geo.cybercantal.net sommaire La Piste Verte et ses abords 3 - Fleurac
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Piste Verte à proximité de Fleurac

Village de la commune de Ydes. Un site agréable est situé à proximité du carrefour de la Baraquette en direction de Riom-ès-Montagnes sur la D3 (dite trans-volcanienne). Cette route doit être évitée pour une marche à pied. Le carrefour de la Baraquette se trouve sur la N922 après Ydes en direction de Bort-les-Orgues. A ce carrefour, en venant de Ydes, prendre à droite en direction de Riom. Le site se trouve à 400 m de ce carrefour. Sa situation en hauteur permet le regard sur le flanc sud de la plus grande partie de la dépression de la Sumène. En outre la parcelle qui borde immédiatement au sud cette aire de repos, abrite plusieurs blocs erratiques certes de dimension modeste mais bien caractéristiques d'une action glaciaire. Il est possible de démontrer sur place la nature différente des roches constituant d'une part le bloc erratique et d'autre part son support. Cette aire est à proximité de la Piste Verte. Venant de la Piste Verte, elle peut être atteinte à pied en quittant la Piste lorsque cette dernière longe les maisons les plus au sud du village de Fleurac ; ensuite, il faut traverser Fleurac en direction du nord par une route très praticable, qui rejoint l'aire de repos.

Dans ce secteur moyen de la vallée de la Sumène, s'est produit le contact de glaces d'origines géographiques différentes : d'une part les glaces venant de l'est, (approximativement la région de Riom) et d'autre part les glaces accumulées au nord de la Rhue, formées dans le grand amphithéâtre constitué par les Monts Dores, le Cézallier et le nord Cantal. La plus grande partie de ces glaces se dirigeait vers l'ouest, vers la Dordogne mais le barrage constitué par la colline phonolitique de Bort, a entraîné une accumulation puis un débordement vers le sud. La confluence des glaces provenant de ces deux directions (de l'est et du nord) est encore reconnaissable à proximité de Verchalles. Ces glaces ont utilisé d'une part un chenal E-O constitué progressivement au cours des époques antérieures, formant maintenant la « vallée de la Sumène » et d'autre part des passages orientés N-S tels que ceux de « la Baraquette » ou de « la Prade-la Bonde ».





L'aire de repos au nord de Fleurac. A gauche : facilités offertes par cette aire de stationnement ; en arrière plan la limite sud de la vallée de la Sumène, en direction de Sauvat. A droite : bloc erratique. Ces deux illustrations indiquent qu'un pique-nique est possible en présence des témoins de phénomènes climatiques remontant à environ 12000 ans. Le dernier maximum de froid remonte à 18000 ans ; la fin de la dernière glaciation se situe entre 12000 et 10000 ans.

Immédiatement en contrebas de l'aire de pique-nique, plusieurs rochers erratiques sont disposés dans une prairie (exactement une pâture jamais fauchée ce qui se comprend compte tenu des rochers qui affleurent ; de telles pâtures sont désignées localement sous le nom de bouige). Le substratum est bien visible et sa nature peut être comparée à celle des blocs déplacés par les glaciers qaui occupent çà et là le terrain. La différence est évidente. Le bloc erratique est constitué d'une roche gneissique avec ondulation des lits de mica noir déterminant des amas clairs ovales de quartz et feldspath; d'où le nom de gneiss oeillé attribué à cette roche. Outre ce bloc, trois autres blocs moins spectaculaires sont disposés à contre bas à une vingtaine de m à l'ouest du précédent. Le substratum est dégagé sur une surface approximative de 60 m x 20 m. Il a été abrasé selon une direction orientée N25/ N205 (sud/sud-ouest). La roche qui constitue le substratum est peu transformée par le métamorphisme et peut être assimilée à un schiste. Cette roche présente ses plans de schistosité en position proche de la verticale ce qui détermine dans le sol des rainures plus ou moins continues. L'observation rapprochée indique une teinte noire qui souligne l'abondance des micas noirs (biotites). Les feuillets multiples ne sont pas toujours identifiables à l'œil nu.







Avec un matériel très élémentaire, tel qu'un simple petit marteau, on peut se convaincre de la différence de nature des roches qui constituent d'une part le substratum et d'autre part les différents blocs erratiques. Détail de ces roches : à gauche un fragment du bloc erratique constitué d'un gneiss oeillé ; à droite un fragment du substratum constitué d'un schiste peu métamorphisé et redressé presque verticalement.







A quelques dizaines de mètres en dessous de l'aire de pique-nique, en suivant la direction de Fleurac, un relief glaciaire intéressant peut être observé sur la droite dans une prairie limitée par un grillage à moutons.

Si maintenant on lève les yeux pour s'intéresser à la ligne d'horizon qui borde la face méridionale de la dépression de la Sumène, des témoins d'éruptions volcaniques. Remarquer à l'orient le parfait triangle du Puy d'Augoules constitué d'un trachyte blanc mais recouvert de bois, qui dépasse à peine de la ligne d'horizon ; à proximité mais plus près de nous : le village de La Monselie se signale par son clocher caractéristique, puis en progressant vers l'ouest se succèdent: la croupe allongée et boisée de La Fage, les falaises volcaniques de Chastel parfaitement circulaires représentant un lac de laves débarrassé de son enveloppe, le mur de Milhac en phonolite, le Puy de Sauvat, la croupe de Mazenroux, et vers le plein ouest, le volcan de Prodelles dont le flanc est exploité.

Pénétrons dans le village. Le centre est occupé par un rocher émoussé de grande dimension (30 m de long, et 6-8 m de haut. Il constitue une crête allongée en direction E W. L'aspect des deux faces est bien différent. La face sud est découpée en marches d'escalier, très irrégulière et chaotique. La face N est au contraire plane et lisse ; elle a manifestement été rabotée par les glaces. Ce plan est proche de la verticale. Ce rocher émoussé en forme de crête géante appartient au « couderc » du village. Il se prolonge vers l'ouest dans une propriété privée.



Le rocher au centre du village de Fleurac observé en direction du couchant. A gauche, face sud ; à droite, face nord. Observer la dissymétrie des deux faces. Les glaces et la structure de la roche ont été déterminantes dans la formation de la structure actuelle.

Le village de Fleurac réunit tradition et modernité. Le four à pain : signe d'une vie communautaire maintenant disparue, (avec quelques survivances de convivialité durant l'été). Mais aussi le village avec les maisons numérotées. Cette numérotation a été décidée par la commune de Ydes en collaboration avec l'administration des Postes (information de la mairie) pour faciliter la distribution du courrier mais aussi des colis par les transporteurs liés à la vente par correspondance. Cette numérotation concerne même les bâtiments d'exploitation…qui, peut-être, dans un futur plus ou moins lointain, sont susceptibles de transformation en bâtiments d'habitation !! Est-ce le signe d'une métamorphose déjà effective dans d'autres provinces de France et décrite dans l'ouvrage Le village métamorphosé : révolution dans la France profonde ?

« J'ai vu quand la révolution agricole a sorti les fermes des villages pour les remplacer par des exploitations rationnelles d'abord intra-muros en rationalisant l'espace traditionnel, puis en détruisant les vieilles granges pour des hangars en fer. J'ai assisté à ce grand coup de balai dans les cours et les greniers, et avec lui, à l'imitation du traitement du paysage et de l'univers suburbains, j'ai vu s'appliquer dans ma campagne une philosophie de l'ordre, du pratique et du coquet. Le fleurissement ostentatoire des rues et des maisons a pris la place des tas de fumiers ; goudron et ciment ont recouvert les flaques et les mares. Tout cela pour dire que l'ordre au cordeau a fait irruption dans le monde rural, et avec lui l'aversion de tout ce qui gène, encombre ou dépasse. Dans l'idéal tout au moins, car, dans la réalité, heureusement ai-je envie de dire, les choses n'en sont pas encore tout à fait là bien que la ville qui nous pousse s'approche de plus en plus et s'apprête à nous phagocyter ». (Pascal Dibie, Col. Terre humaine, Plon).








Le four à pain, symboles de la vie en circuit fermé, représente la phase terminale -après labours, semailles, moisson, battage et passage au moulin- d'un processus d'autosuffisance : faire son pain.... Deux types de construction sont observables : les fours isolés, soit privés soit communs aux habitants d'un écart ou du chef-lieu (photo 1) et les fours intégrés au bâtiment d'habitation (toujours privés) (photo 2). Evidemment, avec l'apparition de la numérotation des bâtiments, nous franchissons plusieurs siècles (photos 3 et 4). La rapidité impose ses contraintes ; la discussion avec le facteur qui donnait des nouvelles du bourg, n'est plus une nécessité.

Le village présente un intérêt certain dans l'architecture des maisons. Il s'illustre par l'existence de clés de voûte sculptées, (d'autres villages sont aussi dans ce cas) ; de plus on peut trouver des éléments originaux tels qu'une imposte monolithique non signalée dans l'inventaire du canton de Saignes. Enfin, ce village constitue une limite géographique dans l'utilisation des matériaux de construction. En venant de l'est, le village présente les premières maisons construites à partir de granite et d'arkose, à côté du gneiss présent dans toute la vallée. C'est le signe de la proximité du sillon houiller.






Quelques éléments intéressants dans la décoration des constructions : maisons d'habitation et granges-étables : un imposte monolithe et une clé de voûte sculptée








Les roches utilisées dans la construction. De haut en bas : gneiss oeillé, granite, grés ou arkose. Noter que les moellons de granite ont tendance à s'arrondir. Les blocs de gneiss sont souvent utilisés comme pierres d'angle.