geo.cybercantal.net sommaire L'Association GRHAVS - CENTRE AVENA à Antignac 7 - Vallée de la Sumène
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7: Vallée de la Sumène

Notes sur les excursions organisées dans le cadre des activités touristiques de la Communauté de Communes Sumène-Artense. Rédaction provisoire de Michel Bhaud (octobre 2006).

Introduction

Parcourir nos campagnes permet de percevoir nettement les bouleversements qui affectent les paysages et les sociétés rurales depuis près d'un demi-siècle. Industrialisation, productivisme, remembrements, élevage hors-sol, plantations de résineux, désertification, ruine de l'habitat et fermeture des écoles rurales, enfrichement et spécialisation : le cadre de vie des ruraux porte les marques multiples de l'accélération de l'histoire. De plus en plus coupé du monde rural, et simple voyageur en transit, le randonneur attend pourtant de son passage à la campagne une certaine stabilité face au changement qui affecte quotidiennement les sociétés urbaines majoritaires. Quitter du monde de la ville c'est partir à la recherche de références, de racines, tenter de retrouver de nouvelles couleurs, de nouvelles odeurs, de nouvelles saveurs et en même temps d'autres rapports sociaux, d'autres relations avec l'environnement... Mais par ce voyage à la campagne, le randonneur est-il certain de retrouver la stabilité souhaitée? En règle générale les paysages ont une histoire et, encore plus vrai, le monde rural aussi a une histoire. En effet c'est bien une instabilité qui apparaîtra dans beaucoup d'aspects de notre marche d'aujourd'hui: les villages désertés, les communes qui modifient leur assiette, qui se créent ou disparaissent, l'organisation agricole avec la croissance en taille des parcelles, et parallèlement la diminution du nombre d'exploitations, l'instabilité dans le paysage, dans le climat... dans l'économie avec variation des cultures... Bref tout se transforme. (cf sur ce thème: Le Village métamorphosé, Plon 2006).


Situation de notre région en limite sud de l'Artense. La dépression de la Sumène dont l'importance n'est pas seulement liée à l'érosion fluviatile ou glaciaire, empêche d'inclure notre région dans ce qu'il est convenu d'appeler l'Artense.

1 - Histoire

Origine des noms des villages -Terminaisons en ac. Question souvent posée. Antignac, Salsignac, Albagnac, Chalvignac, Vinsac, cf Louis de Ribier. Les noms de villages qui portent des finales en ac sont très nombreux dans cette partie de la Haute-Auvergne comme du reste dans presque toute la Gaule celtique entre la Loire et la Garonne. Pour ces terminaisons il est généralement admis qu'elles sont le fait de personnages romains qui ont transmis aux lieux de leurs résidences leurs noms en y ajoutant la syllabe ac, synonyme de demeure ou habitation: c'est ainsi que Florac dérive de Flori-ac demeure de Florus et plus tard Flour; Sauvat ou Sauvac de Salvi-ac, demeure de Salvus et plus tard Salvy; Champagnac de Campani-ac demeure de Campanus ou plutôt peut-être Campus plateau, ac habitation plateau habité; Aurillac: Aureliacum, villa d'Aurelius, Antignac, villa d'Antignacus.

Les édifices religieux. Le chef-lieu de la commune, Antignac, possède trois édifices religieux sur son territoire. Ces trois églises ou chapelles de style roman (au moins en partie) constituent des points forts du patrimoine roman de la région. L’église du bourg, St-Pierre-ès-Liens, serrée entre les maisons, exhibe un clocher à peigne qui reçoit trois cloches non superposées, disposées en deux niveaux. La voûte de la nef en bois (comme aussi pour l’église de Vebret, toute voisine) est décorée de peintures du XVII° siècle (expliquer la pose du lambris à partir de la structure de la ferme avec jambette et aisselier, qui dessine une courbe.

L’église Saint-Robert ou chapelle du Roc Vignonnet, occupe un piton rocheux à l’ouest d’Antignac d’où elle domine le hameau de Vignon. Elle vient d’être restaurée avec la pause d’un toit en lauze qui cherche à reproduire les toits d’autrefois. Les modillons et les chapiteaux ont fait l’objet d’une description précise (Bull. GRHAVS n°52 1992). La construction de ce prieuré remonte au Moyen Age, à l’initiative de l’abbaye de La Chaise-Dieu.


A gauche, Antignac vu du Roc Vignon. Le village est disposé en adret sur le flanc d’un coteau orienté au sud. Sur la droite au premier plan le massif de l'Aguyrou et en arrière plan la roche d'Urlande. La vallée du Soulou se devine nettement entre ces deux massifs. Remarquer l'homogénéité de la couleur des toits du village. A droite, Salsignac vu de Masternat; le village est constitué d'une seule rangée de maisons. Au dessus de Salsignac, le viaduc du chemin de fer franchit un col qui permet de faire communiquer les deux vallées de la Sumène et du Soulou. Selon les anciens auteurs, des traces glaciaires indiqueraient une diffluence (un passage) des glaces de la Sumène vers le Soulou, le secteur aval de cette vallée étant mal alimenté par le haut de la même vallée, il était nécessaire de trouver une explication au profil glaciaire de la partie inférieure.

L’église-chapelle de Salsignac offre l’enclos religieux le plus joli qui soit. «L’église dédiée à N.D. du Bon-Secours, a aussi pour patron le saint martyr Ferréol. C’est un édifice intéressant parce que de transition et daté: en effet, le chœur est roman tandis que le porche et la façade sont gothiques et nous savons qu’elle fut construite par Pierre de Balzac, doyen de Mauriac, de 1469 à 1496, qui a timbré de ses armoiries une clé de voûte et la porte d’une armoire aménagée dans le mur. Les de Fontanges apportèrent dans la suite quelques embellissements à l’édifice et au-dessus de l’arc du chœur une fresque représente des anges rieurs déployant une banderole avec l’inscription: Tout ainsi font anges…Cette église est précédée d’un parvis de deux mètres carrés et d’un cimetière un peu plus grand, les deux éléments bien entretenus: ils comptent parmi les plus petits de France. Minuscule aussi est le clocheton dans lequel se balance une cloche qui dit fièrement en latin qu’elle fut faite en 1657 par les habitants de Salsignac» (d’après Trin et Vigouroux, 1966). Salsignac était sous l’Ancien Régime le chef-lieu d’une petite paroisse (la « parochouna ») qui comprenait avec Salsignac les deux seuls villages de Masternat et du Beix. La Révolution en fit une commune qui eut pour maires Léger Violle puis Joseph Millanges : elle comptait 150 habitants en 1808 et fut unie à Antignac en 1826. L’écrivain régionaliste François-Paul Raynal était de Salsignac par sa mère et la douce atmosphère du village et de la vallée de la Sumène a marqué son œuvre (Trin et Vigouroux, 1966).

Si Antignac s’est agrandie sur Salsignac, elle a perdu en revanche le territoire de La Monselie, paroisse érigée en 1860, commune créée en 1870. L’église qui date de 1854-55 n’a aucun caractère particulier, si ce n’est de constituer un magnifique repère géographique pour tout le bassin de la Sumène. (Pour plus de détails voir le site "http://dom.escourolle.free.fr). Voir dans l'église le vitrail dédié aux marchands de toile, nombreux dans la région.


Maison moderne d'Antignac, liée à une nouvelle profession développée par les marchands de toile qui voyageaient dans diverses régions de France et revenaient pour faire bâtir. Très différente de l'architecture vernaculaire!

Le village de Salsignac garde encore le souvenir d’une terrible épreuve, courant hélas! au temps où les villages cantaliens n’avaient que des toits de chaume: le 14 avril 1904, une machine routière qui transportait les matériaux nécessaires à la construction de la voie ferrée mit le feu à des bruyères; poussé par un vent violent, l’incendie gagna la remise Boudias, puis ravagea dix immeubles du village laissant sans abris neuf familles de 28 personnes (Trin et Vigouroux, 1966).



Carte de la Sumène représentant la région de Salsignac et ses centres d’intérêt.
- 1 : Situation du village avec disposition en ligne, à mi-pente, sur un flanc exposé au sud.
- 2 : Caractères géographiques de la vallée de la Sumène : présence d’ombilics et de verrous, et remblayage important connu par deux forages F1 (38 m) et F2 (42 m).
- 3 : Dépôts sédimentaires perchés (SS) : témoins probablement d’une « terrasse de kame » d’origine glaciaire.
- 4 : un lieu à étudier, le col ( C ) qui sépare les vallées Sumène et Soulou. Ce col aurait permis l’alimentation de la basse vallée du Soulou à partir des glaces de la Sumène par diffluence. Il n’en est probablement rien.
- 5 : Influence périglaciaire sur le flanc ouest du massif de l'Aguyrou.
- 6 : Impact de l’homme d’ordre industriel : la ligne de chemin de fer indiquée en noir sur la carte : ancienne ligne de Bort à Neussargue, actuellement utilisée pour des promenades touristiques entre Bort, Riom et Lugarde par l’Association des Chemins de Fer de la Haute Auvergne (adresse du site : http:// perso.wanadoo.fr/stupery/commentaires.htm).
- 7 : Impact humain d’ordre culturel : chapelle, moulins, four, croix... et traces archéologiques (A) marquées A1 (la Roche Hubert) et A2 (le Chastellet). Abréviations ou symboles : V : verrou ; F : forage pour la recherche de l’eau ; M : moulin ; SS : sédiments suspendus ; lignes épaisses en brun : falaises et éboulis.



Plan de Salsignac présenté par O. Lapeyre (Fascicule GRHAVS n°10).


Carte des emplacements des fouilles archéologiques à la Roche Hubert et au Chastellet, à proximité d'Antignac.

Instabilité dans l'occupation des sols: réflexion sur les villages désertés. Les travaux développés par le Centre Avéna, ont porté sur le village abandonné des Roussillous (Antignac), sur les petites fortifications de la fin du moyen-âge de la Roche-Hubert et du Châtelet, sur la forteresse carolingienne du puy de Menoire, sur le village d'altitude à Espinasse de Colandres; à ces lieux s'ajoutent les simples citations de villages abandonnés tels que Pradaget, Les Grangiers, Naucelles, Le Chirier, Roussilhe... Les raisons de cet abandon ne sont pas connues. Pour ce qui est de Collandres, site particulièrement bien étudié, les ruines appartiennent à la frange de peuplement qui s'étend entre les villages permanents et les herbages d'estive. Une suggestion immédiate serait que des établissements implantés dans les périodes de croissance ont été abandonnés quand les conditions de l'occupation du sol se sont dégradées, dégradation liée soit à l'instabilité des peuplements pionniers, soit aux mutations dans les formes d'exploitation du sol, ce qui a multiplié les ruines de types et d'âges divers. On peut probablement aller plus loin en cherchant à répondre aux questions suivantes. Dans le même environnement des sites étudiés, existe-t-il d'autres vestiges dont l'état de conservation indiquerait qu'ils ne sont pas tous contemporains? Peut-on établir entre ces vestiges une chronologie, au moins relative, ce qui permettrait de mieux comprendre les fluctuations de l'occupation du sol. Une telle enquête suppose l'établissement d'un inventaire, le plus complet possible, des vestiges encore visibles et la fouille au moins de quelques-uns d'entre eux.Le facteur le plus souvent avancé parmis les causes de la désertification des villages est lié aux épidémies et aux destructions par les pillards (guerre de Cent Ans) ce qui devrait entraîner une synchronie de disparition des villages (cf G. Fournier, 1981). En revanche les variations climatiques ne sont jamais citées.


A gauche : chapelle de Salsignac et à droite : église paroissiale d'Antignac.

 

A gauche : Antignac St Pierre es Liens, intérieur, d'après « Images du Patrimoine » . Au centre et au sommet, l'œil divin dans un triangle symbolise la Trinité. De ce triangle, une lumière irradie dans un ciel chargé de nuées d'où émergent des têtes d'angelots. Autour de ce motif central, aux retombées de la voûte, les quatre Evangélistes sont répartis symétriquement. Une mandorle les détache du fond bleu. Ils sont assis sur un nuage, accompagnés de leur symbole respectif : le lion pour saint Marc (a), le bœuf pour saint Luc (c), l'aigle pour saint Jean (d) et l'ange pour saint Matthieu (e). Auteurs bibliques, les Evangélistes ont une plume en main. Trois d'entre eux tiennent également une tablette à l'exception de saint Jean, des volumes déposés à ses pieds.

A droite : «Chapelle de Salsignac», mais ancienne église paroissiale qui fédérait, en plus de Salsignac, les deux villages du Beix et de Masternat.

2 - Le village et l'économie traditionnelle : une mutation irréversible

L’exploitation agricole. Les deux types d’économie: fermes à lait et fermes à viande. Expliquer ces deux économies. Préciser les différentes races rencontrées dans la vallée de la Sumène: Salers, Montbéliarde, Prim’holstein, Charolaise, Aubrac, Abondance, Limousine, donc total non limitatif de 7 (en 2005).

Les types de villages. A côté du village carrefour (Cheyssac) ou du village double (Verchalles), on rencontre le village terminal (Rochemont), linéaire (Salsignac), de flanc de vallée (Antignac, Drulh, Salsignac), de sommet de crête (Montpigot, La Besseyre…). Courtilles est cependant situé en fond de vallée; ici la richesse du sol a été plus forte que les inconvénients des zones basses souvent humides avec un brouillard matinal plus fréquent et une inversion de température provoquant des gelées précoces et tardives.


Carte des fours dans le secteur Vebret-Antignac. Les fours sont les symboles de la vie en circuit fermé, ils représentent la phase terminale -après labour, semailles, moisson, battage et passage au moulin- d’un processus d’autosuffisance : faire son pain.... Deux types de construction sont observables : les fours intégrés au bâtiment d’habitation (toujours privés) et les fours isolés, soit privés soit communs aux habitants d’un écart ou du chef-lieu.


Le petit patrimoine: Le four de Salsignac, vue générale. Ce four est privé et situé à l'ouest du village. Le four qui figure sur le plan à l'est du village a été démoli. C’était le four commun. A droite détail de l'inscription du four actuel qui a été légèrement déplacé lors de l'établissement de la voie principale D3.

Organisation d'un village : présence d'un couderc; à commenter à Sauronnet. Tous les villages se caractérisent par la présence d’un «couderc» (A. Durand) ou «coudert» (P. Bonnaud). C’est une partie du communal qui se trouve associée à la vie communautaire. Il s’est constitué progressivement en même temps que s’élevaient les maisons du village. «Le village est un regroupement de maisons dans un ordre au moins relatif avec des enchevêtrements de toits, de jardins et de coudercs, en disposition le long du chemin» (G. Beiss in Maurice Robert, 1993). Le village est bien différent du chef lieu communal. C’est une cellule rurale économique et non administrative, une réunion de gens vivant d’un même terroir. Il est souvent caractérisé par la présence d’un couderc qui constitue un espace communautaire qui a été préservé lors des premières constructions et de leur organisation spatiale. C’est un lieu économique (présence de l’abreuvoir), un lieu de passage (départ des chemins), un lieu de vie sociale (rencontre à proximité du lavoir, du puits, du four, du travail à ferrer), lieu symbolique par la présence de croix ou d’arbres tutélaires (à Vebret: l’espace Saint-Louis).

Selon la manière de concevoir la vie communautaire le couderc était plus ou moins important. Cette surface était commune mais en pratique la partie située devant chaque maison était le témoin de l’activité personnelle, elle abritait des objets ou des matériaux personnels (et servait ainsi au rangement du bois ou au dépôt du fumier) ou bien se trouvait réservée à une activité saisonnière (aire à battre). Cette surface quittait progressivement la communauté. Dans certains cas, probablement assez nombreux, la dérive était encore plus prononcée et la partie la plus proche de l’habitation était annexée par la construction de dépendances. Les voisins, souvent dans la même situation, ne disaient rien, d’où le proverbe rappelé par A. Durand : « le communal est un bon voisin ». Il précise « Après la Révolution, les usurpations [empiètement de la propriété privée sur le couderc] se produisent sans discontinuer jusqu’à nos jours. Elles furent surtout commises par les propriétaires limitrophes : il est aisé pour ceux-ci d’étendre les limites de leur bien, en englobant dans leur champ une partie du communal ; si personne ne s’élève contre le fait, on continue à arrondir sa parcelle et bientôt la prescription joue». Cette description du couderc valable pour le nord du Cantal ne l’est pas au sud. Ainsi en Châtaigneraie et dans le Carladez, le couderc est très réduit, souvent uniquement représenté par les chemins de desserte. L’explication est à rechercher dans le fait qu’à l’origine de l’appropriation, la délimitation des propriétés prévoyait les dépendances privées.


Schéma mettant en évidence le nombre de moulins sur les différents affluents de la Sumène. La dernière colonne indique le nombre de moulins répertoriés sur chaque rivière. Le total s’élève à 197. (Bulletin GRHAVS n°23-24-25 1981). Attention ! tous les moulins ne se trouvent pas dans le creux d’un vallon. Certains moulins à traction animale n’exigent pas une disposition topographique particulière (Ex : moulin à huile de noix de Verninières).


A gauche : le moulin de Sauronnet. L'environnement immédiat permet d'observer le canal d'alimentation et le canal de rejet. Aux XI°, XII°, XIII° siècles, le nombre de moulins augmenta fortement et leurs fonctions se diversifièrent. L’énergie hydraulique fut d’abord, dès le XI° siècle, utilisée pour des engins dotés d’un mouvement circulaire continu, employés soit pour la mouture des grains à l’aide pierres circulaires plates, qui remplacèrent les anciennes meules en forme de cônes emboîtés, soit pour le pressage de l’huile avec une grosse pierre cylindrique roulant sur le chant.

A droite : le Soulou à Sauronnet. Constater le paradoxe évident entre le faible débit et la profondeur de la vallée. La hauteur creusée est proche de 140 m. S'interroger sur la source de ce paradoxe. Observer légèrement en amont de Sauronnet, le fond plat de la vallée et en regardant encore plus loin vers l’amont la coupe transversale de la vallée en forme de V.

L’architecture rurale. Une construction caractéristique : la grange-étable. C’est l’élément architectural caractéristique de la région. Cette construction à plan rectangulaire, est montée en superposition: la partie inférieure pour le bétail et la partie supérieure pour la réserve de foin. L’étable auvergnate ouvre sur les deux pignons. Les portes sont en anse de panier à clé de voûte souvent décorée. L’étable est divisée en deux parties longitudinales chacune accueillant le bétail disposé en deux rangs. Les bêtes sont opposées dos à dos, elles font face aux murs gouttereaux sur lesquels sont appliquées les crèches ou mangeoires. La partie supérieure s’ouvre en revanche par une seule porte au milieu du mur gouttereau qui donne sur le sud: un plan incliné, la montade ou levade, fait le lien avec le terrain alentour. A l’opposé de la porte de grange, une ouverture est pratiquée permettant un courant d’air lors du battage.


A gauche : Le moulin de Sauronnet. Meule à écrasement d'un moulin à huile. L'entraînement se faisait par traction animale. Ici la meule n'est pas dans sa position fonctionnelle. (cf photo suivante).

A droite : Village de Vignon. Meule à écrasement d'un moulin à huile de noix. L’importance de la meule tournante et de l’auge réceptrice suggère qu’une quantité importante de noix était écrasée puis pressée pour extraire l’huile.


Linteau dans le village du Châtelet, allusion à la présence de loups. De nombreux pièges à loups sont connus dans la région. Ce sont le plus souvent des fosses recouvertes de feuillages légers. Les derniers loups ont été tués au début du siècle.



Le petit patrimoine : les croix.
En haut : la croix de Salsignac.
En bas : la croix de Masternat.


Portes d'étable : à Sauronnet, (à gauche) et à Antignac (à droite). Dans les deux cas, la structure est bien différente. A Sauronnet, le linteau est droit, horizontal, en bois. A Antignac et plus généralement dans la vallée de la Sumène l’ouverture est en forme de anse de panier, en pierre, le plus souvent du trachyte. Il est possible que ces deux types d’ouvertures marquent des époques de construction différentes avec conservation a Sauronnet du type de construction le plus ancien. Cette conservation serait le résultats du renouvellement des constructions moins fréquent que dans la vallée de la Sumène.

Distribution des hameaux et villages au sein d’une commune. Une manière de figurer cette distribution est de construire un diagramme en portant en position verticale, le nombre d’exploitations ou de maisons et en position horizontale chacun des groupements classés selon un ordre décroissant. Le plus souvent le chef-lieu est en tête puis les villages, les hameaux et les maisons isolées. Selon A. Durand «hameau» désigne une agglomération ne comprenant que 2 à 3 maisons et le terme «village» une agglomération plus importante. Le bourg possède les marques de l’administration religieuse: l’église, et civile: la mairie.

Cette méthode d’estimation de la dispersion évite d’utiliser le nombre d’habitants qui par définition, est instable; elle s’appuie sur l’habitat qui subsiste dans le paysage même après avoir été abandonné par ses résidents permanents (voir par exemple pour notre propre région les Bulletins du GRHAVS N° 2, 12, 46, 57, 64 sur les villages disparus). Plus récemment, le géographe P. Bonnaud utilise, pour cerner le «groupement» et la «dispersion», l’indice dit de dissémination. (Cf Pierre Bonnaud. 2003. De l’Auvergne: Un fil d’Ariane pour aller de la Confédération Arverne au III° millénaire. Editions CREER; 318 pp. cf p.118).

L’indice de dissémination (ID) est le rapport simple entre le nombre de lieux habités (N) et la superficie communale donnée en km2 (S): ID = N/S. Les valeurs types dans nos régions sont les suivantes:

Groupement concentré
Groupement polynucléaire
Semi-dispersion
Dispersion
Dispersion forte
Dissémination
< 0,4
0,4-0,8
0,8-1,1
1,1-1,4
1,4-2,3
> 2,3

On ne se prononce pas sur la meilleure manière de procéder. Il est clair cependant que les chiffres sont moins évocateurs qu’un diagramme. En outre l’indice ne prend pas en compte l’importance en habitants de chaque lieu habité.

3 - Le paysage: les éléments qui nous entourent, une lecture objective ou subjective ?

Nous avons dit Paysage ? Il est possible de le définir dans la contradiction comme « une étendue de pays qu’on peut embrasser d’un seul regard » ou comme un pays « qui s’étend au-delà de la portée du regard». Mais surtout il faut le voir ou encore mieux le regarder... Voir, c’est recevoir un rayon lumineux ; regarder c’est diriger vers un objet un désir, une volonté. Le regard, a-t-on dit, est le plus intellectualisé des sens. Les mouvements de l’œil obéissent inconsciemment à la raison, à la mémoire, à l’affectivité. Un paysage qui a été familier à des êtres chers prend une signification particulière : l’œil se fait plus affectueux. Un paysage qui permet de faire avancer nos connaissances dans notre spécialité nous intéresse davantage : l’œil se fait plus curieux et plus perspicace. Nous scrutons mieux un paysage dont nous voulons exploiter les potentialités. Ainsi le regard peut être scientifique, technique, pragmatique, esthétique, poétique…(cf Plaisance, 1987).

Avant d’atteindre cet aspect subjectif du paysage, tentons une description « terre à terre » qui sera acceptée par tout le monde. La description d’un paysage support ou paysage brut [objets matériels tels que puy, croupe, plateau, falaise, succession de plans, lignes d’arbres, forêts, villages plus ou moins dispersés, limites de parcelles en murets, rochers isolés...] fait rapidement place à un paysage représenté qui intègre en plus des éléments précédents, le sens donné par l’observateur en fonction de ses connaissances, de ses pratiques culturelles, individuelles et sociale. On parlera ainsi du «Roc de las fadas» au lieu de dire un simple rocher isolé; du «cimetière des innocents» pour désigner des rochers dispersés sur une surface limitée; de même on donnera au mot friche une connotation négative liée à l’absence d’entretien. Mais un troisième paysage est possible : le paysage interprété qui prend la mesure réelle de l’action de la nature ou de celle de l’homme. Ainsi un magnifique plateau circulaire bien individualisé deviendra un cratère volcanique «déchaussé» (rocher de Chastel-Marlhac), les blocs des murets représenteront des restes glaciaires rassemblés par l’homme; des rochers isolés passeront du statut de «cimetière des innocents» à celui d’épandages glaciaires; un pierrier isolé sera le témoin d’un agrandissement des parcelles par l’homme; une ligne d’horizon signera une surface d’érosion telle que la surface tertiaire (horizon côté limousin); la friche deviendra un état intermédiaire entre une végétation herbacée et une végétation arbustive, elle sera source de diversité par sa cohorte d’espèces.

Instabilité du paysage. On pense souvent à l'immuabilité du paysage; c'est souvent commode pour celui qui cherche à accomplir le rite de communion avec la nature. Mais il y a illusion sur l'immuabilité du paysage; le paysage a une histoire que des repères matériels ou des sources écrites permettent de reconstituer. Illusion aussi d'une harmonie spontanée du paysage; cette idée d'accorder une valeur esthétique à l'agencement de l'espace rurale date de la veille de la Renaissance avec la naissance du mythe de la nature divinisée. [Rappel à l'échelle de la France: la forêt des landes date du second empire; la plaine du bas Languedoc, aujourd'hui un océan de vigne, était au XVI° siècle une terre à blé; les champs bretons limités par les murs moussus n'ont pas plus d'un siècle et demi... mais aussi rappeler que la centuriation romaine est visible dans le parcellaire d'une partie de l'Alsace et de la Lorraine] (cf Burguière, 1991).

L'instabilité du paysage, à l'échelle locale, peut être facilement démontrée sur une durée d'une centaine d'années seulement. Les cartes postales indiquent une raréfaction des arbres par rapport à l'époque actuelle. Voir le massif de l'Aguyrou vers 1910, le Roc de Vignon à la même époque. Instabilité aussi dans la taille des parcelles, dans le réseau de communications (chemins et routes). Certains chemins du Moyen Age ou gallo-romains ne sont plus utilisés ou seulement sur de courts tronçons. (Voir notre parcours dans la vallée du Soulou).

4 - La géologie et la nature du terrain :

Il s’agit encore d’une instabilité mais à une échelle de temps particulièrement longue. Le terrain est essentiellement caractérisé par le métamorphisme mais les murets constituant les limites de parcelles sont de nature volcanique. Comment expliquer cette apparente contradiction? La marche d'aujourd'hui donnera la solution en observant les témoins glaciaires.

L'essentiel du substratum est formé par les terrains métamorphiques et granitiques de la chaîne hercynienne. Cette dernière s'est formée lors de l'orogenèse varisque. Cette chaîne s'étendait sur toute l'Europe il y a plus de 300 MA. Il n'y avait pas de Méditerranée: l'Afrique et l'Europe du N formaient un super continent: la Pangée. La cicatrice de l'affrontement allait du Portugal à la Bohème en passant par le massif armoricain, le massif central et les Ardennes; (période éovarisque: fermeture des domaines marins- 400MA; période mésovarisque: collision continentale avec chevauchement de nappes de charriage-340 MA; extension tardivarisque: superposition de différentes unités... augmentation de l'épaisseur de la croûte avec pour conséquences... 1 anomalies thermiques ...formation de magma granitique... 2 érosion de la chaîne...accumulation de sédiments riches en débris végétaux.

Puis a succédé une période calme jusqu'à la distension oligocène et le début du volcanisme cantalien: les basaltes de base ou infracantaliens apparaissent, puis des trachyphonolites qui se développent sur une épaisseur de plusieurs centaines de mètres, et qui souvent s'effondrent pour former les avalanches de débris; enfin les basaltes des plateaux ou supracantaliens sont à l'origine des planèzes. De l'Aguyrou, on peut apercevoir l'extrémité nord de la planèze de Trizac.

Quelques détails sont remarquables. Ainsi les Phonolites du Nord Cantal: Orgues de Bort, Roche d'Urlande, puis Marcombe, Bélière, Vensac (aux sources de la Sumène), jusqu'au centre du volcan Cantal avec le Griou et le Griounot et roc d'Hozières. Elles se mettent en place entre l'épisode trachyandésitique et les basaltes supra cantaliens (entre 5,5 et 8,5 MA avec max vers 6,5-7 MA). Même période de mise en place pour le trachyte de Menoire et du puy d'Augoules.


Une roche volcanique très commune dans le nord Cantal : la phonolite. Carte des arrivées volcaniques de phonolite dans le Nord Cantal. La disposition des évents s’effectue selon une grande fracture allant du Puy Griou aux Orgues de Bort.


Carte postale (1910) : vue prise du sommet du plateau de Chastel en direction du massif de l'Aguyrou et de la Roche d’Urlande. Observer l'absence d'arbres.

Dans la vallée de la Sumène, de nombreux épanchements ponctuels basaltiques et phonolitiques ont constitué des points d'exploitation pour les constructions: sources de la Sumène, Aldit, Chastel, Saignes, Sauvat, Prodelles,... et au-dessus (au N) de St Etienne de Chaumeil, le volcan de Chavagnac-Ridoux. Cette dernière source volcanique est probablement à l'origine des blocs charriés jusque vers Cheyssac, par la vallée du Soulou (voir paragraphe sur la période glaciaire).

Les conséquences de la nature géologique du terrain sont l’existence de zones pauvres et de zones riches. Un contraste existe manifestement entre deux types de sols: d'une part les sols de planèzes qui proviennent de la transformation des basaltes des plateaux en andosol très fertiles (prairies d'estives) et les sols des vallées partiellement comblées par des apports sédimentaires (prairies de fauches avec installation des fermes d'abbayes cisterciennes, (à Brocq) ou installation des Templiers puis Hospitaliers: (Ydes, Courtille) d'autre part les terrains directement rocheux sur roches métamorphiques, sans sols formés. Ou plutôt les sols d'altération ont été éliminés: ces altérites formées au cours du tertiaire ont été éliminées par les processus glaciaires. Ces terrains métamorphiques se retrouvent dénudés et présentent directement leur surface minérale; ils sont impropres aux cultures et souvent recouverts de fougères : ce sont les friches de l'Artense. Remarquons que cette division en bons et mauvais terrains correspond aussi à la répartition des 2 catégories de pouvoirs : pouvoirs religieux dans les basses plaines (Courtilles, Antignac, Salsignac… alors que les pouvoirs civiles se localisent en plus haute altitude (seigneurs de la Dailles).

Les matériaux de construction pour l'habitation et la grange-étable : (cf http://geo.cybercantal.net)

Les matériaux de construction pour les églises. Exemple: Eglise du Vignonnet ou Chapelle du Roc. Elle est située sur la rive gauche de la Sumène au sommet d’un fort promontoire: le roc Vignon. Ces ruines représentent les restes d’un prieuré de la Chaise Dieu fondé vers 1060 du vivant de Saint Robert. Il ne reste que le chevet à trois absides et de bons éléments d’un clocher à peigne. Le pavage intérieur est constitué de petites pierres métamorphiques et de petits galets roulés et disposées debout comme le pavage de toutes les étables de la région. Sur le substratum gneissique très apparent le soubassement est constitué de deux ou trois rangs de gros blocs de même nature (à observer côté nord); puis sur ce socle aplani et débordant vient la construction proprement dite en pierres de taille. C’est un tuf volcanique (ou piperno) aux teintes chaudes, roussâtres, roux, rouille, qui a servi à beaucoup d’églises de la vallée de la Sumène. C’est le tuf de Brocq. Roche bréchique à éléments anguleux ou émoussés provenant du socle. Ce sont des brèches pyroclastiques. A la porte d’entrée, des blocs à matrice bulleuse gris ou brun attestent l’origine volcanique de ces pierres rousses. Des matériaux autres que le tuf sont utilisés mais en quantité minime. A l’intérieur de l’église des colonnes comportent des éléments d’arkoses granitoides (gris clair) de grés houillers qui peuvent quelques fois devenir des conglomérats lorsque les éléments de pegmatite s’individualisent. Ce sont des grés stéphaniens du sillon houiller. On peut même découvrir de longues traînées de charbon ou de pélites très foncées. Certaines églises de la vallée (par exemple les colonnes du portail d’Ydes) comportent aussi du granite riche en biotite en éléments dispersés ou en enclaves surmicacées.

Evolution du matériel de construction de l'est vers l'ouest de la vallée de la Sumène. Situation de la zone médiane d'Antignac Saignes. (Voir le site "http://geo.cybercantal.net/"). Il existe un gradient marqué, croissant ou décroissant dans l'utilisation respective du granite de Corrèze ou de l'arkose dominant à l’ouest et du trachyte de Menet dominant à l’est de la vallée.

5 - Au sommet de l'Aguyrou: insister sur les processus de nivellement et la plaine d'érosion éogène du côté Corrèze; commentaires sur l'habitat dispersé et le bocage.

5-A - les unités géologiques sont les suivantes :

Vers l'ouest: premières limites formées par la présence du sillon houiller bordé vers l'ouest par le plateau de Champagnac, puis encore plus loin, seconde limite constituée par une ligne approximativement horizontale indiquant le limousin et représentant la plaine d'érosion éogène. Cette plaine s'est formé après l'émersion de la région dès la fin de l'aire primaire jusqu'à la fin des temps secondaires.
Vers le sud, les phonolites du Nord-Cantal, dont l'âge se situe entre les trachyphonolites et les basaltes des plateaux. Elles représentent une faille dans le substratum (sous la partie volcanique) allant du Puy Griou aux Orgues de Bort, selon la direction SE-NO.
Au nord, au delà de la rivière Rhue qui se trouve à proximité, apparaît le fond de l'amphithéâtre formé par le Mont Dore, le Cézallier et le Cantal; cet amphithéâtre est fermé vers l'ouest par la barre phonolitique des orgues de Bort. Cet amphithéâtre sera à l'époque glaciaire le lieu de confluence d'une quantité de glace suffisante pour arriver à une altitude aussi faible que 450m. Le glacier sera dit « Glacier de piedmont ».
On peut se rendre compte à partir du sommet de l’Aguyrou, de l’importance de la glace dans la vallée de la Sumène. L’absence de passage SN de la glace de la calotte cantalienne dans la vallée de la Sumène est probablement due au remplissage de la vallée qui ne permettait pas l'appel vers des zones basses absentes. Les rares déversoirs SN en provenance de la calotte cantalienne (Ribes et Chastel) sont peu prononcés et ont probablement fonctionné tardivement après la fonte des glaces des niveaux inférieurs, provoquant ainsi un appel vers le Nord, alors que les niveaux de plus haute altitude étaient encore alimentés. La fraîcheur des blocs erratiques observés sur la partie orientale du plateau de Chastel confirme ce dépôt récent. Ainsi il est possible de différencier des actions glaciaires d'âges différents bien que la fenêtre admise pour la glaciation du Cantal relève de la dernière période glaciaire (maximum vers -20.000 ans avec début de fonte et -10.000 pour la fin de la glaciation.

5-B - Définition du paysage de bocage; les limites de parcelles (cf Pierre Bonnaud p. 114. note 181).

La bonne compréhension des développements exige une brève mise au point sémantique (a) et le rappel de quelques présupposés (b) qui pèsent sur les débats autour du mot «bocage».
a : dérivé de boscus: bois, broussailles, d’où les définitions du Petit Larousse (1938): «petit bois agréablement ombragé» et du Petit Robert (1985): « 1 vx. ou poét. Petit bois»; la lecture des auteurs littéraires (comme Honoré d’Urfé) montre qu’il s’agit plus précisément, dans la langue française cultivée, d’un paysage sans clôtures permanentes, mais piqueté de bosquets, boqueteaux et arbres épars. A la suite des travaux des géographes «vidaliens» (disciples de Vidal de la Blache) s’est imposé largement le sens nouveau de «paysage enclos par un réseau généralisé de haies» (ce qu’enregistre le Petit Robert en y ajoutant les levées de terre et la localisation typique dans l’Ouest de la France).
b : L’ouvrage, certes mémorable de Marc Bloch: Introduction à l’histoire rurale française, Paris 1961-1964 (reprise de la version publiée d’abord sous le titre de «Les caractères originaux…) a imprimé indélébilement dans les esprits une opposition, avec simplification outrancière: «bocage aristocratique, champagne roturière» peut-être vraie sur certaines marges du Bassin Parisien et du Massif Armoricain, mais tout à fait fausse dans nos régions. Une foule de travaux historico-géographiques ont en outre admis un lien organique entre «haie» et «bocage». Or si la langue française atteste bien le bocage sans haie (v. ci-dessus), la réciproque est vraie: la haie est courante en dehors du bocage; et de plus, on réunit sous le nom de haie des phénomènes physionomiques si différents que leur analyse fait bien comprendre la confusion des débats et les dialogues de sourds qui ont fleuri autour de la notion de bocage. (v. Bonnaud P.: La haie et le hameau, les mots et les choses, Revue d’Auvergne 1970-1 p. 1-27, 1 carte).

Le territoire se partage en parcelles dédiées à différentes activités. Ces parcelles sont séparées par des chemins et des haies (exemples dans vallée du Soulou). Haies (limites végétales) dans les fonds plats des vallées alluviales (les ombilics) et Murets (limites minérales) sur les flancs et les sommets, en présence de restes glaciaires. La parcelle est la trace sur le sol de l’appropriation et de la mise en valeur. C’est une création entièrement humaine, à valeur juridique et fiscale, consacrée par le cadastre (G. Bertrand).

Les éléments de la trilogie agraire. Les trois parties généralement complémentaires de l’agrosystème : ager, saltus, sylva, correspondent respectivement à l’espace cultivé, l’espace pastoral et l’espace forestier (système agro-sylvo-pastoral). Elles sont représentées en surface de façon inégale dans le secteur étudié, l’espace pastoral étant dominant. Dans chaque élément, les rapports entre les structures naturelles et les éléments d’origine anthropique s’y combinent de façon différente. Il y a 150 ans la partie ager, les champs, était mieux représentée qu’actuellement.

La haie participe aux caractères agronomiques des parcelles voisines. L’arracher est toujours une «aventure écologique» qui a des répercussions économiques et parfois socio-psychologiques. Toutefois, sa destruction ne signifie pas obligatoirement «dégrader» le milieu, mais c’est créer un nouveau terroir aux aptitudes agricoles différentes et pas toujours prévisibles. C’est aussi créer un nouveau paysage donc un autre cadre de vie. En fait dans le cas présent, le dommage est limité du fait que les parcelles réunies participent du même type d’exploitation. L’unité d’exploitation est conservée. Le dommage porte souvent sur la diminution du linéaire «haies» donc sur cet espace écologique aux caractéristiques propres, et en définitive porte sur la diminution de la diversité floristique et faunistique.

Les chemins, souvent limités par des haies, sont aussi des éléments du paysage à cause de leurs spécificités dont la principale est une forte stabilité dans le temps. En conséquence, ils offrent la possibilité de relier le paysage actuel à des antécédents très anciens (P. Bonnaud). Près de Cheyssac, on peut encore retrouver quelques anciennes sections de la route (ou plutôt du chemin) qui reliait Bort à Riom. La vallée du Soulou était empruntée et, actuellement, à proximité de Couzans et La Ganette, des sections anciennes avec chaussée et pont, sont encore reconnaissables.

NB : par contrôle visuel observer les traces des anciennes séparations entre parcelles; mettre en évidence l'augmentation de la taille des parcelles dans le temps : au moment du remembrement et ultérieurement. Le nombre d’exploitations dans chaque village ou commune a fortement diminué. Ainsi le nombre de granges-étables visibles dans le village de Sauronnet et le nombre d'exploitations agricoles actuelles divergent dramatiquement. Actuellement il y a 2 exploitants des surfaces de Sauronnet dont un seul est résidant.

6 - L'industrialisation par les voies de Chemin de Fer. Commentaires à proximité du viaduc de Salsignac.

Construction de la ligne Bort-Neussargues; le viaduc de Salsignac formé de 14 arches tout en pierre de Menet (trachyte), observer l'aspect neuf (non altéré) de la pierre. Apport du chemin de fer sur l'économie. Echanges? Apparition de la brique et de la tuile dans la construction ainsi que de l'ardoise de Corrèze. Aussi introduction des meules de moulins à partir de la zone productrice de la Ferté-sous-Jouarre (Oise). Arrivée des engrais. Voyages facilités (les trains Bonnet créés en 1904 par le fondateur de l'Auvergnat de Paris). Montée des vaches dans les estives: importance des gares de Landeyrat et Allanches. Autre viaduc sur la ligne: viaduc de Lune Sèche ou de Barajol sur la Rhue de Cheylade. La ligne Bort-Neussargues, terminée en 1908, a été aussi celle des marchands de toile (négociants-voyageurs) qui exerçaient leur profession dans toute la France et l'Algérie, se faisaient livrer en Auvergne, et aussi celle de la transhumance de troupeaux venant de la région d'Aurillac vers les hauts plateaux du Cézallier (à Landeyrat et Allanche).

L'importance du trafic des vins du Languedoc vers Paris est à l'origine de la création de la ligne Béziers Neussargue par la Compagnie du Midi qui cherchait un propre débouché, dès 1868, différent des lignes du PO à l'ouest et du PLM à l'est. Lorsque la ligne a été terminée (1888) le vin remontait jusqu'à Neussargue mais au-delà, il n'allait pas sur Bort mais sur Arvant (puis la Limagne et le Bourbonnais) dont les rampes plus faibles permettaient le groupage de deux trains. «Ainsi la ligne de Bort ne devint jamais la grande ligne du vin escomptée par le PO. Les vins du Languedoc et les oranges d' Espagne passèrent néanmoins en abondance par Neussargues jusqu'à ce que la concurrence routière réduise considérablement ce trafic» (cf : A la conquête du Cantal en train). «Les longues grèves de Mai 1968 ont forcé les éleveurs à rechercher d'autres moyens de transport; ils ont trouvé le camion et beaucoup ne l'ont pratiquement plus quitté depuis. De 400 wagons de transhumants, il n'y en a plus que 70 aujourd'hui (1982)» (cf : A la conquête du Cantal en train).


Carte des Chemins de fer du Cantal indiquant les dates de construction des différentes sections par les compagnies de l’époque: Paris-Orléans, Paris-Lyon-Méditerranée, Compagnie du Midi. Noter: « Comme la ligne Neussargues-Bort, la ligne Saint Flour-Brioude est véritablement née de la concurrence des compagnies PO et PLM. Voulant offrir aux convois de vins languedociens vers Paris, le tracé le plus court, ces deux compagnies rivalisèrent d'audace». Bref après la grande guerre, cette ligne végéta puis la création de la SNCF (1939) rendait inutile la concurrence; la ligne a été déclassée en 1954. Les tunnels ont été utilisés (sont utilisés?) pour la conservation du fromage Cantal.

7-La vallée de la Sumène.

La Sumène prend naissance à la cote 1245 (carte IGN lieu-dit Sources de la Sumène), au-dessus des bois de Cournil, à l’extrémité septentrionale du triangle que forme la planèze de Trizac. La rivière coule en direction du nord jusqu’à Neuvialle (550 m) c’est son cours supérieur; puis elle s’infléchit brusquement en direction de l’ouest jusqu’à Ydes-Bourg : c’est son cours moyen. Enfin dans la troisième partie de son cours, à partir de Largnac, elle coule vers le sud-ouest, atteint sa position la plus méridionale à Vendes, décrit une courbe concave vers le N pour rejoindre la Dordogne à proximité de Arches (340m). La partie moyenne de son cours, entre Antignac et Largnac est prise en compte par la carte jointe. Son parcours est-ouest est parallèle à deux autres rivières : la Grande Rhue et la Dordogne et aussi à la plus grande partie de la Piste Verte. Le territoire occupé par la ligne de chemin de fer et par la rivière, constitue une zone particulièrement intéressante par l’importance des traces glaciaires. La plus grande partie de la section moyenne de la vallée constitue un vaste bassin de confluence formant le réceptacle de plusieurs glaciers importants descendus du Cantal et de l’Artense. Les traces les plus évidentes sont situées côté nord vers La Besseyre, Cheyssac, Verchalles... et la rive sud est peu fournie en témoins. C’est en fait une apparence des observations récentes montrent des témoins indiscutables au centre de la vallée soit en partie basse (Courtille) soit en partie plus élevée (Les Roussillous) mais aussi en partie élevée comme sur le plateau de Chastel.

Géographie de la vallée de la Sumène: une alternance d’ombilics et de verrous; commentaires à partir du sommet de l'Aguyrou ou depuis Salsignac. La partie moyenne de la Sumène, entre sa sortie du Bois de Cheyrange et Largnac est constituée par une succession d’élargissements appelés ombilics et de rétrécissement, les verrous. A l’origine des verrous, il y a la présence de roches plus résistantes que celles de la vallée en amont ou en aval des verrous. Ainsi peuvent être repérés les éléments suivants: ombilic de Neuvialle, verrou du Tavelat, ombilic de Beix, verrou du Châtelet, grand ombilic de la moyenne Sumène commençant à Antignac et se terminant en aval de Ydes-Bourg au verrou de Violle-Largnac.

Les formations qui supportent les prairies relèvent de deux catégories: les alluvions récentes (notées Fz sur la carte géologique du BRGM) dans l’axe de la vallée et à proximité du lit de la rivière, déposées durant les 5000 dernières années; les formations glaciaires (notées Gy) situées à des altitudes variables. Le fond plat est donné souvent comme une caractéristique classique de l’action des glaciers. Ici l'origine est différente. C’est la conséquence du remblaiement certes le plus souvent lié à un barrage de glaces et à la présence d'un lac, mais pas nécessairement. Le terrain sur lequel s’est allongé la langue glaciaire, n’était pas horizontal. C’est le remblaiement qui a donné ce fond plat en coupe transversale et très peu pentu en coupe longitudinale.

8 - Le périglaciaire : au nord d'Antignac, au sud de Sauronnet, au pied de l'Aguyrou: tabliers d'éboulis)

En période froide, sur les versants rocheux (Rocher de Chastel, Rocher de l'Aguyrou), la gélifraction a été très active. Il s'agit de la fragmentation des roches sous l'effet des alternances de gel et de dégel de l'eau contenue dans la roche (dans les fissures et les pores). L'augmentation du volume de l'eau infiltrée provoque l'élargissement des fissures et à la suite d'une série plus ou moins longue d'alternances gel-dégel, la rupture de la roche. Des matériaux de toute taille peuvent être ainsi détachés. Libérés sur le versant, ils alimentent de grandes accumulations de blocs et d'éclats: éboulis simples au pied des corniches dans lesquels les matériaux sont classés selon les lois de la gravité, les plus gros allant le plus loin sur le versant ; éboulis assistés ou flués, ainsi nommés parce que d'autres facteurs que la gravité interviennent, comme le glissement sur la neige ou le verglas, voire l'existence de formations fines servant de liant. Dans ce dernier cas, les matériaux sont alors dépourvus de classement au long de la pente. Les blocs issus de la gélifraction peuvent aussi alimenter des moraines dès lors qu'ils sont remaniés par la glace mobile; ils peuvent aussi être à l'origine de « glaciers rocheux » ; dans ce cas, les débris rocheux cheminent grâce à un ciment de glace.

9 - Le glaciaire: Le col de Salsignac en-dessous du Viaduc: communication entre Sumène et Soulou ?

Le village de Salsignac est adossé au nord à deux massifs primaires, gneissiques qui constituent actuellement une séparation efficace entre les vallées de la Sumène et du Soulou (massifs d'Aguyrou et de Compié). Ces deux massifs sont assez bien séparés l’un de l’autre au-dessus de Salsignac et ce col est franchi par un viaduc qui permet le passage de la voie de chemin de fer. Les premiers observateurs ont utilisé l’existence de ce col pour expliquer le trajet des glaciers et l'existence de la vallée glaciaire du Soulou. Dans la vallée du Soulou, les observations déjà anciennes de Boisse de Black du Chouchet (1951) indiquaient une dépression glaciaire seulement entre Sauronnet et le confluent avec la Rhue (en aval de Cheyssac) donc dans la partie la plus basse de la vallée. Plus en amont, il n’était pas possible d’envisager un modelé glaciaire; en effet, le glacier n’avait pu emprunter le cours supérieur du Soulou très encaissé et l’étroit défilé du Moulin de Compié. Pour cet auteur, l’alimentation de la partie basse du Soulou se faisait par ce col à partir du glacier de la Sumène. En d’autres termes le col qui sépare Salsignac du ruisseau du Soulou a été emprunté par une diffluence du glacier de la Sumène. L’épaisseur de glace d'après l'altitude du col (600 m) par rapport au fond de vallée (515 m) était au minimum de 85m.


Viaduc de Salsignac composé de 14 arches; il permet de franchir selon la direction E-O le « col » de Salsignac. Ce viaduc est construit en trachyte (pierre de Menet). Cette pierre s’altère peu avec le temps ce qui conserve à l’ouvrage une belle facture.

Deux points étaient donc admis: 1: la morphologie glaciaire est reconnue seulement dans la partie avale du Soulou, et 2: l’alimentation de cette partie s’effectuait par diffluence des glaces de la Sumène. Ces deux points peuvent être discutés. - avant la période glaciaire, le col de Salsignac correspondait à un changement de pente du profil de la région ; la pente forte jusqu’au niveau de Salsignac, se modifie et devient plus faible dans la section suivante. Lorsque les glaciers apparaissent, sur la section de pente rapide le travail d’élargissement était limité et ne permettait pas d’imprimer des témoins glaciaires incontestables. - toujours sur la partie pentue, la présence de témoins glaciaires est manifeste de part et d’autre de cette vallée; on peut s’étonner alors que les glaces soient uniquement localisées sur les plateaux et laissent libres des sections de vallées même étroites. En fait, on sait maintenant que les profondes et étroites incisions peuvent provenir de l’érosion (de type fluviatile) par les ruisseaux sous glaciaires.


Action périglaciaire à Sauronnet: Les éboulis périglaciaires de l'Aguyrou. Vues prises depuis le haut de Sauronnet et la route de Sauronnet à Antignac.


Témoin glaciaire à Chavaillac-Ridoux: un bloc strié dont la plus grande dimension atteint 60 cm. On distingue bien les stries glaciares parllèles et fines et d'autre stries plus marquées et plus courtes faites par les engins mécaniques.

Ce nouvel élément sur la dynamique glaciaire est dû aux recherches de différents auteurs dans les Alpes françaises dont R. Vivian. Cet auteur arrive à une conclusion en trois points. 1) l’érosion par les eaux sous glaciaires est très efficace; les incisions provoquées par ces eaux apparaissent presque toujours comme les marques les plus caractéristiques et les plus profondes du passage d’un glacier, même si le polissage par abrasion reste l’empreinte la plus originale du modelé glaciaire. 2) l’abrasion peut être considérée comme le processus essentiel de l’érosion provoquée par le seul déplacement du glacier. Par suite des conditions d’homothermie rencontrées sous le glacier, les phénomènes d’arrachement ne peuvent être que négligeables à l’image de l’inexistence de la moraine de fond. 3) une grande part de l’érosion observée dans les vallées glaciaires alpines résulte de la double action de gélifraction particulièrement efficace à l’extérieur du glacier, sur la marge proglaciaire récemment libérée de glace mais non encore stabilisée par la végétation; de défonçage lors des variations positives du glacier qui, en dégageant les produits du cryoclastisme, renouvelle les conditions nécessaires à l’amorce d’une nouvelle attaque de l’érosion. Pour cet auteur, les gorges sous glaciaires sont les formes les plus accomplies de l’érosion par les eaux glaciaires. Pendant longtemps on avait admis que ces indentations s’étaient formées durant une période interglaciaire. Vivian précise aussi que les gorges dites de «raccordement» sont les formes les plus pures et les plus nettes de l’érosion par les eaux sous-glaciaires. Ces gorges ont été observées sous les glaciers actuels. Leur dimension, dans les Alpes, sont caractéristiques: une largeur réduite (quelques dizaines de mètres) et une profondeur pouvant dépasser 100m.

Bref, en reportant les observations alpines en Auvergne il est probable que le glacier du Soulou, plus ou moins bien séparé des glaces d’interfluves, occupait le trajet entier de cette vallée. La genèse des formes glaciaires classiques ne s’est produite que dans sa partie basse, lorsque l’adhérence de la glace était marquée. En conséquence il n’est pas nécessaire d’envisager une diffluence entre Sumène et Soulou.

Les témoins sédimentaires perchés. A l’est de Salsignac. Cette terrasse a été mise en évidence par la rectification récente de la route D3. Son origine: Au cours de la vie d’un glacier, ce dernier n’est pas toujours accolé au versant, il peut s’en détacher, ce qui a lieu lors d’une régression temporaire. Dans l’espace aménagé les eaux glaciaires déposent sables et galets et ces poches d’eau sont progressivement comblées par les sédiments. Une fois le glacier disparu, les dépôts subsistent avec replat et talus. Cet ensemble constitue une terrasse de kame. Ces terrasses permettent d’avoir une idée de la hauteur minimale du glacier. Le fond des vallées (Sumène, Soulou) indique l'évidence d'un comblement, à la suite de fermetures au niveau des verrous. C'est la dernière phase active dans la modification morphologique de la vallée. Pour la Sumène, la hauteur des sédiments dans les forages destinés à la recherche de l’eau est de l’amont vers l’aval: Le Beix (38 m) Le Chatelet (40 m) Couchal-Champassis (25 m) Vendes (7-11 m).


Coupe longitudinale en dessous de Salsignac intéressant les ombilics du Châtelet et du Beix. Noter la différence dans la nature du comblement entre les deux ombilics.

10 - Compléments sur les villages traversés ou sur les villages de proximité: Salsignac, Druls, La Besseyre, Sauronnet...

A Sauronnet, voir les entrées des étables (absence d'arc en anse de panier, mais poutre horizontale en bois). Donc pas d'utilisation de la pierre de Menet. Deux explications sont avancées: pauvreté des habitants par rapport à ceux d'Antignac; époque de construction antérieure avec conservation du modèle ancien et renouvellement dans la vallée de la Sumène. Un linteau assez élaboré probablement lié au compagnonnage est visible sur la maison qui fait face au four commun. Voir aussi la maison de Sauronnet avec pans de bois autour des fenêtres et aussi dans les murs. Par similitude avec une maison analogue dans Saignes, celle de Salsignac pourrait avoir le même âge. Moulin de Sauronnet intéressant par l'organisation extérieure. Voir plus loin les différentes parties amenant l'eau au moulin. S'interroger sur le contraste entre le filet d'eau actuel du Soulou et la largeur de la vallée au niveau des ombilics. Observer en direction du rocher d'Urlande, la haute vallée du Soulou avec une forme en V bien marquée contrastant avec le fond plat à partir de Sauronnet.

A Salsignac: voir la chapelle avec conservation de son cimetière attenant, le four et les variations de son emplacement. Les toits semblent récents (incendie en début du siècle). Voir maison Mme Favory avec intérieur traditionnel. Plus petite église de France. Voir la bannière de procession: elle a deux faces: l'une porte « Saint Ferréol, priez pour nous » utilisée le jour de septembre (18); l'autre porte « N.D. Du Bon Secours, priez pour nous », utilisée le jour de la fête mariale, en mai. D'où la remarque d'un spécialiste : une seule bannière à deux usages; c'est bien auvergnat! Au sujet des tombes: anecdote pour la tombe conique surmontée d'une croix: « Vous aviez mis vos morts sous la protection des anges, j'ai fait mieux, je les ai mis sous la protection du Christ ».

La source Saint-Eutrope à Salsignac. "Le Pape Saint-Clément voyant les talents que Dieu avait donnés à ce saint homme pour la prédication de l'Evangile, l'ordonna évêque et l'envoya en Saintonge. Il y prêcha d'abord avec beaucoup de zèle, mais après avoir souffert plusieurs persécutions, il retourna à Rome. Là, le Pape l'exhorta à reprendre courage et à se joindre aux missionnaires qui accompagnaient le bienheureux Denis l'Aéropagite qu'il envoyait en qualité d'Apôtre dans les Gaules. Saint-Eutrope suivit donc l'Aéropagite jusqu'à la ville d'Arles et de là, passa une seconde fois en Guyenne et retourna à Saintes. Il mourut martyr le 30 avril de l'an 98." Avec une rapidité qui ne manquerait pas de nous déconcerter aujourd'hui le culte populaire environna aussitôt sa mémoire. Le Chanoine Joubert pense que notre langue d'oc ayant nommé le saint "Estropie", la foi naïve de nos aïeux confia à Saint-Eutrope les "stro-piats", infirmes, perclus, rhumatisants, accidentés. C'est ainsi que la fontaine Saint-Eutrope à Salsignac voyait accourir des gens perclus de douleurs, en particulier, au genou. La fontaine se situe non loin de la chapelle, sur la pente, mais a subit des aménagements modernes. Sur ce terrain on découvre des fragments de tuiles à rebord qui indiquent une occupation gallo-romaine du lieu. (Cf Bulletin du GRHAVS N°44).

La Besseyre est situé sur un promontoire rocheux qui a constitué un obstacle au glacier venant de l'est. Ce glacier a poli une surface importante qui se trouve actuellement constituer le seuil d'une maison d'habitation. Cette surface bien dégagée est un témoignage particulièrement saisissant de l'action de la glace sur la roche. On peut constater en outre, du fait de la situation du village en point haut, que la glace n'occupait pas seulement le fond de la vallée (ici vallée du Soulou). Ce village possède le four commun traditionnel.

La région d'Antignac, et plus généralement le Cantal et le Massif central sont une terre d'immigration. Les toiliers sont souvent revenus riches et ont fait construire. On peut voir lors du retour de Vignon, la maison d'un marchand de toile (première moitié du 20 siècle). D'autres maisons peuvent rappeler le style basque ou le style normand.

Disposition des villages: Druls, Sauronnet : villages étalés, sur le flanc nord du Soulou; Antignac: sur le flanc nord de la Sumène, exposé au sud, développé en hauteur; Salsignac: village en ligne; Sauronnet : sur flanc nord du Soulou, développé en ligne.

Disparition des anciennes cultures ? (chanvre, seigle, blé noir) et apparition de nouvelles (champs de maïs, mais pour quel usage? Structure de l'élevage: à distinguer « vaches à lait et vaches à viandes ». Combien d'exploitations agricoles dans Sauronnet? Le plus grand nombre des anciennes habitations agricoles et des granges-étables ont été transformées en résidences secondaires. Dans ce village il reste deux exploitants donc l'un vient de l'extérieur.

11 - Notes complémentaires (données orales par O. Lapeyre).

L'ensemble du trajet de la promenade entre le sud de Druls et Sauronnet appartient au chemin de Bort à Riom très utilisé au Moyen Age. En aval de Druls ce chemin passait à proximité de Couzans, sur la rive gauche du Soulou: ainsi en descendant on passe au moulin de Druls (Moulin Jauvion) à une certaine distance du village de même nom puis à la Ganette. On peut continuer vers La Besseyre puis Cheyssac. A noter que de ce chemin on peut aller au village de Couzans par une bretelle qui franchit le Soulou sur un pont du Moyen Age, malheureusement affecté par un aménagement moderne qui a conduit à supprimer les parapets ou garde fous pour le passage du camion du laitier. De même le pont en bas du village de Sauronnet, de même époque, a aussi été modifié pour permettre le passage des engins agricoles. A Couzans observer à proximité du village la croix du tilleul. A la Ganette existait un relais de poste pour le repos des chevaux et un maréchal ferrand. Au cours de notre promenade entre Druls et Sauronnet on franchit le Soulou sur un pont de bois: le Pont de Madame car la Dame de Couzans, la baronne, aimait se promener dans ces parages. A proximité de ce pont on a trouvé de nombreux sarcophages. Le lieu dit « la Bonnetie » correspond à un village déserté (pour différentes raisons souvent mal définies: guerre de Cent Ans, maladies, épidémies). La limite des communes de Vebret et Antignac est à proximité: Couzans sur Vebret, Druls et son moulin (Jauvion) sur Antignac. A Sauronnet, il y eu une école à l'initiative de l'Abbé Chanut. Sous la révolution elle a été supprimée. Ce bâtiment est encore visible dans le bas de Sauronnet: c'est la maison Raynal près d'une croix en bois. La mère de l'abbé avait sa propre maison qui actuellement est celle dite « au linteau » en haut du village. Voir au nord du chateau de couzans le lavoir et un hangar pour sécher le bois (actuellement abritant les machines agricoles); deux constructions à structure spécifique.

Ouvrages consultés

Anon. Images du Patrimoine. 1999. Canton de Saignes. Editeur: Association étude du patrimoine auvergnat.

Anon. Les amis du vieil Allanche, 1982. A la conquête du Cantal en train.

Bertrand, Georges. Pour une histoire écologique de la France rurale. In Georges Bertrand. Histoire de la France rurale T1. Le Seuil, ed.

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