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DENIS CHEVALLIER, 2000
Le patrimoine rural, projet de société. Editions Autrement, Revues Mutations 224 p 19 Euros.


Cet ouvrage a été dirigé par Denis CHEVALLIER avec la collaboration de Jean MOULIAS, Yves MICHELIN, Jean VIARD, Bertrand HERVIEU, Philippe MARCHENAY, Sylvie GAUCHET, Geneviève DELBOS, Françoise DUBOST,  Laurence BERARD, François CALAME, Isaac CHIVA, Denis CHEVALLIER.

L’espace rural n’est pas un conservatoire de pratiques paysannes inéluctablement condamnées par le progrès, ni une simple aire de détente vouée à la fréquentation épisodique d’urbains en mal de nature. Il apparaît comme un creuset où s’inventent de nouveaux modes de produire et de consommer, une nouvelle sociabilité, et dans ces nouvelles définitions le patrimoine joue un rôle essentiel. Le patrimoine dont il est question dans cet ouvrage est l’objet d’une production permanente de toutes les strates de la société : paysans et chasseurs, écologistes et touristes, aménageurs et développeurs, élus et enseignants, résidents permanents et secondaires. Le patrimoine rural, c’est donc tout à la fois des éléments de paysage et les pratiques qui les ont élaborés, des produits de terroir et leurs recettes de fabrication, des architectures et des savoir-faire dont il faut assurer la transmission. Avec ses déviations, ses abus parfois, la production, voire l’invention du patrimoine rural, apparaît bien comme un ressort essentiel de la construction des campagnes d’aujourd’hui.


Sommaire

Avant-propos : Jean Moulias

« L'invention du patrimoine rural » Denis Chevallier, Isac Chiva et Françoise Dubost Réhabiliter des pratiques d'élevage, une architecture, des fêtes rurales oubliées ou des races rustiques en voie de disparition n'équivaut pas à conserver des reliques du passé. Il s'agit bien davantage d'intégrer des objets vivants indissociables des activités des hommes qui vivent dans les campagnes aux nouvelles donnes d'une économie à l'échelle d'une Europe des régions. Car la qualité majeure du patrimoine rural est bien là : être un espace multidimensionnel apte à produire et donner à voir la diversité.

« Tendre des passerelles » Portrait d'André Pitte, éditeur et créateur d'événements culturels à Die.

« La campagne et l'archipel paysan » Bertrand Hervieu et Jean Viard Si l'on peut parler de la « fin des paysans », cela n'exclut pas le maintien d'une minorité de ruraux fiers de leur culture. La France des 680 000 fermes, avec sa sociabilité, son attachement et sa fidélité aux institutions, se présente comme un archipel. Cet archipel paysan restera bien sûr un acteur important de la société et surtout des territoires les moins peuplés.

« Optimiste, réaliste, non conformiste, non fataliste » Portrait de Christian Gros, maire du Planay-en-Vanoise.

« Dans les coulisses du patrimoine » Geneviève Delbos Dans nos sociétés aux prises avec des mutations accélérées et qui s'inquiètent de continuité historique et de long terme, la notion de patrimoine fait florès. Est-ce un hasard si elle a trouvé un champ privilégié d'application à propos des choses de la nature en général et de la campagne en particulier, accompagnant dans notre pays la revalorisation d'espaces, d'activités ou de produits liés au « terroir » ? Ainsi en est-il allé, exemple parmi d'autres, des marais salants de Guérande, de leurs paludiers, de leur sel. Que se joue-t-il là, à propos de nos terroirs, et comment cela se joue-t-il ? Que se passe-t-il exactement dans les coulisses de ces représentations patrimoniales ? L'exemple choisi en donne quelques aperçus.

« Réinventer une culture » Portrait de Jean-François Mortier, agriculteur à Méharicourt dans le Santerre.

« Gérer le paysage : joindre le geste à la parole » Yves Michelin et Sylvie Gauchet La notion de paysage ne concerne plus seulement les sites grandioses ou pittoresques. En s'appliquant à des territoires ordinaires, elle confère à l'espace quotidien une valeur dans laquelle les sociétés locales se reconnaissent. L'espace que nous habiterons demain présentera alors de nouveaux paysages, différents de ceux d'aujourd'hui, mais qui intégreront les héritages du passé tout en s'adaptant à de nouveaux usages. N'est-ce pas la meilleure façon de gérer collectivement ce patrimoine ?

« Quand le conservateur se fait animateur » Portrait de Pascal Mignerey, architecte des Bâtiments de France dans le département de la Haute-Saône.

« Terre sur bois, rien ne bouge » François Calame L'architecture rurale appartient-elle toujours aux ruraux ? Techniquement le plus souvent, symboliquement et emblématiquement, de moins en moins. Un peu partout, des militants prennent la défense d'une architecture « traditionnelle ». Mais cela se fait au prix de profondes mutations tant dans les usages que dans les techniques.

« Créer le patrimoine de demain » Portrait de Marc Forestier, directeur d'un parc naturel régional.

« Le vivant, le culturel et le marchand: les produits de terroir » Laurence Bérard et Philippe Marchenay Pourquoi la volaille de Bresse est-elle si réputée hors de son pays d'origine alors que le ramequin du Bugey est inconnu dans la Dombes pourtant proche ? La patrimonialisation des produits de terroir traduit un jeu subtil entre le donné local et les demandes de la société globale. La protection de leur origine géographique conduit à une confrontation difficile entre le culturel et le marchand. Les mécanismes sont d'autant plus complexes que cet objet appartient au domaine instable, éphémère et malléable du vivant.

« Avoir conscience de son patrimoine » Portrait de Denise Menu, professeur d'éducation culturelle.