4: Jardin ethnobotanique
Des découvertes exceptionnelles
Le groupe de recherches historiques et archéologiques de la vallée de la Sumène, crée en 1972 à Antignac a effectué des études sur les vestiges médiévaux (châteaux, villages, chemins, parcellaires, etc.) du Nord-Ouest Cantal. Sur les sites prospectés, il est apparu qu’un grand nombre de plantes présentes étaient déjà cultivées à l’époque médiévale. En effet, les vestiges découverts n’avaient pas été réoccupé par l’homme, ainsi les plantes s’étaient conservées et reproduites depuis cette époque. Certaines étaient banales, d’autres inconnues ; il fallut les identifier à partir de manuscrits, d’enluminures et de fresques. Ce travail de titan a été récompensé par la création du jardin qui comporte actuellement une centaine de plantes.
Un peu d'histoire…
Le mot jardin vient de la langue d’oïl et désigne un espace clos ; en langue d’oc, hort a la même signification. Ce mot est toujours usité en patois. Pendant l’Antiquité, DEMETER est la déesse grecque de la terre nourricière. CERES est son équivalent chez les Romains. Au Moyen-Age, SAINT-FIACRE est le saint patron des jardiniers, son attribut est la bêche. SAINT-BLAISE et SAINT-SEBASTIEN sont les saints protecteurs des champs, leur attribut est une gerbe de céréales. Le Capitulaire de CHARLEMAGNE, daté du IX°siècle, est une source documentaire incroyable car ce manuscrit comporte la liste des plantes cultivées dans les domaines du Roi.Les "tacuina sanitatis" ou "Traités de Santé" présentaient et illustraient les connaissances médicales de l’époque (seconde moitié du XI° siècle) telles que les traités arabes, d’inspiration hippocratique et galienne, les avaient recensées : propriétés nutritives, médicinales, aphrodisiaques… des plantes et des viandes. En fait, c’est toute la vie quotidienne qui se trouvait représentée dans de tels ouvrages richement illustrés. Ces traités n’étaient pas toujours rédigés en latin. Ainsi au XI° siècle c’est un médecin chrétien de Bagdad qui rédige en arabe un tel traité comprenant 280 articles, traduit en latin durant la seconde moitié du XIII° siècle sous le titre de " Tacuinum sanitatis in medicina ". Cette traduction assure la diffusion du traité en Occident. De tels traités sont de provenance très diverse.Cf Roger, Alain, 2004. L’invention des Paysages. In Des paysages pour le développement local : expériences et recherches innovantes dans le Massif Central., Revue d’Auvergne, 571 : 105-113
Elles tiennent une place importante dans le potager ; mangées en salade, en épinards, en asperges, elles accompagnent les viandes. Des plantes de cueillette apparaissent dans de nombreux ouvrages et documents du Moyen-Age, mêlées aux plantes cultivées. Sont représentées dans cette catégorie les plantes subspontanées, échappées des jardins aux abords des vestiges. Un grand nombre de celles-ci sont originaires d’autres régions, d’autres pays et d’autres continents.
Ache de montagne Ail Arroche des jardins Bardane Cardon Chénopode Bon Henri Chervis Chou perpétuel Coqueret Cresson alénois Cresson de terre |
Epurge Fève Fougère scolopendre Fragon petit houx Houblon Hysope Mâche Oignon Orpin blanc/Orpin rose Oseille patience Panais |
Pimprenelle Poireau carambole Poirée verte Pois des champs Pourpier Raifort Raiponce en épis Rave Roquette Vigne |
Leurs noms ne sont pas inconnus car certaines sont encore cultivées de nos jours. Les céréales cultivées au jardin :
- l’épeautre,
- le millet,
- l’orge,
- le sarrazin ou blé noir,
- le seigle.
Elles servent à cette époque à combattre les maladies et à soulager les maux courants. Vers l’an 500, dans le monastère du MONT-CASSIN (Italie), les moines établissent des codes de plantes médicinales.Vers l’an mil, quatre ramasseurs « de simples » de l’école de SALERNE (Italie), mettent au point des jardins botaniques à la disposition des « apothicaires ». Ces pratiques se généralisent dans la plupart des monastères médiévaux. Le Physica de SAINTE-HILDEGARDE, daté du XII°siècle, est considéré encore aujourd’hui comme un ouvrage de référence. De nos jours, les scientifiques ont extrait des plantes leurs principes actifs et élaborent des médicaments de synthèse. Cependant, la médecine par les plantes est remise à l’honneur depuis quelques temps. On se soigne avec des fleurs, des fruits, des graines, de l’écorce, des racines, notamment dans des infusions. Les herboristeries sont très rares actuellement en France car le diplôme n’existe plus depuis 1944.
Absinthe Aneth Angélique officinale Armoise commune Arum tacheté Astragale Aunée et grande aunée Aurone mâle Balsamite menthe coq bleuet Bourrache Camomille simple Catanaire Cerfeuil musqué Consoude officinale Dompte-venin Guimauve Hellébore fétide Hellébore vert Joubarbe des toits Marrube blanc Mélisse Menthe verte Mercuriale annuelle Pavot Petite centaurée |
Petite pervenche Cerfeuil musqué Consoude officinale Dompte-venin Guimauve Hellébore fétide Hellébore vert Joubarbe des toits Marrube blanc Mélisse Menthe verte Mercuriale annuelle Pavot Petite centaurée Petite pervenche Pivoine Podagraire ou herbe de Saint-Guard Potentille ansérine Rhubarbe Rose trémière Saponaire officinale Sauge sclarée Souci Tanaisie Valériane officinale Verveine |
Cerfeuil musqué Consoude officinale Dompte-venin Guimauve Hellébore fétide Hellébore vert Joubarbe des toits Marrube blanc Mélisse Menthe verte Mercuriale annuelle Pavot Petite centaurée Petite pervenche Pivoine Podagraire ou herbe de Saint-Guard Potentille ansérine Rhubarbe Rose trémière Saponaire officinale Sauge sclarée Souci Tanaisie Valériane officinale Verveine |
A Rome, FLORE, la déesse des parcs et jardins est fêtée le 1er mai. Au Moyen-Age, les châtelaines apportent un grand soin à leurs jardins d’agrément, chantés par les troubadours. Ainsi, les bribes de textes venus jusqu’à nous racontent que les poètes célèbrent la beauté de leurs dames en la comparant aux différentes fleurs : rose, lys, fleur de glais (ou iris des marais). Ces plantes ont donc été retrouvées sur des vestiges de châteaux ou de monastères sous forme de bulbes, rhizomes, graines et boutures. On en a également découvertes dans les cimetières. En effet, à la période médiévale, les sépultures sont fleuries.
Ancolie Aronic Aster amelle Bergénia Buis Coquelourde Delphinelle |
Epiaire Hémérocalle orange Hémérocalle jaune Iris violet Lys blanc Muguet Nigelle |
Oeillet des Chartreux Rose des chiens Rose de Damaset Centifolia Rose mousse Rose de Provins Ruban de la Vierge ou « Herbe de la Vierge » |
Elles s’utilisent dans l’économie domestique : plantes à filer, à tisser, à teindre, à faire de l’encre...
Pour les tissus, on emploie des plantes de cueillette, genêts et orties mais également le lin et le chanvre, plantes cultivées depuis l’Antiquité. Le filage des fibres végétales et de la laine permet l’évolution du vêtement dès la Préhistoire. Les plantes tinctoriales utilisées au Moyen-Age sont nombreuses et souvent issues de la cueillette ; seulement quelques unes sont cultivées comme le réséda lutéola et le genêt des teinturiers. Pour faire de l’encre de qualité, les moines emploient le sureau yèble. Les moines cultivent également du houblon qui sert à faire de la bière.
Chanvre
Courge pèlerine ou « la gourde »
Genêt des teinturiers
Lin
Réséda jaune ou Gaude
Surreau yèble