geo.cybercantal.net sommaire La Piste Verte et ses abords 2 - Région de Largnac / Ydes
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La Piste Verte à Proximité de Largnac et Ydes

Géographie.

La basse vallée de la moyenne Sumène offre à l’observateur un paysage d’origine glaciaire typique : il s’agit d’une ancienne vallée glaciaire au profil transversal caractéristique débutant approximativement au niveau du lieu-dit la Leyterie (400 m après les quatre routes de Saignes) se continuant par Fanostre puis, après un coude prononcé vers le sud, jusqu’aux Plaines et à Largnac sur la route de Mauriac. Ce vallon ne draine maintenant qu’un maigre ruisseau ; il est emprunté par la piste verte. Ainsi les promeneurs ne se doutent probablement pas qu’il y a 15 à 20 000 ans une hauteur de glace minimale de 150 m recouvrait ce couloir (hauteur déterminée compte tenu de la présence de témoins glaciaires sur la dorsale qui porte les villages de La Garde, Montassou, Le Fayet). En supplément au modelé de ce vallon, des dépôts morainiques restent encore visibles en deux endroits : a ) en partant de Ydes-Centre, sur la route de Champagnac avant l’embranchement sur la gauche de la route conduisant au Bois de Lempre ; b) dans le village de Largnac sur le bord de l’ancienne route nationale et de la nouvelle route, parallèle à la précédente, à proximité des croisements avec la route de Ydes-Bourg (D36).

Entrée dans la vallée sèche de Fanostre. Les masses de glaces venant de l’ouest occupaient la plaine de Vic, de Ydes-Bourg jusqu’à Violle et Largnac. Elles recouvraient même les sommets proches de Lagarde, Montassou, Le Fayet. Ces masses de glace venant de Fleurac, recherchaient un déversoir qui s’est constitué à partir de la Leyterie pour suivre un chemin qui était, récemment, emprunté par la voie ferrée et qui actuellement constitue la piste verte. Le volcan de Prodelles visible à l’horizon, figure la limite ouest du sillon houiller.

Arrivée de la Sumène venant de l’ombilic de Ydes-Bourg pour rejoindre l’ancienne vallée glaciaire de Ydes-Centre au niveau de Largnac. La rivière a forcé un passage difficile constitué d’une crête d’orthogneiss à deux micas.


Restes de moraines à proximité de Largnac, mis à jour par le tracé de la nouvelle route de Mauriac, à quelques dizaines de mètres de l’embranchement vers l’est de la route (D36) conduisant à Ydes-Bourg.

Quelques mots sur Largnac, (d’après Trin et Vigouroux, 1966)

Largnac a pris un certain développement le long de la route nationale 122, d’abord au cours de la construction de la voie ferrée Eygurande-Largnac, puis en raison du développement industriel de l’Hôpital.
Largnac est dominé à l’ouest par un puissant dyke basaltique (680 m) qui porte le nom de puy de Largnac ou Bois de Fousty. On accède, non sans difficulté, à son sommet par le chemin des Routisses. Dans sa partie inférieure, la Fontaine de Sainte-Radegonde est tout ce qu’il reste d’un petit prieuré dont nous ignorons l’origine mais dont les modiques baux à ferme qui nous sont parvenus comportaient une redevance en saumons de la Sumène. Le bois de Fousty a été, dès le XVII° siècle, l’objet d’importantes exploitations forestières en vue d’approvisionner Bergerac et le Bordelais en bois de tonnellerie par flottage de merrains,dont la mise à l’eau se faisait au port de Chenuscles sur la Dordogne.
A la base du puy de Largnac, on peut remarquer un banc de calcaire oligocène qui se prolonge vers le sud et a été exploité pour la fabrication de la chaux au Montel et à Doubrègue. L’exploitation a pris fin en 1740 à la suite d’une rixe tragique entre les habitants de Sauvat et les chauffourniers qui mettaient à mal les bois des paysans 

Quelques mots sur l’Hôpital (Ydes-Centre). 

«Ydes, autrefois Hisdes ou Isdes… Tout jusqu’à son nom à consonnance latine évoque les souvenirs d’un passé vieux de plus de deux lille ans:nom bizarre en effet, qui contraste singulièrement avec la plupart des autres dénominations voisines, dont les finales en ac abondent dans cette partie de la Haute-Auvergne comme du reste dans presque toute la Gaule celtique entre la Loire et la Garonne. Pour ces dernières, il est généralement admis qu’elles sont le fait de personnages romains qui ont transmis aux lieux de leursrésidences leurs noms en y ajoutant la syllabe ac, synonyme de demeure ou habitation: c’est ainsi que Florac dérive de Flori-ac demeure de Florus et plus tard Flour; Sauvat ou Sauvac de Salvi-ac, demeure de Salvus et plus tard Salvy; Champagnac de Campani-ac demeure de Campanus ou plutôt peut-être: Campanus plateau, ac habitation donnant plateau habité. J’ai choisi à dessein ces exemples autour d’Ydes, afin de faire ressortir davantage l’originalité de ce nom qui est type unique dans le Cantal et reste absolument isolé au milieu de ses congénères en ac.»

«Après quelques hésitations, je me suis demandé s’il ne serait pas plus rationnel de rattacher purement et simplement Ydes au mot latin Idus que de le faire venir de Hydr… ou Hydro… Il aurait de la sorte la même racine que les Ides qui constituaient avec les Nones et les Calendes les bases du calendrier des anciens Romains. Suivant Macrobe, le mot latin Idus ne serait qu’une variante de l’Etrusque iduare et signifierait diviser, partager. Cette signification s’accorderait assez bien avec la situation topographique d’Ydes qui se trouve en quelque sorte à cheval sur la limite de l’ancien pays des Arvernes et de celui des Lémovices dont la Dordogne était la ligne séparative.»

«D’un autre côté, il est bon d’observer que Ide ou Idle signifiait Idole en vieux français…»

(in Louis de Ribier, thèse Paris 1901: «Ydes, son histoire, ses eaux: Essai sur leur action dans le traitement de l’obésité»).

Plus récemment De Ribier du Chatelet précise que l’Hopital (actuellement Ydes-Centre) village de la commune d’Ydes, est situé sur la route impériale n°122. «On croit qu’il a existé là une léproserie qui devint par la suite une annexe de la commanderie d’Ydes (actuellement Ydes-Bourg). A cause de sa situation géographique sur le trajet Clermont-Aurillac, du développement économique lié à la mine, ce hameau s’est fortement développé pour devenir le chef-lieu communal.

Quelques repères historiques

1531: Le Seigneur de Miremont reçoit les lods (ou redevances) d’une terre appelée «La Charboneiras» située à Vendes.

1868: Fondation de la Société anonyme des Houillères

1874: Premières construction des maisons ouvrières

1882: Ouverture de la ligne de chemin de fer Eygurande-Bort

1888: Formation de la Société Rougier-Pochat et Compagnie

1946: Nationalisation et rattachement aux Houillères du Bassin d’Auvergne

1953: Fermeture de la mine de Vendes

1959: Fermeture de la mine deChampagnac

1970: Sous l’impulsion de Bernard Ceyrac, maire, l’Hopital-Ydes devient Ydes.

(cf André Avrard, 2005: La mine c’était hier…)

Le sillon houiller observé sur la route de Mauriac (proximité d’une propriété privée, demander l’autorisation). Différentes couches de sédiment carbonifère sont parfaitement visibles avec une inclinaison (pendage) importante. Ces couches successives de nature variée présentent des résistances différentes aux agents de l’érosion. 1: roche hétérogène formant une brèche: blocs anguleux dispersés dans une ciment de grés; champ horizontal: 80 cm. 2: sédiments fins se débitant en plaquettes de petite taille; champ horizontal: 60 cm. 3 et 4: contact entre 2 couches de résistance différente. 3: champ étroit, 4: champ élargi. En 3, la couche résistante de 30 cm d’épaisseur est une arkose, elle recouvre une couche de sédiment plus fin, partiellement détruite.

Le Bassin Houiller

A l’époque du Carbonifère supérieur (300 MA), les bassins houillers apparaissent. Dans notre région qui était émergée, se forment des dépressions : conséquence de mouvements tectoniques, de plissements locaux, des rejeux de grands accidents antérieurs (faille du Sillon houiller). Dans ces bassins limniques (d’eau douce) -par opposition à paraliques- s’accumulent des sédiments détritiques : conglomérats, schistes et grés riches en matières organiques. Pendant certains épisodes calmes, les apports sont constitués par les végétaux de l’époque : essentiellement des fougères arborescentes qui sont connues par leurs empreintes. Ultérieurement les bords des dépressions sont pincés par compression transversale au sillon et les couches charbonneuses sérieusement bouleversées.

Les nombreux bassins houillers du Massif Central (environ 60) paraissent dispersés sans ordre ; en fait ils sont liés aux grandes structures tectoniques déjà existantes lors de leur formation durant le Stéphanien. Le matériel sédimentaire accumulé dans chacun des bassins a été emprunté aux abords immédiats. Ce matériel sédimentaire est essentiellement détritique et peut être ainsi classé :
-détritique grossier : brèches, conglomérats, grès ; les roches de départ étaient essentiellement des éléments de roches éruptives et de schistes cristallins,
-détritique fin : grès fins, shales, pélites,
-charbon : détritique très fin d’origine végétale,
-roches argileuses à faciès particuliers.

Le bassin de Champagnac correspond à la section du sillon houiller qui s’étend de Bort à Jaleyrac. Il succède à celui de Messeix-Singles. La zone d’exploitation est située à mi distance des limites extrêmes, lorsque le bassin atteint sa plus grande largeur de 3 km. 

Le sillon houiller a fait le bonheur des géologues en permettant d’apporter des informations de première importance sur un aspect majeur des déformations qui ont affecté les terrains géologiques après leur mise en place. Les accidents dont le jeu horizontal se mesure en dizaines de kilomètres, ont le plus de chance d’intéresser une épaisseur de croûte importante. Le Massif Central, lorsqu’il n’est pas recouvert par les formations volcaniques récentes, laisse apparaître le socle et un décrochement qui l’affecte sur une distance proche de 300 km depuis les environs de Moulins jusqu’aux environs de Decazeville. Cette fracture est marquée par un alignement NNE-SSW de bassins carbonifères discontinus qui matérialisent le tracé de cette fracture. De plus, si cette fracture a joué verticalement, elle a aussi entraîné un déplacement horizontal des deux compartiments : on parle alors de coulissement. Grolier et Letourneur (1968) ont montré la réalité de ces déplacements horizontaux et la direction respective du mouvement des compartiments. En outre, la continuité du sillon houiller dans la traversée entière du Massif Central suggère qu’il se poursuit à la fois au N et au S sous les sédiments du Bassin Parisien et du Bassin Aquitain. 



Carte géologique du sillon houiller ; région située entre Ydes et Vendes, d’après J. Jung 1946 : Géologie de l’Auvergne et de ses confins bourbonnais et limousins, et J. Letourneur 1953 : le grand Sillon Houiller du Plateau Central français. BSCGF n°238, t. 51. Le sillon houiller  constitue un accident de grande dimension, d’orientation NNE-SSW, à l’ouest du Massif Central, s’étendant de Moulins-Noyant à Décazeville; cette dépression limnique, occupée par de l’eau douce, a été comblée par des dépôts variés dont le charbon, puis comprimée par des mouvements ultérieurs qui ont rapproché les deux flancs du Sillon.



Les empreintes de végétaux de l’époque carbonifère. Echantillons photographiés lors de l’exposition Géomania 2004, Mairie de Saint-Etienne de Chomeil, à l’initiative de Mr Champreux. 1 : fougère du genre Pecopteris, Champagnac ; 2 : fragment d’écorce de Lepidodendron ; 3 : fragment d’écorce de Calamites ; 4 : fougère non déterminée (Ecole des Mines d’Alès) ; 5 : fougère non déterminée (Ecole des mines d’Alès)



Petit dictionnaire :

Ptéridophytes : plante formée de racines, tige et feuilles mais se reproduisant au moyen de spores, donc sans fleurs ni graines. Aussi appelées Cryptogames vasculaires. Groupes principaux: Psilophytales, Lycopodiales, Equisétales, Filicales.

Calamites : arbre du groupe des Equisétales, qui rappelle par son tronc costulé, la tige des prêles actuelles. Les prêles sont les derniers représentants des Equisétales. Nom latin de la prèle : equisetum

Sigillaria : arbre fossile du groupe des Lycopodiales (Ptéridophytes) (h=20 m) caractérisé par une écorce montrant des cicatrices foliaires hexagonales. Les racines sont connues sous le nom de Stigmaria.

Lepidodendron : arbre fossile du groupe des Lycopodiales (Ptéridophytes) (h=30 m) caractérisé par une écorce montrant des cicatrices foliaires en losanges.

Alethopteris... Pecopteris... Neuropteris... Linopteris... Odontopteris... :Fougères véritables (se reproduisant par spores) ou fougères à graines (ptéridospermées) ? C’est difficile à dire à partir d’un petit échantillon de fronde et d’un nombre limité de pinnules. Chez les Fougères, les feuilles sont désignées par le terme de « fronde » et les folioles par celui de « pinnules ». Les différents genres sont distingués par la forme des pinnules, leur application sur le rachis, la présence ou l’absence d’une nervure médiane.... 




Les bordures du bassin houiller. Côté est : secteur de Montassou-La Garde : le conglomérat bréchique observé à proximité de la Pierre de Justice et des villages de Montassou et Lagarde. L’aspect anguleux, quelques fois arrondi, des blocs est bien visible. Ces éléments sont constitués de micaschistes et de gneiss ; ils représentent le matériel emprunté au substratum voisin et transporté par l’érosion locale ; c’est la traduction de l’érosion des zones périphériques puis du comblement du fond de la dépression.

A proximité de Prodelles. Village de Lempret. Récolte d’empreintes de fougères du Stéphanien (300 millions d’années).

Sous le viaduc de Vendes : lits charbonneux alternant avec des passages d’arkose ou de grés, les uns et les autres redressés à la verticale. Le tout est recouvert par des dépôts fluvioglaciaires approximativement horizontaux. 

Le sillon houiller à proximité de la Route de Mauriac (proximité d’une propriété privée) demander l’autorisation. Différentes couches de sédiment carbonifère sont parfaitement visibles avec une inclinaison importante : le pendage.


Bassin de la Sumène et direction du sud-ouest, et vue de la gare de Saignes, vers 1950. Collection Avrard à Ydes.

Ydes-Centre vers 1950, lorsque l’exploitation de charbon fonctionnait. Collection Avrard à Ydes

Excursion à proximité de La Pierre de Justice : côté est du sillon houiller.


C’est à la fois un site glaciaire (15000 ans) et un site géologique du carbonifère (300 MA) mais aussi l’illustration parfaite d’un phénomène naturel assimilé à une œuvre humaine.

Cette pierre est située à proximité de Ydes-Centre, à égale distance de ce bourg et de la gare de Saignes. Pour atteindre le site, quitter Ydes-Bourg par la D 36 sur une courte distance, et à la sortie de ce même village prendre à droite (direction Nord) par la D136. S’arrêter sous le village de Lagarde. Pénétrer dans la prairie en direction de la chaîne du Sancy visible à l’horizon. L’accès à pied est aussi possible à partir du village de Montassou. Carte géologique de Mauriac : partie droite supérieure. Altitude 520m.

Ce n’est pas un monolithe mais un ensemble de plusieurs blocs occupant une surface au sol de 180 cm sur 320 cm. Deux pierres principales attirent l’attention; la première est couchée sur la prairie. Elle est de forme allongée avec plusieurs dépressions pouvant faire penser à une empreinte d’homme; en particulier les emplacements d’une tête, d’un bras, peuvent être reconnus. Longueur totale de la gouttière : 150 cm. La seconde pierre est plutôt aplatie ; cet aplatissement est très irrégulier : l’épaisseur maximale atteint 60 cm pour la partie aérienne et seulement une dizaine de cm pour la partie basale, mais cette partie est partiellement enterrée. Elle est disposée obliquement et ne présente pas de structure particulière, à part son contour tourmenté. Deux blocs secondaires (40 et 50 cm dans leur plus grande dimension) ont une forme clairement émoussée, calent la précédente sur son côté orienté au sud-ouest (N225). Leur forme rappelle des blocs roulés. Des coupes fraîches réalisées sur les deux blocs principaux et les blocs secondaires permettent de reconnaître la même nature de roche : un basalte assez fragile, altéré en surface, avec des cristaux blancs, allongés de feldspath. 

L’abondance des glaces dans cette partie basse des bassins Dordogne-Rhue-Sumène jointe à la mauvaise circulation vers l’ouest a obligé le glacier à dévier vers le sud en direction de Ydes-Bourg. Au moment du dernier maximum glaciaire, les emplacements des villages de Montassou, Fanostres, La Garde étaient recouverts de glace qui charriait un matériel important. L’épaisseur de ces glaces atteignait un minimum de 150m. Lors du retrait glaciaire, des blocs épars se sont déposés. Dans le secteur de Montassou, les blocs erratiques visibles ne sont pas nombreux; mais quelques blocs ont été mis à jour dans la même prairie à l’est de la Pierre de Justice; en particulier un bloc de basalte nettement arrondi. Ce basalte bleu très dur est d’origine allochtone (étrangère). 

Pour plus de détails : adresse du chapitre : La Pierre de Justice

Il n’est pas possible de décrire le site de la Pierre de la Justice sans évoquer les récits et légendes qui circulent à son sujet. Nous donnons ici un bref extrait d’un conte écrit par Sylviane Blomme-Pille et intitulé « La légende de la Pierre de la Justice ».

Nous sommes en l’an de grâce 1281, en vertu d’un traité passé avec Bertrand III sire de La Tour d’Auvergne, lui, Géraud de Sauzet, commandeur du temple a droit de justice dans le bourg d’Ydes et sur ses autres possessions, notamment ce lieu dit de « l’hospital » où une léproserie s’est installée longeant la route impériale 122….Cette route draine toutes sortes de voyageurs et si Géraud de Sauzet est perplexe en ce jour c’est qu’une étrange voyageuse a trouvé refuge en la léproserie ; il paraîtrait qu’elle se nomme Dame Clotilde, épouse du seigneur de Fousty…

Le cadre étant posé, allons directement aux dernières lignes du conte.

Alors avec une forte clameur sauvage, des dizaines de bras firent basculer la pierre. Comme après les catastrophes, il y eut un grand silence ; chacun mesurait l’horreur de ce qui venait de s’accomplir, mais tous l’avaient fait en pleine conscience avec le même sentiment du bon droit. Puis quelqu’un dit « Dorénavant cette pierre sera celle de la justice » et cette parole fut d’or, car sept siècles plus tard elle se nomme encore ainsi. En souvenir du bon roi Louis XI qui rendait la justice sous un chêne on en planta deux à la tête de la pierre pour que l’ombre de la justice plane sur ces lieux chaque jour où le soleil brille… Ainsi se termine la légende de la pierre de la justice.


Pour se procurer le texte de ce conte, contacter 

Madame Sylviane Blomme-Pille
11 Rue de la Maisonneuve
44350 Guérande

Email Sylviane Blomme-Pille

1 et 2 : les différents fragments constituant la Pierre de la Justice. Le fragment creux recevait le supplicié sur lequel on rabattait le bloc le plus plat. Remarquer sur la photographie 2 la disparition des deux chênes dont on parle dans le conte. Il faut se consoler en remarquant qu’ils étaient relativement jeunes, entre 20 et 25 ans. En fait, ces blocs de pierre sont des témoins du transport glaciaire. 3 et 4 : l’action glaciaire est confirmée par la présence des blocs de basalte partiellement ennoyés et l’aspect adouci du relief des alentours qui rappelle les Ballons vosgiens (ici village de La Garde dominant le site de la Pierre de la Justice). La présence de témoins glaciaires sur ces sommets permet d’imaginer la hauteur de glace qui devait occuper les vallées proches. (Photographies de janvier 2006).

La construction des maisons : utilisation du granite et de l’arkose.

A proximité de la pierre de la justice, on peut visiter le petit village de Montassou. Une grange-étable retient notre attention par sa couleur et sa construction. L’appareillage se distingue de celui généralement observé dans la vallée de la Sumène, par la régularité des éléments. Les blocs de pierres sont bien taillés et d’aspect doré ou ocre. Ces éléments sont constitués d’arkose. Le liant entre les moellons était peu abondant ; depuis la construction, ce liant a disparu et chaque bloc a été fortement érodé aux angles ce qui donne à chacun un aspect arrondi. La toiture a été transformée ; elle était autrefois recouverte de chaume. Le seul pignon visible a conservé ses redans protégés par de grosses lauzes disposées en escalier. Ce type de pignon en escalier fait office de coupe vent. Le vent d’hiver ennemi des couvertures de chaume (la cluchado) se trouvait divisé en filets de courants qui reprenaient leur homogénéité plus loin, en aval du toit. Le décalage actuel entre le sommet du pignon et le niveau des ardoises correspond à l’épaisseur du chaume. Le sommet du pignon est surmonté d’une croix. Trois ouvertures ventilent la grange tandis qu’au niveau de l’étable deux baies encadrent la porte d’entrée. Cette dernière est surmontée d’un linteau droit, en une seule pièce (monolithe) et protégée par un arc de décharge. Remarquer sur le mur gouttereau une ouverture caractéristique à l’opposé de l’entrée de la grange aménagée pour provoquer des courants d’air lors du vannage des céréales. Cette ouverture dépasse la limite supérieure du mur ce qui a obligé à un rehaussement du toit limité par deux joues latérales et verticales. Autre point important : la porte n’est pas dans l’axe du pignon mais déportée vers la droite. Ce caractère s’explique par une épaisseur plus grande du mur de gauche qui renferme un escalier droit en pierre, la montade, parallèle au mur gouttereau. Au niveau de la grange les murs droit et gauche reprennent une même épaisseur, d’où une étroitesse marquée de l’étable par rapport à la grange. 

1 : Vue générale de la grange étable. 2 : Elévation sud montrant la porte de l’étable décalée par rapport à l’axe de ce pignon. 3 : Détail de l’appareillage formé d’éléments réguliers facilement taillés, mais de dimensions variables. 4 : Macrophoto montrant une majorité de grains de quartz hétérogènes par leur taille ; dimension du cliché en largeur : 12 cm. Cette roche représente le résultat d’une destruction du granite dont les éléments (quartz, feldspath, micas) se sont séparés. Le quartz, plus résistant, s’est accumulé et les grains se sont accolés par l’action d’une faible quantité d’argile mais restent reconnaissables. Ce liant permet actuellement la fixation d’un lichen jaune cernant parfaitement ces grains. Cette roche est une arkose. Une grange-étable très semblable à celle-ci, au village de Prodelles, est datée de 1697.

Excursion à proximité du Volcan de Prodelles  (côté est du sillon houiller)

La région du Sillon Houiller correspond à la rencontre de deux provinces magmatologiques : la première, et la plus importante, correspond au strato-volcan du Cantal qui arrive ici à ses limites nord-ouest : elle est représentée par la planèze de Mauriac; la seconde s’épanouit de part et d’autre du Sillon Houiller en petits volcans dispersés : tels le puy de Prodelles et le puy de Charlus situés sur la faille bordière occidentale, ou le Puy de Frousty à l’intérieur du sillon et constitué presque exclusivement de sédiments houillers, les basaltes n’apparaissant qu’au sommet sous la forme de deux necks. En théorie ces deux provinces se différencient par la chimie des laves : basalte potassique à leucite du Sillon Houiller et basalte sodique de la province cantalienne. En fait de nombreux exemples indiquent une interpénétration de ces deux provinces ; le cas le plus typique étant celui du Rocher de Chastel-Marlhac où coexistent les deux types de laves.

Revenons au Puy de Prodelles dont on peut s’approcher aisément. Il se présente sous la forme d’un cône très fortement incisé par une exploitation, ce qui permet (en 2006) d’observer une coupe verticale de grande ampleur. Il a conservé un croissant de pyroclastiques essentiellement faites de blocs de basalte scoriacé de différentes dimensions. Ces pyroclastiques se différencient selon leur niveau : à la base elles prennent les caractères des palagonites (laves solidifiées en milieu liquide, relativement claires, tirant sur le jaune), au sommet elles sont plus sombres et le caractère palagonitique disparaît. A ce matériel de base provenant de la chambre magmatique, sont mêlés des débris hétérogènes : granite, dépôts houillers, sable miocène ; leur origine n’est pas nécessairement profonde. Ce matériel a été entraîné par la « déferlante basale » qui accompagne toute éruption se produisant en milieu liquide. La morphologie typique de « maar » avec un croissant de palagonites n’est pas ici caractéristique. Ces palagonites signalées sur le flanc sud-sud-est, sont maintenant réduites du fait de l’exploitation. Cette dernière a cependant l’avantage de montrer une coupe verticale proche de l’axe de la cheminée indiquant une phase strombolienne avec fortes projections.

Différents aspects du volcan de Prodelles. Ce volcan occupe une position spéciale : il est situé sur la limite occidentale du Sillon Houiller. Il ferme au couchant la dépression de la Sumène ; il se repère aisément par sa balafre de grande taille. De même, du côté oriental, la Sumène est limitée par deux autres volcans : le puy d’Augoules (trachyte) de forme pyramidale et le rocher d’Urlande (phonolite) limité sur sa face sud par une falaise impressionnante. 

Impact humain de l’industrie.

Le premier exemple est emprunté à E. Martres 1954 dans son ouvrage « Le bassin de Saignes-Champagnac ». In Revue de la Haute Auvergne. T 34, 1954. p.1-14 « La main d’œuvre et la vie du Bassin ». En 1954, l’exploitation de Champagnac compte 570 ouvriers (dont 390 de fond et 180 de surface) et 50 employés. Sur le nombre total, les français sont plus de 480 puis viennent les polonais (40), les espagnols (13), les italiens (10), les nord-africains (8). Cette main-d’œuvre est jeune. Sur 590 cas examinés, on compte :

90 ouvriers ayant de 15 à 20 ans, 300 de 20 à 40 ans et 200 de plus de 40 ans.

Les mineurs sont concentrés essentiellement sur les communes d’Ydes et de Champagnac. Ils occupent 200 logements réservés à l’Hôpital [Ydes Centre] et surtout au village de Bois-de-Lempre, agglomération constituée des familles de mineurs. Ces habitations dont la construction s’est échelonnée dans le temps sont de tous les types, du genre caserne à la maison individuelle plus ou moins accueillante. Les mines de Vendes aujourd’hui fermées [1954] ont également construit vers 1910 une cité de corons de bon aspect dans un site agréable, à mi-pente pour éviter les inconvénients climatiques du bas-fond. Néanmoins, une partie du personnel de la mine de Champagnac se disperse dans les villages environnants : immédiatement environnants comme Largnac et Bassignac, ou éloignés de 8 à 10 kilomètres : Vendes, Verrières, Madic, Vebret. Mais des bourgs voisins comme Saignes, Sauvat, Ydes [Ydes-Bourg], sont paisibles et tout imprégnés de vie rurale au milieu des prairies où paissent les troupeaux. Certes, on trouve des fils de terriens devenus mineurs et redevenant paysans, une fois leur « poste » de huit heures achevé. Mais c’est peu fréquent. De même, aux beaux jours, des mineurs s’embauchaient pour la fenaison dans les fermes de la montagne, à cause des hauts salaires saisonniers et revenaient aux travaux industriels l’été fini. Cette pratique a pris fin car l’ouvrier agricole estival risquait de chômer en hiver.

Malgré cette ségrégation relative entre deux mondes bien différents, toute la vie de ce secteur est animée et enrichie par le bassin houiller. Si on considère que la ville de Bort-les-Orgues, et si on étend la région jusqu’à y inclure les anciens chantiers de l’Aigle, Marèges et Bort [barrages sur la Dordogne], on conviendra que pendant une quinzaine d’années (1938-1953), ce groupe mi-corrézien, mi-cantalien, a connu une animation inespérée pour ce coin du Massif Central. C’était alors près de 15000 personnes qui se groupaient de Bort à Jaleyrac. Cette fièvre aujourd’hui est tombée mais la région garde toujours le caractère particulier aux centres industriels, qui tranche avec la lenteur paisible des campagnes cantaliennes. Ce contraste se marque à des nuances, à des sensations : une population plus pressée, des bruits d’usine, un terril se dressant comme un cône volcanique, une intense circulation de camions, une suite de constructions pour tous usages qui a écarté le paysage rural. Tous ces aspects ne font que traduire l’enseignement des chiffres : la moyenne des enfants par ménage s’établit à 2,9 dans le bassin minier contre 2,6 dans le groupe rural. Des 23 cantons du département c’est celui de Saignes qui a la plus forte densité de population : 60 habitants par km2 contre 33 pour l’ensemble du département avec deux communes qui dépassent 2000 habitants : Ydes et Champagnac ».

Construction de l’époque industrielle. Au Bois de Lempre, le puits Madeleine a été transformé en maison d’habitation (propriété privée). Ce nom correspond au prénom de la fille aînée du directeur Mr Pochat. Le chevalement, à l’aplomb d’un puits de 435 m, se trouvait immédiatement à gauche de la photographie. Le pignon porte encore les initiales CHC : Compagnie des Houillères de Champagnac.

Habitation de l’époque industrielle. Bois de Lempre, ancienne cité Pochat. Les maisons analogues à celle-ci ont été construites dans les années 1880. Elles étaient prévues pour une seule famille.

Le second exemple concerne la construction des barrages sur la Dordogne, ici le barrage de Marèges dont les premiers travaux ont commencé en 1928 et la mise en eau en juin 1935. Entretien accordé à Pierre Floirat  par M. Valade maire de Liginiac en 1989. In: La Dordogne, La rivière asservie - Les grands barrages. 

« L’annonce de la construction prochaine d’un barrage n’a causé aucun trouble. Ce projet n’a pas été mal vu dans la région parce qu’il ne dérangeait pour ainsi dire personne. Les fonds n’étaient pas habités, comme, c’était le cas plus bas à l’Aigle ou plus haut à Bort. Et même, je l’ai déjà dit, la vallée était inaccessible et rares étaient ceux qui la fréquentaient. Il n’y avait pas de routes, pas de ponts, pas même de sentier pour descendre les flancs de la gorge. On exploitait très peu de bois pour le charbon de bois faute de chemins d’accès. De toute façon, il y avait longtemps qu’on ne faisait plus de flottage. Quand le PO a acheté leurs terrains improductifs, les gens ont touché quelques sous et ils étaient bien contents; nous, les enfants ça nous a marqués. On n’a pas été impressionnés, on n’a pas eu peur du barrage, mais je me rappelle qu’à l’école on parlait des ouvriers qui étaient avec de l’argent ; des sommes considérables qu’on n’avait pas l’habitude de gagner ici, où les paysans donnaient de temps à autre quelques journées à faire, misérablement rétribuées. L’entreprise a embauché tous les gens du pays pour les gros travaux : les terrassements, les routes. Il y a eu plusieurs milliers d’ouvriers sur le chantier et la plupart s’étaient installés à La Mole et, avec les familles, un hameau de quelques habitants est devenu d’un coup une sorte de ville champignon du far-west où cinq mille personnes ont vécu pendant plus de deux ans. Nous autres, gens du pays, nous avons profité de l’activité nouvelle. Des maisons se sont transformées en cantines ou en bazar. Nous avons vendu nos produits. L’argent s’est mis à circuler, nous avons réparé et modernisé nos habitations  y avait plus de quatre vingt restaurants : polonais, italiens, portugais, espagnols, maghrébins, serbes et autres ; car toutes ces nationalités étaient représentées sur le chantier.  Il y avait des dancings et même une maison close, et bien sûr les écoles nécessaires et la gendarmerie. On a construit de belles maisons entourées de jardins pour les ingénieurs, un quartier de maisonnettes confortables au-dessous du poste de transformation mais aussi tout un quartier de baraquements, le long du ruisseau, principalement pour les cantines et pour loger les célibataires. L’aspect du pays avait totalement changé et le genre de vie aussi ; mais en général l’entente a été bonne. Tout cet afflux a brassé la population. Des filles étrangères se sont mariées aux gars du pays et des nouveaux venus ont épousé des filles des environs. Des familles sont restées après les travaux et aujourd’hui leurs enfants, qui portent des noms polonais, serbes ou autres parlent avec l’accent d’ici et nul ne fait la différence ».


Références

Floirat, P. 1991 : La Dordogne, La rivière asservie - Les grands barrages. Edition « Les Monédières » p.114-116. 1991.

Martres, E. 1954.  Le bassin de Saignes-Champagnac ». In Revue de la Haute Auvergne. T 34 : p 1-14.

Trin, A. et C. Vigouroux. 1966. Saignes et ses environs. Col. Le Tourisme en Auvergne N° 48 ; Ed. De Bussac, Clermont-Ferrand.

Mr André Avrard a accumulé une importante documentation sur l’histoire de la mine de Champagnac; il a préparé un fascicule de 55 pages intitulé «La mine c’était hier… à nos mineurs les gueules noires» rédigé à l’occasion de l’inauguration du «mémorial de la mine» ; impression 2005; disponible à la Médiathèque de Ydes-Centre.