geo.cybercantal.net sommaire La Piste Verte et ses abords 4 - Verchalles - Cheysac
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La piste Verte à proximité de Verchalles et de Cheyssac...

... et les témoins de l’époque glaciaire.

Verchalles et Cheyssac sont deux gros villages de la commune de Vebret. Cette promenade à proximité de la Piste verte permet de comprendre la distribution de l’habitat. Deux caractéristiques sont à retenir : l’importance du nombre de hameaux dépendant du chef lieu communal et pour chaque hameau l’importance du nombre de bâtiments et par conséquent, de la population. Cette distribution montre à la fois une dispersion à l’échelle de la commune et une concentration à l’échelle du hameau. La commune de Vebret comporte 13 écarts en plus du bourg.

Noter pour Verchalles, les deux groupes d’habitations qui constituent chacun un village : Verchalles Soutro (au-dessous) et Soubro (au-dessus) disposés à des altitudes différentes. De nombreux villages sont dans ce cas avec secteur haut et secteur bas indiquant probablement une construction en deux temps.

La disposition du village de Cheyssac est différente. Il occupe une zone plate qui a été utilisée pour le passage des voies de communication : aussi bien le chemin de fer (Bort vers Riom puis Neussargue et Bort vers Mauriac puis Aurillac) que la route (carrefour de Cheyssac donnant vers Bort, Champ, Riom et Saignes) : c’est le croisement de deux relations importantes, Salers vers Champs puis Besse-en-Chandesse (Puy-de-Dome) et Bort-Riom puis Murat.On remarque souvent le nombre de passages à niveaux : ici au nombre de quatre pour cet unique village, mais pour deux lignes de chemin de fer. De ce point de vue, une « concurrence » est apportée par le secteur Ydes-Largnac-Vendes avec sur une seule ligne, 6 passages à niveaux sur 6km. Cheyssac est un gros village de la commune de Vebret. Il est curieux de remarquer que ce village abrite un certain nombre d’artisans qualifiés dans la réfection des maisons anciennes, alors qu’ils sont absents dans le chef-lieu. Ce village abrite par ailleurs la zone artisanale de la commune. L’importance de ce village a justifié « dans le temps » la construction d’une école.

Notons qu’à côté du village carrefour (Cheyssac) ou du village double (Verchalles), on rencontre le village terminal (Rochemont), linéaire (Salsignac), de flanc de vallée (Antignac), de sommet de crête (Montpigot, la Besseyre…). Courtilles est cependant situé en fond de vallée ; ici la richesse du sol a été plus forte que les inconvénients des zones basses souvent humides avec un brouillard matinal plus fréquent et une inversion de température provoquant des gelées précoces et tardives. En fait, Courtilles est construit sur une petite éminence, ce village surplombe de quelques mètres les plaines inondables par la Sumène.

Pour l’historique de chaque village de la commune de Vebret, voir à l’adresse :
http://histoire-locale.chez-alice.fr

Tous les villages se caractérisent par la présence d’un « couderc » (A. Durand) ou « coudert » (P. Bonnaud)

C’est une partie du communal qui se trouve associée à la vie communautaire. Il s’est constitué progressivement en même temps que s’élevaient les maisons du village. « Le village est un regroupement de maisons dans un ordre au moins relatif avec des enchevêtrements de toits, de jardins et de coudercs, en disposition le long du chemin » (G. Beiss in Maurice Robert, 1993). Le village est bien différent du chef lieu communal. C’est une cellule rurale économique et non administrative, une réunion de gens vivant d’un même terroir. Il est souvent caractérisé par la présence d’un couderc qui constitue un espace communautaire qui a été préservé lors des premières constructions et de leur organisation spatiale. C’est un lieu économique (présence de l’abreuvoir), un lieu de passage (départ des chemins), un lieu de vie sociale (rencontre à proximité du lavoir, du puits, du four, du travail à ferrer), lieu symbolique par la présence de croix ou d’arbres tutélaires (à Vebret : l’espace Saint-Louis).

Selon la manière de concevoir la vie communautaire le couderc était plus ou moins important. Cette surface était commune mais en pratique la partie située devant chaque maison était le témoin de l’activité personnelle, elle abritait des objets ou des matériaux personnels (et servait ainsi au rangement du bois ou au dépôt du fumier) ou bien se trouvait réservée à une activité saisonnière (aire à battre). Cette surface quittait progressivement la communauté. Dans certains cas, probablement assez nombreux, la dérive était encore plus prononcée et la partie la plus proche de l’habitation était annexée par la construction de dépendances. Les voisins, souvent dans la même situation, ne disaient rien, d’où le proverbe rappelé par A. Durand : « le communal est un bon voisin ».

A. Durand précise (p.140) : « Après la Révolution, les usurpations [empiètement de la propriété privée sur le couderc] se produisent sans discontinuer jusqu’à nos jours. Elles furent surtout commises par les propriétaires limitrophes : il est aisé pour ceux-ci d’étendre les limites de leur bien, en englobant dans leur champ une partie du communal ; si personne ne s’élève contre le fait, on continue à arrondir sa parcelle et bientôt la prescription joue ».

Cette description du couderc valable pour le nord du Cantal ne l’est pas au sud. Ainsi en Châtaigneraie et dans le Carladez, le couderc est très réduit, souvent uniquement représenté par les chemins de desserte. L’explication est à rechercher dans le fait qu’à l’origine de l’appropriation, la délimitation des propriétés prévoyait les dépendances privées

Hameaux et villages au sein d’une commune

construire un diagramme en portant en position verticale, le nombre d’exploitations ou de maisons et en position horizontale chacun des groupements classés selon un ordre décroissant. Le plus souvent le chef-lieu est en tête puis les villages, les hameaux et les maisons isolées. Selon A. Durand « hameau » désigne une agglomération ne comprenant que 2 à 3 maisons et le terme « village » une agglomération plus importante. Le bourg possède les marques de l’administration religieuse : l’église, et civile : la mairie.

Cette méthode d’estimation de la dispersion évite d’utiliser le nombre d’habitants qui par définition, est instable ; elle s’appuie sur l’habitat qui subsiste dans le paysage même après avoir été abandonné par ses résidents permanents (voir par exemple pour notre propre région les Bulletins du GRHAVS N° 2, 12, 46, 57, 64 sur les villages disparus). D’autres méthodes ou indices souvent compliqués ont été élaborés mais ces indices prennent une valeur de plus en plus étroitement localisée, ce qui rend plus difficile l’établissement des concepts de la géographie générale. Plus récemment, le géographe P. Bonnaud utilise, pour cerner le « groupement » et la « dispersion », l’indice dit de dissémination. (Cf Pierre Bonnaud. 2003. De l’Auvergne : Un fil d’Ariane pour aller de la Confédération Arverne au III° millénaire. Editions CREER ; 318 pp. cf p.118)

L’indice de dissémination (ID) est le rapport simple entre le nombre de lieux habités (N) et la superficie communale donnée en km2 (S) : ID = N/S. Les valeurs types dans nos régions sont les suivantes :

Descriptif : Valeurs de l'indice :
Groupement concentré infèrieur à 0.4
Groupement polynucléaire 0.4-0.8
Semi-dispersion 0.8-1.1
Dispersion 1.1-1.4
Dispersion forte 1.4-2.3
Dissémination supèrieur à 2.3

On ne se prononce pas sur la meilleure manière de procéder. Il est clair cependant que les chiffres sont moins évocateurs qu’un diagramme.

L’organisation du sol : Les parcelles et leurs limites

Autour de Verchalles et de Cheyssac une caractéristique du paysage apparaît : l’importance des chemins et de leurs bordures formées de galets glaciaires. Ces chemins résultent d’un nettoyage des surfaces qui doivent devenir utiles à l’homme. Ce regroupement des galets glaciaires est contemporain de la déforestation : l’essartage. Actuellement, l’étroitesse des chemins anciens ne permet pas le passage des tracteurs. Les chemins modifiés par le remembrement se reconnaissent à leur dissymétrie : un côté limité par le mur ancien, l’autre limité par une clôture constituée de pieux en bois et de barbelés.


 

Haut.Le chemin creux avec ses phénomènes de lisière et de confinement participe à l’écologie et à la mythologie du bocage. Localement les nombreux pierriers, les murs bien plus larges que nécessaire pour constituer une séparation efficace, les chemins bordés de murs conséquents, indiquent le besoin primaire de libérer des surfaces pour constituer une parcelle exploitable. La construction de murettes constitue probablement une solution au nettoyage d’une aire. Il s’agissait de constituer une surface utilisable. Les contraintes d’aujourd’hui (augmenter la surface d’exploitation donc supprimer certaines limites de parcelles) apparaissent alors voisines des contraintes d’antan (acquérir une surface d’exploitation).
Bas.Des détails qui ne trompent pas sur la nature des roches. Deux types de murs érigés à partir d’éléments apportés par les glaciers laissés en désordre sur le sol puis rassemblés par les hommes. A gauche : blocs roulés constitués le plus souvent de basalte et secondairement de gneiss (environs de Cheyssac). A droite : blocs de forme parallélépipédique et aplatie, constitués de phonolite (plateau des orgues de Bort).

Quelle est l’époque du grand essartage ?

Il est maintenant prouvé que des signes avant-coureurs des grands défrichements apparaissent aux VI et VII siècles puis au IX°, mais c’est principalement entre le XI° et le XIII° que les mentions se multiplient dans les textes, révélant une activité fébrile d’augmentation des espaces cultivés, ager au détriment du saltus. Cette activité concerne aussi bien l’agrandissement des espaces agricoles déjà existants que la fondation de nouveaux finages indépendants. » (cf J-R Pitte : Histoire du paysage français)

Les précisions d’Alfred Durand : La vie Rurale dans les Massifs volcaniques des Dores, du Cézallier, du Cantal et de l’Aubrac. (p. 57-58).
Au Moyen Age, les forêts étaient encore immenses : a bulle pontificale de 1561 répétant les termes de celle qui accordait à saint Géraud le droit de fonder le monastère d’Aurillac dit que ce dernier était situé « dans une vaste solitude environnée de toutes parts de taillis et de forêts ».
L’Aubrac était de même entièrement boisé ; et la forêt était si dense et si sauvage que le monastère qui y avait été élevé, portait, gravé sur la porte d’entrée : « In locco horroris et vastae solitudinis ».
Un acte de 1216 rédigé par Etienne II, évêque de Rodez, rappelant la fondation du monastère des doms d’Aubrac dit du pays : « C’était un lieu d’horreur et de vaste solitudes, couvert de forêts redoutables, sombres et inhabitables, où ne croît aucun fruit et où on ne trouve aucune nourriture pour l’homme dans un rayon de deux ou trois lieues (5).

Au surplus, de nombreuses « montagnes », c’est à dire des pâturages d’été portent encore un nom qui indique que des bois y existaient autrefois : ainsi la Côte du Bousquet (Cne de Marcenat), le Bos obscur(Cne de Paulhac), les Blattes del Bos (Cne de Saint-projet-de-Salers), le Bos (Cne de Chanterelle), le Bois des Ombres (Cnes de Dienne et de Laveissière).

A la fin de XVII° siècle, le déboisement de l’Auvergne était un fait accompli et suivant M. Luquet la hêtraie qui avait couvert de vastes surfaces était à peu près complètement abolie surtout dans les Dores ; par contre, la sapinaie était à peu près intacte car elle appartenait soit à de puissants seigneurs soit à des ecclésiastiques fort jaloux de leur bien.

Quelles sont les causes du recul de la forêt ? Les monastères ont probablement joué un rôle dans le déboisement à l’origine : la « maison de Graule » par exemple, sise en plein Limon n’eût pas prospéré au milieu des bois et elle tailla dans ceux-ci pour établir ses pacages et ses champs. De même l’abbaye de Feniers. Mais le plus souvent, les moines ont empêché dans une large mesure l’exploitation exagéré »e de la forêt : ainsi Antoine d’Estaing, dans l’Aubrac, fait en 1512 « défense de couper un arbre vert ou sec sans être afforesté et d’accord avec celui à qui sera donnée la charge des bois » et exige que chacun se comporte en « bon père de famille ». Buffault pense que le recul de la forêt a été favorisé sur les hauteurs par le fait qu’aux premiers temps historiques et pendant longtemps par la suite, la circulation se faisait, non par les vallées marécageuses et coupées de verrous, mais par les plateaux. Surtout, le montagnard étant essentiellement pasteur n’hésita pas à couper l’arbre pour créer de nouveaux pâturages. La forêt fut ainsi ravagée par le haut et par le bas : par le haut car les vaches, les moutons et les chèvres qui allaient estiver au-dessus de la zone sylvatique broutaient les branches et les jeunes plants ; par le bas car c’est là qu’on agrandissait son champ ou son pré, qu’on puisait pour la consommation familiale. Ajoutons les incendies allumés plus ou moins intentionnellement et on comprendra pourquoi la grande forêt primitive fut émiettée, rongée et mise dans le pitoyable état où elle est réduite.

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(2) : cette opinion, généralement accréditée , n’est basée que sur de rares documents.

(3) : A la fin du IX siècle, en 894 : « Pago tunc in vasta solitudine constituto ac nemoribus et silvis undique circumdato ». Texte reproduit dans la bulle de sécularisation de l’abbaye d’Aurillac par Pie IV en 1561.

(4) : Deltour (Abbé) : Aubrac, son hôpital, ses montagnes, sa flore. Rodez, Carrère, 1892. p.57.

(5) : « Locus horroris et vastae solitudinis, terribilis, silvestris, tenebrosus, et inhabitabilis ubi cibus nullus vel alliquis fructus ad usum hominis prope locum a duabus leucis vel tribus nusquam crescire potuit ». Charte de fondation d’Aubrac (vers 1108) par Adalard, vicomte de Flandres.

(6) : Ph Arbos : L’Auvergne, Paris, Colin

(7) : A. Luquet : Esquisse phytogéographique du Mont-Dore. Revue de Géographie Alpine, 1926.

(8) : Deltour (Abbé) : Aubrac, son hôpital, ses montagnes, sa flore. Rodez, Carrère, 1892. p. 128.

(9) : Buffault : De quelques forêts anciennes du Cantal. Revue de la Haute Auvergne, t. XXII, 1924.

Le terrain se partage en parcelles dédiées à différentes activités. Ces parcelles sont séparées par des chemins et des haies.

La parcelle est la trace sur le sol de l’appropriation et de la mise en valeur. C’est une création entièrement humaine, à valeur juridique et fiscale, consacrée par le cadastre (G. Bertrand).

Les éléments de la trilogie agraire(les trois parties généralement complémentaires de l’agrosystème): ager, saltus, sylva,correspondent respectivement à l’espace cultivé, l’espace pastoral et l’espace forestier. Elles sont représentées en surface de façon inégale dans le secteur étudié, l’espace pastoral dominant. Les rapports entre les structures naturelles et les éléments d’origine anthropique s’y combinent de façon différente.

La haie participe aux caractères agronomiques des parcelles voisines. L’arracher est toujours une « aventure écologique » qui a des répercussions économiques et parfois socio-psychologiques. Toutefois, sa destruction ne signifie pas obligatoirement « dégrader » le milieu, mais c’est créer un nouveau terroir aux aptitudes agricoles différentes et pas toujours prévisibles. C’est aussi créer un nouveau paysage donc un autre cadre de vie. (p82). En fait dans le cas présent, le dommage est limité du fait que les parcelles réunies participent du même type d’exploitation. L’unité d’exploitation est conservée. Le dommage porte souvent sur la diminution du linéaire « haies » donc sur cet espace écologique aux caractéristiques propres, et en définitive porte sur la diminution de la diversité floristique et faunistique.

Les chemins, souvent limités par des haies, sont aussi des éléments du paysage à cause de leurs spécificités dont la principale est une forte stabilité dans le temps. En conséquence, ils offrent la possibilité de relier le paysage actuel à des antécédents très anciens (P. Bonnaud). Près de Cheyssac, on peut encore retrouver quelques anciennes sections de la route (ou plutôt du chemin) qui reliait Bort à Riom. La vallée du Soulou était empruntée et, actuellement, à proximité de Couzans et La Ganette, des sections anciennes sont encore reconnaissables avec chaussée et pont.

L’habitat

Dans la maison traditionnelle de type pastoral, le même toit de chaume, ou d’ardoise pour une époque plus récente, couvre les différentes parties fonctionnelles du bâtiment, placées les unes à la suite des autres : habitation, grange-étable, hangar, loge à cochons. C’est la maison-bloc à terre accompagnée la grange étable. La partie habitation n’a pas d’étage : elle comprend essentiellement un rez-de-chaussée avec au-dessus, le prolongement direct de la grange ou un aménagement en grenier.

Chaumière photographiée vers 1975-1980 dans la région de Druls (Antignac). Pour voir un village ayant préservé ses toits de chaume, il faut gagner la vallée de la Cère,à Thiézac puis joindre le petit village de Niervèze

Dans d’autres cas, l’habitation est séparée du bâtiment d’exploitation ou grange-étable. Cette grange-étable a deux fonctions : elle héberge le cheptel de la ferme et abrite le fourrage sec que les animaux vont consommer durant l’hiver. L’étable au rez-de-chaussée est réservée aux animaux placés de part et d’autre du passage central, la tête tournée vers le mur le long duquel s’alignent les crèches. La grange abrite la motte de foin. L’accès à la grange s’effectue par la façade, et non par le pignon, directement lorsque le bâtiment est adossé à un talus, ou par l’intermédiaire d’un plan incliné : la montade.

Toutes les maisons ne correspondent pas à des maisons d’agriculteurs. Certaines sont destinées fonctionnellement aux artisans.C'est une maison à deux niveaux. Le niveau supérieur est réservé à l’habitation. Le niveau inférieur correspond à l’atelier. De telles maisons peuvent être observées à Cheyssac, à Vaussaire, à Couchal…Il n’y a pas de communication interne entre les deux niveaux. Le niveau supérieur est atteint par un escalier externe qui prend souvent le nom de bollet.

Dans le village de Cheyssac et ceux des alentours, un certain nombre d’annexes peuvent être repérées : fours, porcheries, puits, lavoirs et fontaines, moulins, pigeonniers et poulaillers…

Les fours à pain. Symboles de la vie en circuit fermé, représentent la phase terminale -après labours, semailles, moisson, battage et passage au moulin- d’un processus d’autosuffisance : faire son pain.... Deux types de construction sont observables : les fours intégrés au bâtiment d’habitation (toujours privés) et les fours isolés, soit privés soit communs aux habitants d’un écart ou du chef-lieu. Une politique récente de rénovation des fours permet de conserver ce patrimoine et de le faire fonctionner plusieurs fois par an.

Les moulins sont nombreux. On profitait du moindre ruisseau pour en établir plusieurs. Ainsi, sur le ruisseau de Cheyssac (le Soulou) qui est très court (14 km) on comptait 8 moulins. Plusieurs raisons expliquent cette forte densité. Eviter fatigue et peine aux habitants des villages s’ils étaient obligés de porter les grains à un autre village plus distant que le leur; les chemins étaient souvent mal entretenus… Prendre en compte la densité importante de la population et un nombre restreint de moulins aurait conduit à attendre son tour. Garder en mémoire la réduction des moulins fonctionnels pendant la période d’étiage : les moulins situés en hauteur, ne pouvaient fonctionner.

Relevé du nombre de moulins sur la Sumène et ses affluents. Travail du Groupe de Recherche Historique et Archéologique de la vallée de la Sumène. Bull. N° 23-24-25, 1981. Le système de représentation permet de s’affranchir des trajets et des longueurs spécifiques des affluents tout en conservant les hiérarchies.

 

La recherche de l’eau a été une préoccupation constante de l’homme. Avant la révolution industrielle, les pacages avaient chacun un point d’eau. Maintenant les citernes et tonnes fleurissent. Ici deux exemples montrent l’entretien d’une source et d’un puits. La recherche de l’eau est toujours à l’ordre du jour. Elle s’effectue par des moyens industriels (cf par exemple le chapitre Recherche de l’eau en planèze de Saint-Flour) ou au niveau artisanal par des sourciers à l’aide de baguettes. Pour connaître la vie d’un sourcier, voir le livre : « Les lettres du sourcier cantalien Germain Rouches » préface de Gandilhon Gens-d’Armes, Poirier-Bottreau, ed. Aurillac 1946.

 

A gauche : les restes « intéressants » des moulins sont déviés de leur usage d’origine. Ici, le village de Vaussaire (Voussaire sur les cartes IGN) possédait, sur le Ruisseau de l’étang, rive gauche de la Rhue, deux moulins actuellement en ruines (moulin à céréales et moulin à huile). Les meules du moulin à céréales sont actuellement disposées sur un support pour être utilisées en tables de jardin, à proximité d’une maison. Ce village est connu pour la confection de boissellerie, sabots, bâtons tournés. Les artisans devaient être nombreux. On trouve encore dans le village une maison à balcon extérieur qui caractérise la maison d’un artisan.
A droite : récupération éclairée de différents types de meules. Le Pré Mazou, commune de Saint-Etienne-de-Chaumeil ; ces meules ont été récupérées à proximité de l’habitation; le ruisseau de la Scie, déversoir du lac de Mont-de-Bélier alimentait plusieurs moulins avant de rejoindre la Rhue à proximité de Vaussaire. Ces deux photographies concernent des meules encore utilisées aux XIX° et XX°siècles ; elles sont donc différentes des meules gallo-romaines présentées plus bas.

Meule de moulin…. objet de travaux universitaires ? C’est ce que l’on constate après la parution récente de l’étude de A. Belmont sur « La pierre à pain » (2006). La pierre à pain a été une nécessité pour obtenir de la farine. En effet le grain de blé, ou froment, est un objet compliqué... Pour parvenir sur la table, toute céréale doit au préalable avoir été écrasée puis tamisée. Les hommes eurent tôt fait de comprendre cette obligation et inventèrent dès la préhistoire plusieurs techniques de broyage du grain. Malgré ses 332 pages, aucune référence n’est faite à notre département. Pour ce qui concerne les sources archéologiques se reporter p.263 et pour ce qui concerne les sources consultées p. 255. Le Tableau 9 p. 300 (Inventaire des meulières régionales en activité en 1809) établi d’après les rapports de préfectures, signale cependant le Cantal avec 6 communes abritant des carrières (Aurillac, Auzers, Drugeac, Bassignac, Lanobre et Saint-Vincent). Pourtant, si on en croit les qualités requises des roches utilisées qui doivent être non seulement rugueuses mais aussi résistantes aux efforts mécaniques, arkose, grès, brèches, granite, gneiss, schiste et surtout basalte sont toutes présentes à proximité. Ces roches ont été mises à contribution dans nos campagnes et un relevé local des meules anciennes a été entrepris (voir Bulletin du GRHAVS n° 51). C’est à partir de ce bulletin que nous reproduisons les photographies suivantes. Une recherche minutieuse ainsi qu’une révision géographiquement élargie, mériteraient d’être entreprises.

 

Provenance de quelques meules gallo-romaines à main, découvertes dans la région.
1 : Lanobre ;
2 : Courtilles ;
3 : Saint-Etienne-de-Chomeil, lieu-dit « Bélier », chez Benoît ;
4 : gare de Saignes ; d’après GRHAVS n°51, 1991, pl.
5 : Meule de moulin à eau gallo-romain, Champs-sur-Tarentaine ; d’après GRHAVS n°51, 1991, pl. II : meule inférieure, « méta » ou dormante ; meule supérieure « catillus » ou tournante. Certaines de ces meules sont visibles à Champ-sur-Tarentaine (syndicat d’initiative) et au Centre Avéna d’Antignac (musée d’Archéologie).

Une construction caractéristique : la grange - étable

C’est l’élément architectural caractéristique de la région. Cette construction à plan rectangulaire, est montée en superposition : la partie inférieure pour le bétail et la partie supérieure pour la réserve de foin. L’étable auvergnate ouvre sur les deux pignons. Les portes sont en anse de panier à clé de voûte souvent décorée. L’étable est divisée en deux parties longitudinales chacune accueillant le bétail disposé en deux rangs. Les bêtes sont opposées dos à dos, elles font face aux murs gouttereaux sur lesquels sont appliquées les crèches ou mangeoires. La partie supérieure s’ouvre en revanche par une seule porte au milieu du mur gouttereau qui donne sur le sud: un plan incliné, la montade ou levade, fait le lien avec le terrain alentour. A l’opposé de la porte de grange, une ouverture est pratiquée permettant un courant d’air lors du battage.

 

A gauche : vue de l’extérieur de l’ouverture pratiquée sur le mur exposé au vent d’ouest. Ici, trois catégories de matériaux peuvent être observés. La pierre de Menet (trachyte) blanche et bien taillée pour les parties verticales; en s’approchant on peut reconnaître les traces de bouchardage. La pierre de Brocq brune, d’origine volcanique, appelée piperno, est aussi bien taillée que la précédente; elle termine le cadre de l’ouverture par les éléments horizontaux. Elle est moins homogène que la précédente, et des amas de diverses dimensions sont visibles. A droite : vue interne d’une grange avec les bottes de foin en cours de remisage. Ces bottes peuvent occuper un maximum d’espace du fait de la disposition des éléments de la charpente (voir plus loin).

J. Mallouet fait allusion (Sentiers Arvernes 1982 p.40) à une commande concernant la construction d’une grange dans la région de Riom-ès-Montagnes. Le devis précise les dimensions des principaux éléments de la charpente, en particulier « les chevrons devront faire 7,66 m et les poutres 10 m ». En reportant ces dimensions sur un plan, en tenant compte de la disposition des poutres reposant partiellement sur le mur gouttereau, l’angle de faîtage mesuré est de 87 ° donc analogue à celui mesuré dans la région de Vebret. La construction des bâtiments d’exploitation semble répondre, pour ce qui est de la structure transversale, à un schéma unique très répandu parmi les entrepreneurs de maçonnerie. Dans le sens longitudinal la distance « entre axes » séparant deux chevrons voisins est proche de 1 m. Il est aussi remarquable que les études sur la grange cistercienne de Graule (montagne du Limon, entre les vallées de la Santoire et de la Rhue de Cheylade) indiquent aussi une séparation de l’axe de deux crèches voisines, du même ordre de grandeur (Communication de Mme C. Chappe-Gauthier)

Structure transversale d’une grange-étable. Remarquer que l’amplitude verticale de la partie du toit oblique est proche de celle de la partie inférieure. L’ensemble de la construction s’inscrit dans un carré.

Les charpentes d’une grange permettaient l’entrée des chars de foin tirés par une paire de vaches jusqu’aux années 1945-1950, puis des tracteurs jumelés à une plate-forme. Leur disposition dégage une hauteur libre importante ce qui conduit à entreposer le foin en une très haute ‘fenière’ sans gène éventuelle par la charpente. Les éléments longitudinaux et transversaux sont reportés en hauteur. Chaque ensemble transversal de charpente qui se répète dans le sens longitudinal de la construction constitue une ‘ferme’.

L’angle au sommet de la ferme mesuré directement sur carton avec tracé des chevrons sur le carton ou indirectement par trigonométrie du triangle limité par le faux entrait (h= 170, base= 330-332) conduit à une valeur de 87-88°. La hauteur du mur gouttereau à partir des galets atteint 480 en prenant comme référence au sol le fond du double fossé central.La hauteur libre de l'étable est 220; et celle dans la partie grange de710; on peut constater une quasi égalité entre la hauteur de la partie "toit"(470) et celle de la partie "murs" (480). La distance entre les murs gouttereaux (935) conduit à une longueur des poutres proche de 1000 en supposant une pénétration de poutres voisine de 30 dans chaque mur. Il ne faut pas conclure cependant à une portée des poutres égale à cette distance. Dans le sens longitudinal trois zones peuvent être reconnues, deux zones latérales isolées de la partie centrale par des séparations à claire-voie, soutenues par des poteaux verticaux : d’un côté les « parsous » et de l’autre les crèches. Toutes les mesures de ce paragraphe sont données en cm.

Remarquer la dissymétrie NS de certaines dimensions par exemple la hauteur de la jambe verticale prise dans le mur ; côté N elle atteint 243 et côté S 235. Est-ce pour compenser la différence de diamètre des poutres qui sont toutes disposées avec le plus grand diamètre au N ?

Détails concernant quelques éléments d’une ferme. Le terme « ferme » désigne l’ensemble des éléments transversaux d’une charpente qui se répète périodiquement selon un module proche du mètre. On notera dans les illustrations à venir les différentes modalités de liaison dans le sens longitudinal, entre deux fermes successives.

La face opposée à l’entrée dans la grange présente une ouverture caractéristique mais qui peut paraître étrange. En fait elle correspondait à un besoin de ventilation lorsque les céréales étaient plus abondantes que maintenant. Sa position est à l’opposé de l’ouverture principale de la grange.La zone immédiatement interne par rapport à la porte était utilisée pour battre les épis (aire à battre). Pendant le battage cette ouverture permettait une ventilation efficace.

Les murs (gouttereaux et pignons) ne sont pas formés de pierres taillées mais constitués d’éléments irréguliers, souvent des galets plus ou moins arrondis, de nature très variée : basalte, schistes, gneiss ; leur taille est aussi très hétérogène…ils proviennent des épandages fluvioglaciaires. Le toit est constitué d’ardoises de Corrèze. Il est maintenant difficile d’observer des toits de chaume.



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Différents types de liaisons entre les fermes successives peuvent être observés : 1 : chaumière, les fermes sont reliées par des pannes de versant de petite dimension suffisamment rapprochées pour tenir le chaume;pour tous les autres types il n’y a pas de pannes mais une liaison entre les faux entraits en plus d'un ensemble de planches (la douelle) supportant les ardoises.
2 : une liaison simple ;
3 : une liaison double ;
4 : liaison circulaire au centre de la grange puis double liaison vers les deux extrémités ;
5 : détail d'une liaison entre éléments transversaux et longitudinaux Ces éléments sont marqués par des chiffres romains pour la facilité de la reconnaissance des pièces au moment du montage. Exercice : retrouver sur ces deux éléments celui qui est dans le sens longitudinal du bâtiment et celui dans le sens transversal.

 
 

Un objectif de promenade peut être la recherche des clés de voûte sculptées ou datées qui ornent l’axe des ouvertures de pignon des étables. 1 : Vebret ;2 : Milhac; 3 : Le Châtelet; 4 : La Robertie; 5 : La Fage.

L’élevage

A proximité de ces deux villages, mais aussi dans toute la vallée de la Sumène, on observera les différentes races de bovins qui accompagnent maintenant les « Salers » ce qui permettra de s’interroger sur les types d’exploitations développées actuellement (vers la viande ? vers le lait ?), sur les types de croisements, sur l’utilisation de la terre (prairies de fauche mais aussi champs de maïs, et ce maïs pour quoi faire ?), sur la mise en réserve du foin, d’abord dans les granges mais de plus en plus à l’extérieur dans des ballots de couleur vive ou dans des silos.

Pour l’élevage en « montagnes » auvergnates, voir à l’adresse :
http://geo.cybercantal.net/php/lire.php?id=13

Les différentes races de vaches que l’on peut rencontrer dans la vallée de la Sumène

Salers                                                                                          Montbéliarde

 



Prim’holstein                                                                                Charolaise

 



Aubrac                                                                                       Abondance

 



Limousine                                                                                    Croisement Charolais

 



Monument dans le village d’Allanche à la gloire de la race Salers


Depuis quelques dizaines d’années, la race Salers a perdu de son importance. Elle est concurrencée pour la production laitière par la Monbéliarde et la Prim’holstein, et pour la viande par la Charolaise. En fait elle est très utilisée pour la production de « broutards » dans les troupeaux mixtes tels que croisement mâle Charolais avec vache Salers. La race Salers a reçu la reconnaissance de la Haute Auvergne : elle a son monument sur une place d’Allanche en Cézallier. C’est Tissandier d’Escous, dont une statue orne la place principale de Salers, qui a amélioré, dans les années 1850, cette race par des croisements contrôlés.

Les témoins glaciaires visibles à proximité de Verchalles et de Cheyssac

A l’époque du dernier maximum glaciaire, l’ensemble de la région était recouvert de glaces qui formaient une sorte de carapace très irrégulière sur le Cantal, le Cézallier et les Mont Dores. Pour ce qui concerne l’axe de la Sumène, (Sumène proprement dite et Soulou) les glaces prenaient leur origine dans le secteur de Riom-ès-Montagnes. Les dépressions étant comblées, le mouvement superficiel ne répondait pas nécessairement à la morphologie du relief terrestre. Le mouvement des masses de glace dépendait des forces en présence considérées à une échelle régionale. Ainsi la carapace du Cantal, dans sa limite nord (région de Trizac) était influencée dans son mouvement par les glaces formées plus au nord provenant de l’Artense. Ces glaces formées au nord de la Rhue ont exercé une poussée orientée vers le sud ou le sud-ouest donc vers la Sumène : elles ont vraisemblablement débordé en plusieurs endroits qu’il est possible d’identifier encore de nos jours. Ces passages constituent les vallées sans rivière ou vallées mortes et les chenaux d’évacuation. Mais des traces encore plus évidentes de l’existence de glaciers résident dans la présence des murets de pierre. Dans notre vallée, les limites constituées de blocs plus ou moins arrondis sont les témoins glaciaires les plus visibles. Ces blocs, mis en place au sein d’une pâte hétérogène, la matrice, constituaient à l’origine une ancienne moraine ou le résultat d’un épandage fluvioglaciaire. Les blocs les plus superficiels ont été rassemblés par les hommes et accumulés en murettes ou en amas plus ou moins circulaires : les pierriers. Il est encore possible d’observer des zones non dégagées, souvent occupées par des blocs de plus grande taille, et désignées par le terme « cimetière des innocents ».

Les blocs erratiques

Carte des Blocs erratiques à proximité de Cheyssac. Le carrefour de Cheyssac constitue un bon repère et permet un stationnement aisé. Quatre routes divergent de ce nœud de circulation. C’est en direction de Saignes et d’Antignac que les blocs les plus spectaculaires peuvent être observés. En direction de Saignes observer sur la gauche ; en direction d’Antignac observer sur la droite au niveau du hameau Le Clos.

 

Environs de Cheyssac : les blocs erratiques observés, sur la gauche, en direction de Saignes à 100 m du chemin desservant le village de Verchalles qui lui, prend sur la droite. Le grand bloc de droite est en basalte. Il semble circulaire mais en fait il est coupé verticalement du côté caché, opposé à l’observateur ce qui donnerait une coupe transversale en forme de demi cercle. Les dimensions sont les suivantes, profondeur : 3,5 m, largeur : 10 m, hauteur : 5,5 m, volume : minimum de 200 m3, poids : 560 t.

 


 

Les paysages moutonnés.

Lors de son lent déplacement le glacier n’est pas inactif. Les blocs de roche entraînés sous la glace constituent la moraine de fond. Par leur mouvement, ces débris provoquent une abrasion énergique de la roche en place, d’où l’apparition de stries. En fonction de la dureté relative des roches, ce peut être le contraire. Les roches moutonnées présentent deux aspects bien différent selon que l’on regarde de part et d’autre du sommet : le côté amont présente un aspect émoussé, usé et lisse avec pente ascendante très faible, le côté aval présente un aspect plus chaotique, en marches d’escaliers avec pente descendante marquée.

 

Deux exemples d’une interférence entre histoire climatique et action humaine. A gauche les pierriers résultent de l’épandage désordonné de blocs de roches de différentes dimensions (10 à 60 cm) au moment de la fonte des glaces, puis mis en tas par l’homme pour libérer les surfaces. Ce nettoyage peut encore être observé actuellement. A droite le profil de la D3 a mis à jour une belle coupe d’une moraine. Le matériel glaciaire, toujours hétérogène, est constitué de sédiment fin à forte teneur d’argile, de gravier et galets atteignant une dizaine de cm. Ce matériel constitue une nappe importante sur le flanc sud-ouest du village de Verchalles.

Les dépressions humides ou sagnes. C’est le territoire mouillé, marécageux, où l’évacuation de l’eau se fait mal. Les sagnes se forment sur des fonds à pente longitudinale très faible, plats ou légèrement surcreusés. Ces zones basses ont été remblayées par du matériel soliflué sous climat périglaciaire ou glaciaire. Ce matériel est souvent riche en particules argileuses et donc accentue la rétention de l’eau sur un substratum déjà imperméable.

  A proximité de Verchalles : les sagnes

Avec les « sagnes » nous abordons un des terroirs les plus caractéristiques des hauts pays. De nombreux hameaux portent ce nom et trahissent l’importance qu’il revêt dans l’esprit du cultivateur...

...Une « sagne », c’est le terroir mouillé, marécageux après la pluie et la fonte des neiges, où l’évacuation de l’eau se fait mal...

Le lieu de prédilection des « sagnes » est représenté par les fonds plats et de pente longitudinale très faible : un ruisseau coulant à fleur de sol est impuissant à drainer ce territoire. Ces fonds de vallée, empâtés et remblayés par des masses d’arènes et de terres solifluées au quaternaire froid, sont très largement représentés dans les hautes terres du M.C.

L’importance des « sagnes » dans le paysage est très variée. Elles forment souvent un couloir continu, étroit, accompagnant un minuscule ruisseau. C’est le cas d’anciennes vallées glaciaires maintenant vallées mortes : vallée morte de Montpigot, près de Cheyssac.

Dans d’autres situations, les « sagnes » constituent de véritables bassins : ces sagnes, larges, sinueuses ramifiées en multiples alvéoles, cernent des hauteurs et même les isolent de toute part : ainsi se multiplient, comme en Artense, les îles de terre ferme qui émergent de l’immensité marécageuse.

Enfin une « sagne » peut être très limitée en surface, de forme quasi circulaire, complètement isolée dans un ensemble relativement plat. C’est l’abondance d’un matériel argileux soliflué, accumulé dans un léger creux, au sein d’un épandage glaciaire ou périglaciaire qui suffisent à déterminer ce terroir humide (région de Verchalles)

Des noms de lieux humides témoins d’une culture, héritages du passé…

Une autre façon de découvrir les zones humides est l’étude de l’origine de leurs noms. La toponymie locale, riche, suggère l’abondance de ces milieux. Beaucoup ont hélas disparu et ne survivent qu’au travers de leurs noms !

L’eau, nécessairement présente dans la vie d’une zone humide, a influencé bon nombre de dénominations. Lorsqu’elle abonde en sources, ce sont les « fonts » ; quand elle se rassemble en un même lieu, ce sont les « couffous » ; quand elle imbibe des prairies, ce sont les « mouillères » ; quand elle stagne, ce sont les « sagnes ». La « narce » ou « narse » désigne une zone humide généralement située dans un creux, souvent de vastes étendues marécageuses où l’eau affleure à certaines périodes de l’année ; le « lacou », une petite dépression remplie d’eau. Le terme « limanna,limagne » est lié à la nature du sol (limon, vase).

La végétation a également inspiré l’appellation des milieux humides : les Bouleaux ont donné « les besses », les bois d’Aulnes, « les vergnes », les Linaigrettes dans l’Artense, les « barbas ». Certains vocables font allusion à l’exploitation de ces milieux par l’Homme, telles « les mines », voire à son désir de les assainir, telles «les rases ».

D’après la plaquette : « Entre terre et eau : les zones humides d’Auvergne » éditée par la FRANE : Fédération de la Région Auvergne pour la Nature et l’Environnement - FRANE

1 bis rue Frédéric Brunmurol – 63122 CEYRAT
Tél/Fax : 04.73.61.47.49 – E-mail : Frédéric Brunmurol

Les vallées mortes et chenaux d’évacuation

Les vallées mortes apparaissent comme le résultat de la libération par les glaces d’un tronçon de rivière qui ne récupère pas son lit une fois les glaces disparues (région de Champs-sur-Tarentaine). Elles peuvent apparaître aussi par le simple travail du glacier qui profite par exemple d’un ensellement entre deux reliefs pour accentuer la morphologie d’origine (entre Cheyssac et Antignac).

Les chenaux d’évacuation correspondent à la localisation d’un débordement glaciaire qui initie une saignée dans le relief. Ensuite, les eaux de fonte accélèrent l’érosion qui s’arrête en fin de fonte, si bien qu’aujourd’hui les encoches dans le relief ne sont plus dynamiques. Le glacier de la Rhue (1) a exercé une poussée orientée du nord (ou nord-est) vers le sud (ou sud-ouest) donc vers la Sumène il a très vraisemblablement débordé vers le sud en plusieurs endroits qu’il est possible d’identifier encore de nos jours. Ces passages constituent ce que nous avons appelé les chenaux d’évacuation.

Vallées mortes et chenaux d’évacuation sont numérotés de 1 à 11 sur la carte présentée dans le dossier Piste Verte 1 : Le paysage.

(1) : Définir un glacier par la rivière actuelle n’est probablement pas correcte si on admet être ici en présence d’un glacier de piémont qui recouvrait les thalwegs et avait une dynamique propre sans rapport avec la direction des rivières.

a) Vallées mortes. Un exemple entre Cheyssac et le Béal d’Antignac : ce passage emprunté par la voie ferrée Bort-Neussargue représente l’action d’une langue glaciaire originaire probablement de la Sumène, et rejoignant la plaine de Cheyssac. Cette direction reste encore discutée et le trajet pourrait être l’inverse. Voir aussi le trajet de la Piste Verte entre Saignes et Ydes : le secteur de Fanostre et le village de Ydes jusqu’à Largnac, représente aussi une vallée sèche.

Une vallée “morte” entre Cheyssac et Le Béal (hameau situé entre Couchal et Antignac). Cette dépression empruntée par l’ancienne voie de chemin de fer reliant Bort-Les-Orgues à Riom-ès-Montagnes, représente l’ancien trajet d’une langue glaciaire qui provenait très probablement de la vallée de la Sumène. En effet cette direction est confirmée par les morphologies spécifiques dites « roches moutonnées » qui permettent de distinguer un côté amont et un côté aval. C’est maintenant une vallée sans écoulement ou écoulement très faible.

Un exemple comparable se situe entre Saint-Thomas et la Baraquette. La route Clermont-Aurillac emprunte cette autre vallée actuellement sèche qui faisait communiquer le glacier de la Rhue vers la dépression de la Sumène à proximité de Saignes. Sur ce parcours, le trajet du glacier devait se déplacer à contre pente ce qui est souvent observé sur le profil longitudinal d’une vallée glaciaire.

b)Chenaux d’évacuation. A proximité de Cheyssac, en gagnant le village de Rochemont situé sur la crête séparant les deux vallées : Rhue et Sumène. La route qui conduit au village emprunte un thalweg caractéristique, dessiné en marche d’escalier. Mais la distance Rochemont-Cheyssac est courte et il n’existe qu’un seul replat. Le plus frappant est d’observer une « vallée », une indentation cette fois en forme de V caractéristique d’une érosion fluviatile qui débute à proximité du village donc en un point culminant. Actuellement cette entaille ne peut subir l’action d’un agent d’érosion d’un point situé plus en hauteur ; elle ne montre aucun signe de vitalité et un seul petit filet d’eau nettement visible dans sa partie inférieure, peut être reconnu. La meilleure hypothèse est d’admettre l’existence d’une masse de glace qui dépassait en hauteur l’interfluve Sumène-Rhue et qui avait tendance à se propager vers le sud. En se retirant, lors de la fonte, cette masse a été à l’origine du torrent de Rochemont qui constituait un chenal d’évacuation des eaux de fonte. Ainsi ce ravin qui dissèque le flanc d’une crête représente le travail d’un ancien glacier.

Un second exemple d’un tel chenal peut être décrit au nord-est du château de Couzans en descendant de Fouliade en direction de Druls. Après avoir rejoint la route D 49 le trajet longe le flanc droit d’une vallée fluviatile parfaitement caractérisée. Cette vallée a un dénivelé proche de 110 m, de 620 m à son origine jusqu'à 510 m. à son confluent avec la rivière Le Soulou. Cette entaille représente le résultat de l’action fluviatile lors de la fonte des glaciers. La présence des glaciers dans ce secteur est encore attestée par l’existence de blocs erratiques caractéristiques.