CARDERE, Dipsacus (bot). Genre de la famille des Dipsacées, à laquelle il donne son nom, de la tetrandrie-monogynie dans le système de Linné.
Les plantes qu'il renferme sont des herbes bisannuelles qui croissent naturellement en Europe, dans les parties moyennes de l'Asie, dans le nord de l'Inde. Leurs feuilles opposées sont souvent connées à leur base, dentées ou laciniées; leurs fleurs, jaunâtre, blanchâtres ou lilas, forment des capitules arrondies ou pyramidées , pourvues d'un involucre polyphylle, et sont accompagnées de paillettes plus ou moins consistantes, qui persistent et s'endurcissent après la floraison. Chacune d'elles est en outre pourvue d'un involucelle à quatre angles; elle a un calice adhérent, à limbe supère court, en coupe ou en disque; une corolle quadrifide; un ovaire adhérent, uniloculaire, uniovulé, surmonté d'un style grêle. Les fruits sont des utricules enfermés dans l'involucelle et couronnés par le limbe du calice.
Trois espèces de ce genre croissent naturellement en France; une quatrième y est cultivée en grand pour les besoins des manufactures de draps. Elle s'y est même presque naturalisée. Parmi les premières, la plus commune est la cardêre sauvage, Dipsacus sylvestris, Mill., grande plante haute d'un mètre ou même plus, à tige sillonnée, épineuse ; à grandes feuilles, les radicales brièvement pétiolées, étalées sur le sol, les caulinaires connées à leur base, toutes épineuses sur leur côte, inégalement crénelées sur leurs bords. Ses fleurs sont lilas, et leurs capitules ovoïdes ont les paillettes droites, non crochues au sommet.
L'espèce cultivée est la cardêre des foulons, Dipsacus fullonum, Mill.., vulgairement nommée chardon à foulon, chardon à bonnetier, qui ressemble à la précédente, mais qui s'en distingue aussi par des caractères bien marqués, surtout par les paillettes de ses capitules, recourbées en crochet à leur extrémité. C'est même cette particularité qui détermine l'emploi de ces capitules dans la fabrication des draps et des étoffes de laine. Ces capitules ou ces têtes, réunies plusieurs ensemble dans un cadre à manche, forment une sorte de brosse très rude avec laquelle on frotte la surface des draps pour la carder.
Il est bon de faire remarquer que, jusqu'à ce jour, on n'a pas réussi à remplacer ces cardes végétales par des cardes en fer. La Cardère à foulon, plante bisannuelle, ne développe sa tige et ne fructifie que la seconde année. La première année, elle donne seulement ses feuilles radicales, et, dans cet état, elle se montre rustique; mais le développement de sa tige la rend beaucoup plus sensible au froid, et en outre elle exige pour mûrir ses têtes une température estivale, assez élevée et assez prolongée. Aussi mûrit-elle beaucoup plus tôt dans nos départements du midi que dans ceux du nord. Cette plante aime essentiellement les terres sèches et redoute celles qui sont naturellement humides. Bien que plusieurs agronomes conseillent de la cultiver dans les meilleures terres, M. de Gasparin assure, comme un résultat de l'expérience, que les sols légers, profonds et peu fertiles sont ceux où elle réussit le mieux et où elle donne les meilleurs produits. Il est certain que la rigidité des paillettes crochues qui hérissent ses tètes étant la condition essentielle de la bonté de ses produits, et une végétation très vigoureuse donnant à ces têtes des dimensions plus fortes et en même temps plus de mollesse, une trop grande fertilité du sol doit devenir plutôt nuisible qu'utile dans cette culture. La Cardère se sème en lignes, peu profondément, soit au printemps, et sur blé, soit, et plus avantageusement en automne et seule. En Provence on la sème toujours au printemps, seule, sur des terres labourées pendant l'hiver. On donne un premier binage immédiatement après la germination, et un second lorsque les plantes ont pris un peu de force. On éclaircit pour favoriser le développement. Vers la fin de l’été on remplit les places vides en y repiquant, du plant dont cette opération favorise notablement l'accroissement. Enfin on butte les plantes avant les gelées. La seconde année, lorsque la tige monte, on en pince l'extrémité dans le double but de supprimer la tête centrale qui est généralement trop grosse, trop bien nourrie, et de favoriser la production de rameaux latéraux, par conséquent de nouvelles têtes. Quelquefois on supprime également les trois ou quatre têtes suivantes, trop hâtives
et trop vigoureuses. La récolte se fait quand les têtes prennent une couleur roussâtre. On les coupe avec une serpe, en leur laissant une queue d'environ 15 centimètres, nécessaire pour les fixer aux cadres des cardes. On les fait
sécher soit sur l'aire, si le temps est sec, soit dans des greniers ou sous des hangars ; pour cela on les étend en couches peu épaisses et on les retourne chaque jour avec précaution pour ne pas briser leurs paillettes crochues. Après deux ou trois jours de dessiccation, on en fait des tas arrondis dans lesquels les queues sont placées en dedans, et qui se présentent par conséquent hérissées de tous côtés de pointes recourbées. Extraits de Encycl. du XIX° siècle, suppl. p. 177-178.
1-Cadre (feuillard) 2-Cloison (feuillard) 3-Support poignée (feuillard) 4-Poignée (bois) 5-Vis à bois (acier) |
6- Tête de chardon 7- Tube (carton) 8- Axe (acier) 9- Rivet (acier doux) 10- Clip (acier à ressort) |