geo.cybercantal.net sommaire La faune fossile dans les diatomites de Murat
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Les Empreintes dans la diatomite de Murat : 2 : la faune

Dans une première partie nous avons présenté les empreintes de végétaux qui constituent des fossiles de grande taille que l’on ne peut manquer de voir à l’œil nu ; ce sont des éléments de la macroflore. En outre nous avons montré que les diatomites sont constituées par un amas de cellules végétales à enveloppe siliceuse. Ces cellules ne sont visibles qu’au microscope et constituent la microflore. La faune est aussi représentée, le plus souvent par des fossiles de petite taille, souvent de quelques millimètres, qui n’attirent pas spécialement l’œil. D’où la rareté des descriptions. Cependant des insectes et des arachnides ont bien été récoltés, à la fois par des professionnels mais aussi par des amateurs.

P. Legrand, dans son travail de 2003 consacré principalement aux empreintes de végétaux, réserve cependant quelques lignes aux fossiles animaux en insistant sur leur rareté. Il rappelle les travaux de Piton et Théobald (1935) qui se rapportent à six insectes. Il note des exemplaires généralement incomplets et en faible nombre dans les niveaux moyens supérieurs de l’exploitation d’Auxillac, notamment des coléoptères dont les élytres conservent des teintes métalliques vertes ou bleues mais qui ternissent au séchage.

Piton, L. et N. Théobald. 1935. La faune entomologique des gisements mio-pliocènes du Massif Central. Revue des Sciences Naturelles d’Auvergne 1(2) p 65-104, 5 pl.

Nous présentons deux types de travaux : d’une part la description par un spécialiste, d’ailes de libellules conduisant à la définition d’espèces nouvelles et d’autre part des illustrations diverses de fossiles d’insectes récoltés par des amateurs.

1- Empreintes d’ailes de libellules (Odonates)

Les Libellules comprennent deux séries de formes qu’une observation même sommaire permet de distinguer. Dans une première approximation, on peut les désigner d’après le genre le plus important de chacune de ces séries : les Libellulides ou Anisoptères et les Agrionides ou Isoptères. Les premières sont de grande taille, ont un vol puissant et rapide. Les secondes sont les Libellules de petite taille, de couleur variée : bleu, rouge ou doré ; elles volent lentement, paisiblement au bord des moindres zones humides. D’autres différences peuvent être signalées. La tête est hémisphérique chez les Libellulides et transversale chez les Agrionides. Cette tête porte deux gros yeux à facettes soit contigus chez les Libellulides, soit distants chez les Agrionides. Les 4 ailes indépendantes sont horizontales chez les Libellulides mais relevées chez les Agrionides. Du point de vue géologique ce sont des insectes très anciens ; les libellules sont présentes dans le Carbonifère de Commentry (300 millions d’années) ; l’une des espèces de cette époque atteignait 70 cm d’envergure. Ici les animaux qui ont laissé leurs empreintes dans la diatomite d’Auxillac sont plus jeunes, ils remontent à seulement 3 à 5 millions d’années !

Illustration des deux groupes de libellules (étang de Majonenc, juillet 2005) : au lecteur de décider où est le représentant des Libellulides (Anisoptères) et celui des Agrionides (Isoptères).

La description qui suit a été extraite d'un article scientifique préparé par Mr Nel et ses collègues. Nous avons retenu, avec son autorisation, la partie traitant des empreintes récoltées dans la diatomite de Murat.

Fig.1. Celithemis cantalensis n.sp., specimen holotype MNHN-LP-RR. 10445, miocène supérieur, Sainte-Reine, altitude 1100 m, Murat, Cantal, France ; échelle : 2 mm.

Fig.2. Sympetrum cantalensis n. sp., spécimen holotype MNHN-LP-RR. 10446, miocène supérieur, Sainte-Reine, altitude 1100 m, Murat, Cantal, France ; échelle : 2 mm.

Fig.3. Gomphidae indéterminé MNHN-LP-RR. 10448, base de l’aile; miocène supérieur, Sainte-Reine, altitude 1100 m, Murat, Cantal, France ; échelle : 2 mm.

Fig.4. Aeschnidae, Gomphaeschninae Allopetalia europaea n.sp., specimen holotype MNHN-LP-RR. 10444, miocène supérieur, Sainte-Reine, altitude 1100 m, Murat, Cantal, France ; échelle : 2 mm.

Fig.5a Vulcagrion cantalensis n. sp. specimen holotype MNNHN-LP-RR. 10433, miocène supérieur, Sainte-Reine, altitude 1100 m, Murat, Cantal, France ; échelle : 2 mm. 5b et 5c : Vulcagrion cantalensis n. sp. specimen paratype ; échelle : 2 mm.

Références bibliographiques:

Carte d’identité d’une empreinte nouvelle pour la science

exemple : Celithemis cantalensis n. sp

Phylum : Invertébrés Arthropodes
Embranchement : Mandibulates terrestres
Classe : Insectes
Sous-classe : Pterygotes (ptérygogènes)
Ordre : Odonates (=Archiptères ; Libellules)
Sous ordre : Anisoptera
Famille : Libellulidae
genre : Celithemis Hagen 1861
espèce : Celithemis cantalensis n. sp

origine du nom : d’après le nom de la région qui inclut le lieu de récolte des échantillons de l’espèce nouvelle ;

locus typicus : lieu qui a fourni ces échantillons; on dit aussi « terra typica » ;

stratum typicum : pour des animaux récoltés dans des sédiments disposés en strates d’âge variable, il est nécessaire de préciser l’âge de ces formations en se référant à l ‘échelle des étages stratigraphiques ;

holotype : échantillon privilégié, le type, qui a permis la description initiale ; il est gardé précieusement en zoothèque ;

paratype(s) : autre(s) échantillon(s) de la même espèce gardé(s) comme référence supplémentaire mais n’étant pas défini(s) comme le type de l’espèce ;

diagnose : brève liste des caractères essentiels permettant un signalement sans ambiguïté ;

description : énumération détaillée accompagnée d’une illustration des différents caractères ;

2-Empreintes diverses d’insectes (collection Chatagnier d’Octobre 2005).

Ces empreintes sont en cours d’étude au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, par l’équipe de Mr Nel.

Légende des illustrations relatives aux empreintes d’insectes de la collection Chatagnier

1-2 : Ephéméroptera, Baetidae (larve)
3-4 : Diptera, Bibionidae
5: Isoptera, Hodotermitidae, Ulmeriella (femelle)
6-6bis-6ter : Hymenoptera, Formicidae
7-7bis : Trichoptera, nymphe
8 : Hymenoptera, Ichneumonidae
9 : Ephéméroptera, Heptageniidae (larve)

Déterminations par André Nel, Muséum National d’Histoire Naturelle, Laboratoire d’Entomologie, 45 Rue Buffon, Paris.

3- Empreintes diverses à partir des collectes de MM. Bhaud, Champreux, Groseiller et Humbert :

Insecte hyménoptère, avec deux paires d’ailes de taille inégale; abdomen caractéristique avec alternance de segments foncés et clairs.

Insecte diptère, reconnaissable à la tête un peu détachée marquée par la masse importante des yeux composés en position oblique; abdomen et 3 paires de pattes visibles ainsi que les ailes détachées de l’abdomen. Longueur 6 mm.

 

Araignées (Chélicérates) ; 4 paires de pattes marcheuses. Les pattes sont rattachées au prosome (région antérieure) ; l'opisthosome (région postérieure) est à peine visible.

insecte hyménoptère ; largeur totale, ailes déployées : 11 mm.