion des systèmes d’élevage de la montagne volcanique et des bas pays voisins a eu une même conséquence : une reprise manifeste de l’estivage et par conséquent un abandon jusqu’à présent très limité des pâturages d’altitude. La localisation de ceux-ci ne repose donc pas exclusivement sur l’altitude et les contraintes climatiques qui l’accompagnent. Les faibles possibilités d’étagement, la richesse des sols formés sur les roches volcaniques et l’action de l’homme qui a défriché les massifs dans le cadre d’une économie pastorale devenue très tôt exclusive se conjuguent pour favoriser l’extension d’un vaste domaine d’herbages en dehors d’une aire clairement délimitée.

Si l’exploitation des estives fait encore largement appel à l’élevage des hautes terres, l’image traditionnelle d’une étroite liaison entre la “ montagne ” et le domaine de la vallée voisine ou des marges de la planèze s’est profondément transformée. Le maintien de l’activité pastorale repose désormais de plus en plus sur la vigueur des courants de transhumance issus des régions voisines, bas pays mais aussi montagnes proches surchargées, comme l’Aubrac aveyronnais. La tendance est commune à la majeure partie de la montagne française mais l’irruption des transhumants revêt ici une ampleur considérable. La venue de ces troupeaux a sans aucun doute sauvegardé une large part des “ montagnes ”, même si elle suscite souvent la réticence des montagnards constatant que la ressource pastorale leur échappe au profit d’une appropriation extérieure.

B - La fonction de l’estive dans les nouveaux systèmes d’élevage

La substitution de la “ montagne d’élevage ” à la “ montagne fromagère ” prive désormais l’estive de toute production spécifique. La pratique de l’estive réside aujourd’hui dans l’opportunité d’utiliser un potentiel de ressources dont le rôle devient plus ou moins inutile ou accessoire selon la structure de l’exploitation ou encore la conjoncture climatique et économique.

Indispensable autrefois, l’estive ne joue plus désormais qu’un rôle d’appoint. L’ouverture grandissante à la transhumance traduit sans doute l’impuissance à promouvoir une voie montagnarde modernisée susceptible de valoriser pleinement le domaine pastoral. Les pâturages d’altitude s’en trouvent marginalisés, ramenés au rang d’accessoires plus ou moins conjoncturels des nouveaux systèmes de production repliés sur la SAU.

Le recours à l’estive ne s’inscrit plus dans un genre de vie séculaire et répond aujourd’hui à un grand nombre de conditions internes ou externes à l’exploitation. Les avantages que peuvent offrir les pâturages d’été vont différer selon les possibilités permises par la surface de base, sa situation géographique, l’orientation dominante et le mode de conduite de l’élevage. Aussi les “ montagnes ” accueillent-elles actuellement des troupeaux très divers, issus aussi bien des élevages peu spécialisés de la montagne que des bas pays laitiers et des bassins allaitants. L’exploitation des estives s’est profondément transformée au gré des évolutions économiques et sociales, elle n’a plus l’aspect homogène d’autrefois.

L’estivage actuel répond avant tout à la nécessité d’agrandissement des exploitations; c’est bien là sa vocation originelle et essentielle. En permettant de récolter davantage de fourrages en bas, cette “ transhumance agrandissement ” rend possible l’entretien d’un cheptel plus important, tout en évitant un processus d’intensification rendu coûteux par l’achat de foin ou de concentrés. Cette fonction s’est cependant profondément renouvelée, la mise à l’estive n’est plus cet élément clef conditionnant l’équilibre de l’exploitation. Il n’était pourtant pas concevable jusqu’aux années cinquante dans le Cantal qu’un élevage de dimension importante soit dépourvu de “ montagne ”. Aujourd’hui cette image d’une transhumance indispensable à la réussite d’un modèle d’élevage est périmée, la nécessité a fait place au choix. La pratique de l’estive s’inscrit aujourd’hui pour l’éleveur dans un raisonnement économique consistant à maximiser le revenu de l’exploitation. Soumise à des événements conjoncturels, elle ne correspond plus à la volonté de se conformer à un modèle symbole de réussite. Dès lors l’agrandissement par l’estive s’intègre dans une stratégie propre à chaque élevage et s’effectue dans des proportions très variables. Les systèmes utilisateurs se différencient ainsi selon leur aptitude à tirer une partie importante de leurs besoins fourragers de l’estive et leur exigence pour la qualité de celle-ci. En schématisant, les élevages laitiers spécialisés s’opposent aux systèmes mixtes et allaitants.

En production laitière, l’abandon quasi total de la traite sur la “ montagne ”, avec l’adoption d’un modèle intensifié de plaine sur la surface de base, affecte aux pâturages d’altitude un rôle minime. En définitive, l’éleveur accepte un double handicap, les surcoûts et l’abandon d’une partie des ressources spécifiques de la montagne reprises ou non par des transhumants extérieurs. La disparition de toute production à l’alpage est particulièrement sensible dans les massifs volcaniques.

Le séjour sur les pâturages d’altitude remplit une fonction plus importante dans le cas de systèmes mixtes associant lait et viande bovine ou bovins et ovins. Pour les doubles troupeaux, fréquents dans le Cantal et le Cézallier, le cheptel allaitant va séjourner à la “ montagne ”, le cheptel laitier demeurant sur l’exploitation. L’avantage est double pour l’éleveur, il augmente le chargement de sa surface de base et le cheptel le plus exigeant profite des meilleures pâtures de l’exploitation. D’une manière analogue dans les Dômes, les vaches laitières restent sur les pacages proches de la ferme, les brebis continuant elles à valoriser les terroirs de parcours. Cette situation s’inverse en Aveyron dans la région des Causses avec la montée sur l’Aubrac du troupeau allaitant et le maintien des brebis laitières sur les prairies les plus riches. Nous sommes là dans le rayon de Roquefort et l’élevage bovin est plus secondaire. Dans ces différents exemples, les pâturages d’altitude accueillent le troupeau qui valorise le moins la ressource fourragère.

Dans les systèmes allaitants, héritiers des grandes vacheries, la quasi-totalité du troupeau est envoyée à la montagne. Conduits de manière extensive, ces élevages composés d’animaux de race rustique (Salers et Aubrac) apparaissent les mieux adaptés à une valorisation optimale des surfaces pastorales. Ils représentent, dans le Cantal, 15 % des troupeaux estivant mais plus de 50 % des effectifs. Une enquête conduite par la DDAF en 1982 souligne la part prise par les élevages allaitants ou mixtes dans l’occupation des montagnes.

Au total, il convient de souligner le comportement original de la montagne volcanique au cours de la période récente. Bien qu’en rupture avec la tradition, sa vocation pastorale a persisté. Sur les hautes terres des monts d’Auvergne la crise des vieux systèmes pastoraux provoque un repli seulement partiel, voire passager, des territoires d’estive. Une fonction agricole maintenue à travers un élevage encore prépondérant dans l’économie des massifs et localement très dynamique (Aubrac), l’affirmation depuis les bas pays d’une transhumance d’ampleur considérable, ont conduit à la préservation de l’essentiel du domaine pastoral. Ainsi dans ses expressions les plus marquantes la déprise demeure limitée, la friche et la forêt n’ayant gagné au cours des vingt dernières années que peu de terrain au détriment des “ montagnes ”. Cette évolution tranche assurément avec l’abandon et les signes de sous-utilisation observés sur les autres massifs français. En Auvergne même, le contraste est saisissant entre le déclin des hautes chaumes du Forez et la bonne tenue des montagnes de l’ouest cantalien.

Toutefois, cette renaissance actuelle ne doit pas masquer la précarité de l’équilibre sur lequel repose désormais la mise en valeur des hautes terres. Préservées, les “ montagnes ” n’en connaissent pas moins une profonde modification de leurs fonctions. En définitive, la reprise enregistrée à la fin des années soixante, s’appuyant sur de nouveaux systèmes d’élevage et une pression croissante des usagers extérieurs, porte en elle les risques d’un relâchement des liens unissant l’estive au reste du territoire agricole.

En définitive, ce bilan, finalement nuancé, conduit à s’interroger sur la part respective de la tradition et des nouveautés dans la personnalité des montagnes auvergnates d’aujourd’hui.

II - APTITUDES NATURELLES : UN MILIEU MONTAGNARD FAVORABLE A L’HERBE

Aux marges de l’étage agricole, les hauts pâturages des massifs volcaniques évoquent immanquablement les alpages. Toutefois, les conditions naturelles de la moyenne montagne volcanique leur confèrent une physionomie bien différente. Le territoire pastoral des monts d’Auvergne ne se caractérise pas par la vigueur du relief, l’absence d’une occupation agricole permanente et une pelouse naturelle étendue au-delà de l’étage forestier. En fait, les rigueurs du climat montagnard favorisent l’extension de la zone d’estive mais, à l’exception des plus hauts sommets, ne l’imposent pas.

C’est là sans doute un point important si l’on veut comprendre la spécificité des “ montagnes ”. La lecture du paysage est délicate, l’estive ne correspond qu’imparfaitement à un étagement des activités humaines, l’espace agricole n’est jamais très éloigné et parfois même étroitement imbriqué dans les pâturages d’été. Œuvre des hommes suggérée par le milieu, douée d’aptitudes favorables. Les pâturages d’estive ne correspondent pas, sinon sur de modestes espaces supra-forestiers, à une pelouse originelle caractérisée par une flore artico-alpine ou endémique. Ces pâturages se sont substitués très tôt, dans les massifs volcaniques, à la végétation climacique, la hêtraie ou la hêtraie sapinière de l’étage montagnard. L’histoire témoigne de l’importance des défrichements et de l’origine anthropique des “ montagnes ”. Une occupation des sites les plus favorables, en bordure des hautes planèzes, est attestée dès les temps protohistoriques. Les analyses polliniques et les vestiges archéologiques disséminés le long des anciens chemins de transhumance confirment l’exploitation des premières estives dès la fin de l’âge du bronze.

Au cours du haut Moyen-Age, les atteintes portées au manteau forestier s’affirment et la zone pastorale supplante peu à peu la hêtraie originelle qui ne subsiste que sur les flancs les plus escarpés des vallées entaillant les massifs. En France, l’espace pastoral est marqué par la diversité : pauvres parcours des montagnes sèches, zones intermédiaires des Pyrénées ou encore les alpages les plus élevés de la haute montagne. Au sein de cet ensemble complexe, les “ montagnes ” auvergnates font figure de territoires justement réputés. En dépit de certains jugements plus critiques, “ on chercherait en vain des pâturages aussi riches et aussi fins que ceux des Alpes de Savoie ou du Jura ” (5), la pelouse des estives de l’ouest cantalien ne semble rien avoir à envier aux alpages savoyards. Les conditions du milieu constituent un élément d’explication non négligeable à la solidité actuelle de l’exploitation des “ montagnes ”.

Privilège de hautes terres dont le caractère montagnard s’affirme davantage par les rigueurs du climat que par un relief accusé, la majeure partie du domaine pastoral n’offre pas d’obstacles au pâturage des troupeaux.

En premier lieu, l’ambiance climatique de la moyenne montagne humide apporte des conditions privilégiées au développement des herbages. A l’évidence, la montagne volcanique mérite bien son surnom d’île verte et l’absence des sévères sécheresses que connaissent parfois les plaines et les bassins périphériques compense la brièveté de la période végétative considérablement réduite en altitude par la persistance de l’enneigement et des fortes gelées assez tard dans le printemps.

D’autre part, les sols développés sur le basalte des plateaux sont d’une tout autre valeur. Dotés d’une texture à dominante limoneuse (50 à 60 % de limons totaux), ces sols moins acides (PH. 5. 6) ont un pouvoir de rétention en eau élevé et sont peu touchés par le lessivage. Enrichis par la végétation prairiale, ces sols riches en acide phosphorique ont une teneur en matière organique considérable. Ils sont susceptibles de donner de bons rendements en production fourragère et la qualité de ces andosols, profonds et stables, est bien connue du géographe et du paysan de la planèze. Leur fertilité rend le contraste avec les régions du socle saisissant.

Les chargements observés sur les “ montagnes ” confirment la qualité de ces pâturages. Le chargement instantané en particulier, qui permet une vision synthétique du degré d’exploitation, est largement supérieur à la moyenne nationale. Sur les meilleurs pâturages de l’Aubrac et du Cantal, il dépasse même le plus souvent une UGB (Unité de Gros Bétail) à l’hectare.

Tableau 2 : Le chargement des pâturages d’altitude.

1 - A la différence du chargement instantané qui est le chargement réel du moment de l'utilisation de la montagne, le chargement annuel correspond au nombre d'UGB estivées comptées au prorata de la durée d'utilisation du pâturage d'altitude ; il se calcule selon la formule suivante :

UGBa = UGB instantanées x durée de présence /365.

Source : enquête pastorale 1971 - SCEES - INERM.

Massifs Chargement instantané (UGB/ha) Chargement annuel (1)
Vosges 0,52 0,21
Jura 0,85 0,31
Alpes du Nord 0,27 0,07
Alpes du Sud 0,17 0,07
Corse 0,22 0,07
Pyrénées 0,26 0,10
Montagne volcanique 0,87 0,31
Zone de Montagne 0,29 0,12

III - LES MONTS DU CANTAL : UN ESPACE EN ATTENTE

Depuis la crise des formes traditionnelles de l’estivage, s’est dessinée dans la montagne volcanique une nouvelle géographie de l’activité pastorale, au sein de laquelle les monts du Cantal ont perdu leur lustre d’antan. Jusqu’à la fin des années cinquante, les beaux domaines des planèzes avaient su s’imposer comme la forme la plus achevée de l’exploitation des “ montagnes ” auvergnates. La formule spéculative de la grande “ montagne ” fromagère avait conquis le Cézallier, s’était exportée sur l’Aubrac et atteignait, aux lendemains de la Première Guerre mondiale, les monts Dore. Depuis une trentaine d’années, cette dynamique est rompue, un véritable renversement des valeurs s’est opéré au profit de l’Aubrac.

Certes la situation du massif cantalien semble, à bien des égards, enviable. Les structures sont, en particulier à l’ouest, d’assez grandes dimensions, et les exploitants rajeunis. Il faut toutefois nuancer ces perspectives favorables. Elles traduisent davantage une phase de rémission après la crise des burons qu’un authentique mouvement de rénovation de l’élevage cantalien. Les monts du Cantal n’ont pas su retrouver un second souffle et adopter un véritable modèle de développement. Ainsi sont-ils loin de présenter un visage uniforme et juxtaposent des situations variées. Les aptitudes du milieu, la persistance d’anciens contrastes agraires, les tendances récentes d’évolution de l’agriculture opposent les planèzes de l’ouest, les hautes vallées montagnardes et la façade orientale du massif. La diversité est grande au sein d’un ensemble dont la destinée apparaît de plus en plus incertaine.

Les progrès récents de l’élevage extensif sur fond d’appauvrissement humain s’avèrent une source évidente de fragilité. Une dépendance accrue vis-à-vis de la transhumance extérieure et les premiers signes de déprise pastorale ne laissent d’inquiéter. Si rien n’est encore scellé, les perspectives sont alarmantes et la montagne cantalienne pourrait bien se trouver à l’aube d’une nouvelle rupture.

A - La diversité des orientations locales

Les monts du Cantal ont conservé tardivement une grande variété de systèmes d’élevage. Cette diversité résultait tout à la fois de la polyvalence de la Salers, de choix divergents opérés selon les types d’exploitations, de l’influence, enfin, des régions périphériques. Aujourd’hui, depuis le bassin d’Aurillac, l’élevage à viande s’impose peu à peu au sud et à l’ouest du massif tandis que la production laitière s’efface rapidement, sauf sur les marges de la planèze de Saint-Flour.

La poussée vigoureuse de l’élevage allaitant est cependant inégale selon les lieux. Ainsi la géographie de l’élevage montagnard du Cantal manifeste-t-elle des contrastes beaucoup plus accusés qu’autrefois. Avec l’éclatement du système traditionnel Salers, trois ensembles s’individualisent de l’ouest à l’est du massif (Fig. 1) :

Fig. 1 - La dynamique des systèmes d’élevage de la montagne cantalienne

• Sur la bordure méridionale et au sud-ouest des monts du Cantal, des structures favorables et la proximité du bassin d’Aurillac ont facilité la reconversion vers l’élevage à viande. Trop exigeant en main-d’œuvre, le système traditionnel est abandonné par les jeunes exploitants. Il ne se maintient que sur de petites structures qui, aux mains d’exploitants âgés, ne peuvent se tourner vers des pratiques extensives, ou, à l’opposé, sur de grands domaines, le plus souvent en fermage, qui disposent d’une main-d’œuvre salariée (région de Trizac au nord-ouest en particulier).

• Au cœur du massif la répartition des systèmes d’élevage au niveau communal révèle l’existence d’un véritable patchwork. La progression de l’élevage allaitant est réelle mais elle est freinée par des exploitations de dimension trop mesurée. Il ne se dégage pas d’orientation exclusive, tout est affaire de situation individuelle : taille de l’exploitation, âge, importance de la main-d’œuvre, solidité de la collecte laitière. La tendance à la disparition des éleveurs laitiers spécialisés est toutefois clairement affirmée. Ainsi sur la commune du Claux il ne subsiste que deux des vingt-sept élevages laitiers spécialisés recensés en 1979. Leur avenir est d’ailleurs fortement compromis dans un environnement d’élevages allaitants et, en conséquence, par les difficultés croissantes de la collecte. Aujourd’hui la politique des industries laitières accentue encore la marginalisation de ces élevages spécialisés.

Globalement, les hautes terres cantaliennes se sont montrées plus réceptives au progrès. La spécialisation vers la viande ne s’accompagne pas, dans le Cantal, des préalables techniques indispensables à une réelle modernisation de l’élevage. Deux indications révèlent cet immobilisme de la montagne cantalienne.

Les progrès de l’ensilage d’herbe sont très faibles, guère plus de 1,5 % de la STH (Surface Toujours en Herbe) dans les monts du Cantal, un pourcentage sans aucune mesure avec l’essor que connaît cette technique sur l’Aubrac aveyronnais. Certains éleveurs ne semblent même pas persuadés de ses bienfaits.

Toute tentative d’innovation dans la conduite de la surface fourragère est également limitée par l’état des bâtiments. Ce problème de la modernisation des bâtiments d’élevage constitue, dans la montagne cantalienne, un obstacle important à l’intensification. De belle facture, les anciennes étables ne sont absolument pas adaptées à la distribution de l’herbe ensilée.

Tableau 3 : Date de construction des bâtiments d’élevage de la montagne cantalienne et comparaison avec d’autres régions du Massif Central

Source : CEMAGREF 1988

% de bâtiments construits Monts du cantal Aubrac Châtaigneraie
et Ségala
avant 1914 75 43 40
de 1961 à 1975 5 18 24
de 1975 à 1991 8 39 16

Moins d’un bâtiment sur dix a moins de trente ans et les projets de construction ou d’amélioration sont très rares. Les constructions neuves se localisent étroitement à la périphérie du massif et le contraste avec le dynamisme de la Châtaigneraie (Fig. 50-2) est flagrant. Si l’élevage traditionnel et la production exclusive de “ broutards ” qui lui succède aujourd’hui s’accommodent des vastes bâtiments anciens, il y a là un lourd handicap pour le développement d’un élevage plus intensif.

Au total, à la différence de l’Aubrac engagé plus précocement dans la voie de la production de viande, les monts du Cantal ne se donnent pas les moyens d’en retirer une valorisation maximale.

Fig. 2 - Répartition des constructions récentes de bâtiments d’élevage dans le Cantal

B - Des terroirs sans produits

Les mirages du modèle laitier intensif développé dans les bas pays voisins (Châtaigneraie, planèze de Saint-Flour), la paralysie des structures, le découragement des hommes, sans doute, l’intérêt des grands groupes laitiers, certainement, ont conduit à l’échec de l’économie laitière des monts du Cantal.

Le bilan est sans équivoque. On n’a pas su consentir, dans le Cantal, les efforts nécessaires pour faire reconnaître la qualité d’une production susceptible de constituer, à l’image du laguiole ou du beaufort, un atout dans l’aménagement de l’espace montagnard.

Récemment, toutefois, des initiatives se font jour avec la révision de l’AOC Cantal ainsi que le développement de labels pour la viande produite à l’estive comme en témoigne la constitution de la coopérative des éleveurs salers du pays de Gentiane dont le siège est situé à Riom-ès-Montagnes au cœur de la montagne cantalienne. Ainsi, en dépit d’un important retard, la ressource que constitue l’effet terroir des estives en terme d’image commence à susciter un regain d’intérêt.

C - Les “ montagnes ” du haut Cantal : une recomposition progressive du paysage pastoral

L’abandon des “ montagnes ” du Haut Cantal est encore peu perceptible. Toutefois les pâturages d’altitude sont menacés et déjà, un peu partout, se manifestent les premiers signes d’une lente mutation du paysage pastoral. La stabilisation récente des effectifs estivés, l’emprise accrue de la transhumance extérieure, les libérations de terres à proximité des exploitations rendent plus aléatoire la permanence des pratiques pastorales et plus floues les limites des territoires consacrés à l’estive.

1 - Au-delà des belles apparences, l’incertitude des planèzes occidentales

Sur le versant occidental des monts du Cantal, l’abandon et le boisement des estives demeurent exceptionnels. De grands domaines à l’assise confortable n’abandonnent qu’assez peu des estives qui comptent parmi les plus douées de la montagne volcanique. Convoité également par la transhumance aveyronnaise, le domaine pastoral affiche en apparence une rassurante stabilité.

L’évolution des “ montagnes ” de la commune de Trizac illustre bien cette situation. Depuis 1971, la superficie occupée par les pâturages d’altitude n’a pas régressé sur cette commune qui compte près de mille cinq cents hectares d’estive (35 % de son territoire), essentiellement en propriété privée. Pourtant le paysage pastoral s’est sensiblement modifié au gré de l’évolution de l’élevage local et de la venue de transhumants lointains.

Après qu’une étude ait révélé, en 1978, les déficiences de l’exploitation des “ montagnes ” du plateau de Trizac (6), un SIVOM regroupant sept communes entreprend, au début des années 1980, la réalisation d’un réseau de pistes. Le désenclavement du plateau a d’abord autorisé de nouvelles fauchaisons sur les estives et, par contrecoup, permis l’abandon de la fauche d’anciennes prairies trop pentues et difficilement mécanisables. Pour les éleveurs locaux en mal d’intensification, le domaine pastoral se révélait ainsi comme un gisement inattendu de nouvelles ressources fourragères. On évoquait même la possibilité de s’y livrer à l’ensilage. Pourtant l’enthousiasme devait vite retomber. Trizac a perdu le quart de ses exploitations depuis 1979, et le cheptel s’y est réduit de 15 %.

Les progrès réalisés dans l’équipement du domaine pastoral n’ont donc pas stimulé la croissance de l’élevage local. Depuis quelques années on assiste, au contraire, avec la venue d’une importante transhumance aveyronnaise, à un mouvement inverse qui se marque par la reconquête des pâturages d’altitude sur les prés de fauche (Fig. 52). Pour une quarantaine de “ montagnes ”, Trizac ne comptait qu’une dizaine d’exploitants extérieurs, issus des communes voisines pour l’essentiel, et on ne recensait alors aucun éleveur aveyronnais. En 1983, les choses n’ont encore guère changé et il faut attendre 1988 pour voir l’origine des exploitants se transformer profondément. Les éleveurs de Montpeyroux, Laguiole, Lacalm ont, depuis cette date, acheté huit “ montagnes ”, près de trois cent cinquante hectares, au rythme d’une ou deux par an.

Fig. 3 L’évolution des “ montagnes ” de Trizac depuis la fin des années 1970

Pour M. B. C., jeune éleveur “ en double troupeau ”, l’agriculture de cette commune de l’ouest cantalien bénéficie ici de réelles possibilités d’intensification au moment même où l’aménagement du plateau rend possible une meilleure valorisation des ressources fourragères du domaine pastoral. Les travaux réalisés profitent aux transhumants et B. C. en rend responsables les propriétaires non résidents qui préfèrent vendre à bon prix aux éleveurs aveyronnais.

Ainsi, sous une apparente stabilité, ces mutations révèlent les lacunes de l’élevage montagnard et, aujourd’hui, le handicap de ses structures. Les effets cumulés de ce manque de dynamisme endogène et d’un véritable processus d’expropriation aboutissent déjà à une logique de repli qui hypothèque gravement l’avenir.

2 - Dans les hautes vallées et sur les marges orientales, une déprise plus sensible

Fort logiquement, les secteurs les plus montagnards au centre du massif se révèlent les plus menacés. L’ordonnancement des différents étages du paysage agricole, qui n’a toutefois jamais été aussi rigoureusement fixé que dans les Alpes, s’en trouve bouleversé.

Ainsi dans la vallée de Mandailles, les côtes situées à mi-versant, servant autrefois d’étape à la montée et à la descente de l’estive et qui, dans l’intervalle, étaient fauchées, sont devenues de simples parcours extensifs.

A Saint-Paul-de-Salers, le paysage de la haute vallée du Récusset (Fig. 53) s’est modifié rapidement. De 1968 à 1990, Saint-Paul a perdu 65 % de sa population, le tiers de ses exploitations. Peu à peu, dans un mouvement qui a débuté il y a une vingtaine d’années, le domaine pastoral descend vers le fond de la vallée. Les exploitations les plus modestes, dont les propriétaires sont âgés et les quotas trop faibles, sont transformées en estives. Depuis une douzaine d’années on peut recenser, à Saint-Paul-de-Salers, une dizaine d’exemples de ce type qui aboutissent à étendre le domaine pastoral de près de trois cents hectares. Et le mouvement n’est sans doute pas terminé...

Fig. 4 L’expansion récente du domaine pastoral sur le territoire de la commune de Saint-Paul-de-Salers (1992)

Le plus souvent, cette extension des estives vers le bas s’accompagne de l’abandon des “ montagnes ” les plus élevées, moins riches et plus difficiles d’accès. L’enrésinement des sommets, longtemps limité si l’on excepte certains secteurs comme le cirque de L’Impradine boisé par l’ONF en 1920, progresse. A l’amont de la vallée de la Doire, les crêtes du Legal disparaissent sous les plantations d’épicéas.

La commune de Saint-Jacques-des-Blats, au fond de la vallée de la Cère, illustre bien ce double phénomène d’abandon et de délocalisation des “ montagnes ”. Depuis quelques années une centaine d’hectares d’estives ont été reboisés et l’équivalent transformé en “ montagne ” au détriment d’anciennes exploitations. Ecoutons cet éleveur nous résumer les transformations récentes du territoire de sa commune : “ il n’y a plus d’ordre, avant les estives c’était en haut, maintenant on les prend sur les fermes de ceux qui laissent, il n’y a plus d’ordre, j’en ai connu cinq partis comme ça depuis 10 ans, et ce n’est pas fini. Les jeunes s’agrandissent mais là-haut ça part en mauvais bois et ce ne sont pas les aveyronnais qui vont vouloir de ce que l’on y laisse ”.

3 - La transhumance : chance ou handicap pour le milieu local ?

Les conséquences de la transhumance peuvent être analysées à deux niveaux : au plan de l’entretien du domaine pastoral et par ses effets sur l’élevage local.

• Il est difficile de se prononcer sur le rôle de la transhumance en matière d’entretien des pâturages d’altitude. De nombreux montagnards affirment que les éleveurs extérieurs entretiennent mal les “ montagnes ”. En fait, il semble que ce jugement se réfère plutôt à la disparition des pratiques traditionnelles, jadis employées dans le cadre des “ montagnes ” fromagères, qu’à un manque de soin de la part des transhumants. Au contraire, plus dynamiques, les éleveurs aveyronnais apportent davantage d’engrais sur leurs estives dont les chargements sont supérieurs, en général, à ceux des “ montagnes ” d’exploitation locale.

• Stimulation ou désorganisation de l’élevage montagnard ? C’est en ces termes que se pose finalement le problème des retombées de la transhumance sur le milieu local. Le bilan n’est pas très encourageant. La transhumance aveyronnaise, en particulier, n’a pas constitué le vecteur d’un modèle de développement comme on aurait pu le penser. Les liens entre les transhumants et les éleveurs locaux sont le plus souvent ténus, empreints de jalousie ou d’indifférence. Ainsi le système du “ 18 mois ”, voire l’origine précise des transhumants aveyronnais est souvent méconnue par les éleveurs indigènes. Sans doute peut-on voir dans ce comportement la marque du fossé qui sépare l’immobilisme des communautés montagnardes cantaliennes du dynamisme de l’élevage rouergat. La transhumance n’est pas un facteur de progrès et présente même des aspects négatifs. Ainsi elle participe au relâchement des liens entre le domaine pastoral et les exploitations locales. Il n’est pas rare, en effet, que la demande aveyronnaise provoque la dissociation de certains domaines. En 1989, à Saint-Vincent, sur le plateau de Trizac, un propriétaire parisien a vendu, en fin de bail, une “ montagne ” séparément de l’exploitation, et le fermier n’a pu la racheter.

En définitive, la transhumance ne vient guère suppléer les défaillances de l’élevage local. Par son ampleur, elle introduit une situation de dépendance qui débouche sur un surcroît de fragilité.

CONCLUSION : DES PERSPECTIVES INCERTAINES

Depuis quelques années, devant le danger que représente une orientation extensive, fragile et peu rémunératrice, l’élevage cantalien s’oriente vers la recherche de voies nouvelles. Toutefois, les tentatives de renouveau sont souvent encore modestes. L’échec des systèmes laitiers intensifs sur les hautes terres conduit aujourd’hui à remettre à l’honneur les productions traditionnelles trop vite négligées. Avec retard, le Cantal s’engage dans une politique de qualité mais il est encore bien tôt pour juger de l’efficacité de ces mesures. Dans le domaine de la viande, pour limiter les risques d’une dépendance trop exclusive vis-à-vis du marché italien, l’élevage allaitant s’oriente vers de nouvelles productions. Les initiatives sont multiples et se fondent sur la qualité des produits liés à un terroir et à une race, et sur la possibilité d’allonger le cycle de production.

Les engraisseurs italiens se montrant de plus en plus exigeants sur la qualité des “ broutards ”, sept groupements et deux sociétés commerciales se sont unis pour former l’association A2S (Aubrac Salers Select). L’objectif est de commercialiser un “ broutard ” de qualité supérieure assuré de trouver un débouché en Italie. L’association sélectionne les meilleurs élevages et définit un cahier des charges précis (exigences génétique, sanitaire, alimentaire).

Les possibilités d’alourdissement sont également étudiées dans le but de développer la production de jeunes bovins de race salers. Il s’agit, comme dans l’Aubrac, de diversifier les produits du “ maigre ” et d’assurer une plus-value à l’éleveur. Ces taurillons, qui ne correspondent pas au marché italien, sont conduits à l’herbe en montagne et engraissés en châtaigneraie. En effet, lorsque les quotas limitent la trajectoire laitière classique, un certain nombre d’exploitations du bas pays peuvent se reconvertir sans difficulté vers l’engraissement, grâce à l’ensilage de maïs. Il y a là une opportunité d’intégrer l’élevage de la montagne et celui du bas pays et ainsi de relancer l’intérêt de la race pure. Déjà, la Société des viandes du pays vert a trouvé des débouchés pour les taurillons Salers, auprès des grandes surfaces où ils sont commercialisés sous la marque “ Saveurs du Cantal, Viande Salers ”.

Ces diverses opérations, encouragées par les nouvelles exigences des consommateurs, peuvent redonner un nouvel élan à l’élevage allaitant cantalien et limiter les conséquences du processus d’extensification en terme de déprise spatiale. Toutefois, cette réorientation de l’élevage nécessite de la part des exploitants un réel effort d’intensification et des investissements notables, en particulier pour les bâtiments. A Riom-ès-Montagnes, un groupe d’une quinzaine d’éleveurs n’a pu se tourner vers la production d’animaux alourdis qu’en s’unissant pour la location d’un bâtiment inutilisé. De même la conduite des “ bourrets d’herbe ” ne s’improvise pas, et un encadrement technique s’avère indispensable comme le montrent les résultats plutôt décevants des lots de Salers engraissés dans le Cantal en 1993.

Au total, des solutions existent pour améliorer les revenus de l’élevage allaitant, mais encore faut-il que les conditions nécessaires à leur mise en œuvre soient réunies au niveau des exploitations. Pour l’heure il semble que ce soit les éleveurs en “ double troupeau ” qui réussissent le mieux dans ces nouvelles productions. La présence d’un cheptel laitier, le plus souvent en race spécialisée, favorise aussi bien les progrès en matière fourragère que l’aménagement des bâtiments.

Ces pages sont extraites du livre de :

Eric BORDESSOULE

LES “ MONTAGNES ” DU MASSIF CENTRAL :
Espaces pastoraux et transformation du milieu rural dans les monts d’Auvergne.
La publication de cet extrait a été autorisée par la direction
des Presses Universitaires Blaise Pascal. Ce livre peut être commandé à :

CERAMAC
(Centre d’Etudes et de Recherches Appliquées au Massif Central)
Université Blaise Pascal
Maison de la Recherche, 4 Rue Ledru
63057 Clermont-Ferrand Cedex 1