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La neige dans le Massif du Cantal

Une contrainte pour la gestion des territoires ?

Frédéric SERRE
Maître de Conférence
Université Blaise Pascal
Clermont-Ferrand

La neige : une contrainte pour la gestion du territoire ?

Sur les hautes terres du Cantal, la neige est un phénomène météorologique banal, qui intervient plus ou moins directement sur les activités humaines. Parfois considérée par les populations comme une ressource touristique (sports d’hiver) ou hydrologique (rétention nivale), la neige peut également représenter un handicap dans le domaine des transports (entrave à la circulation) ou pour l’agriculture (longues périodes de stabulation).

La neige contribue largement à la réputation de rigueur climatique des hautes terres cantaliennes. Au-dessus de 1000 m d’altitude, les chutes de neige deviennent fréquentes du mois de novembre au mois d’avril, et le manteau neigeux, même s’il n’est jamais très épais, se maintient durablement pendant plusieurs semaines. Surtout, de violentes tempêtes de neige redoutées par les habitants balayent régulièrement les hauts plateaux et rendent les conditions de circulation très difficiles, voire périlleuses.

Les apports neigeux

Les chutes de neige sont fréquentes sur les hauteurs du Cantal (Figure 1). Le nombre de jours de chutes de neige par hiver est proche de 50 vers 1000 m d’altitude et dépasse 70 au-dessus de 1200 m d’altitude. Ces valeurs sont comparables à celles observées dans les Alpes du Nord à altitude équivalente. Toutefois, les apports neigeux réels engendrés par ces chutes restent modestes en raison de la fréquence élevée des épisodes « pluvio-neigeux », durant lesquels la pluie précède ou remplace la neige : la moitié des chutes de neige recensées se produit pendant des épisodes « pluvio-neigeux ». Ainsi les épaisseurs de neige au sol cumulées chaque hiver ne dépassent-elles guère 150 à 200 cm vers 1000 m d’altitude.

Figure 1 – Nombre de jours de chutes de neige sur le Massif du Cantal

Le manteau neigeux

La neige tient au sol environ 50 jours en moyenne par hiver vers 1000 m d’altitude et plus de 80 jours au-dessus de 1200 m (Figure 2). Mais à l’échelle des versants, la durée et l’épaisseur du manteau neigeux est très variable, en raison de l’influence du vent. En effet, les vents forts à dominante ouest, qui sont fréquents sur les planèzes à la topographie monotone et sur les hauteurs volcaniques du Cantal, redistribuent la neige au sol : au moment de la chute de neige, parfois quelques heures ou quelques jours après, les grains de neige précipités sont déplacés par le vent, et pendant le transport, ils se subliment ou s’accumulent sur les versants abrités. Par conséquent, les hauteurs de neige sont plus élevées sur les versants orientaux abrités ; en période de fonte, la neige persiste plusieurs semaines après le déneigement des versants occidentaux directement exposés aux vents d’ouest.

Figure 2 – Nombre de jours avec sol enneigé sur le Massif du Cantal

Trop de neige sur les routes

L’accumulation de la neige sur le réseau routier représente une entrave à la circulation, et par-là même, une gêne pour les populations. Sur les hautes terres, la neige aggrave l’enclavement résultant de l’abandon progressif des territoires. En effet, dans les campagnes, les habitants doivent se déplacer sur des distances parfois assez longues pour accéder au travail, aux services et aux commerces localisés dans les pôles d’activités urbains. Par conséquent, les habitants anciennement ou nouvellement installés considèrent aujourd’hui l’enneigement du réseau routier comme un véritable handicap, d’autant plus que la route constitue le mode de transport privilégié sur ces territoires. Les conditions hivernales de circulation sur le réseau routier dépendent à la fois de la magnitude des chutes de neige et des moyens mis en œuvre par les pouvoirs publics pour lutter contre l’accumulation de la neige sur les chaussées.

Les DDE en première ligne

Les Directions Départementales de l’Equipement (DDE) ont un rôle prépondérant dans l’organisation du déneigement. Elles ont en charge la viabilité hivernale des réseaux nationaux et départementaux, et parfois celle des réseaux communaux. Les plans d’intervention sont mis en œuvre à l’échelle locale par un ensemble de subdivisions, qui interviennent soit sur un secteur déterminé (de la taille d’un canton en général) soit sur un axe particulier (subdivisions autoroutières). Chaque subdivision regroupe plusieurs centres d’exploitation, à partir desquels sont organisés les circuits de déneigement. Le coût des opérations de déneigement est souvent considérable : il faut des engins puissants, parfois spécialisés, et des personnels nombreux (Figure 3). La question centrale pour les pouvoirs publics est de dimensionner les moyens, en fonction à la fois des impératifs socio-économiques et de l’aléa météorologique. Actuellement, les moyens disponibles permettent de faire face aux situations de routine, mais ils sont insuffisants durant les épisodes de tempête de neige.

Figure 3 - Chasse neige en action sur les routes enneigées des Monts d’Auvergne

Un ennemi redouté : le vent

Les principales difficultés de circulation sur les hautes terres du Massif central et du Cantal sont souvent associées aux tempêtes de neige (Figure 4) (lien 1), c’est-à-dire à des chutes de neige plus ou moins abondantes accompagnées de vents forts. Ces tempêtes rendent les déplacements difficiles voire périlleux, non seulement en raison des accumulations sous forme de congères sur les routes, mais aussi parce que la neige soulevée et balayée réduit considérablement la visibilité (Figure 5). Après plusieurs jours de tempête, les épaisseurs de neige sur les routes peuvent dépasser plusieurs mètres, notamment sur la planèze de Saint-Flour, sur les plateaux de l’Aubrac et du Cézallier. Surpris par « l’écir » , des automobilistes se retrouvent parfois bloqués et doivent abandonner leur véhicule. Les interventions des gendarmes sont assez fréquentes, afin de porter secours aux véhicules en difficulté et d’organiser des convois derrière les engins de déneigement. Pendant les fortes tempêtes, les responsables décident de fermer les routes exposées, pour limiter les risques d’accidents. Ces coupures peuvent affecter certains axes prioritaires, comme la RN 122 entre Aurillac et Murat.

Figure 5 – Les difficultés de circulation pendant les tempêtes de neige dans les Monts d’Auvergne. Au premier plan, un véhicule est bloqué dans une congère et le chasse-neige, en arrière plan, ne peut dégager. En raison du vent violent, la neige transportée réduit considérablement la visibilité.

Les routes en hiver : trois situations caractéristiques

Quand les chutes de neige sont faibles et peu durables, la circulation peut s’effectuer sur l’ensemble du réseau routier. Sur les routes nationales qui sont à la fois déneigées et salées, la chaussée est remise « au noir » quelques heures après la chute. Sur le réseau départemental, le salage est plus rare et la circulation doit alors s’effectuer sur une mince pellicule de neige tassée. Le dépôt de gravillons sur les secteurs glissants (virages dangereux, rampes importantes) limite les risques de glissement. La neige engendre dans ce cas un simple allongement des temps de trajet sur les axes secondaires. Les engins « légers » suffisent pour satisfaire les objectifs de qualité du déneigement. Les usagers quotidiens des routes sont les plus sensibles à ces difficultés, comme les travailleurs pendulaires par exemple, surtout lorsque les trajets entre le domicile et le lieu de travail s’effectuent sur des axes non prioritaires. A l’échelle du département du Cantal, les risques les plus forts sont enregistrés au cœur du massif cantalien (franchissement de cols à plus de 1200 m d’altitude) et dans le Cézalier (Figure 6).

Figure 6 – Carte du Risque de ralentissement de la circulation sur le réseau routier

Quand les chutes de neige sont modérées ou quand les vents sont assez forts pour former des congères, les conditions de circulation deviennent très variées sur les différents axes. Les engins conventionnels suffisent pour déneiger les routes prioritaires, mais l’amoncellement continu de la neige entraîne une forte mobilisation des équipes de déneigement, qui doivent effectuer plusieurs rotations dans la journée pour limiter les risques de ralentissement voire pour éviter les risques de blocage. En revanche, sur le réseau départemental non structurant, le chasse-neige assure un seul passage dans la journée, de telle sorte que les accumulations de neige créent un risque de blocage localisé. Ces fortes accumulations nécessitent ensuite ponctuellement l’intervention des engins spécialisés, si bien que le blocage de la circulation peut être assez long. Il existe alors une inégalité entre les populations desservies par des axes prioritaires qui circulent sur une route « au noir », et celles desservies par un axe marginal où la circulation est difficile voire impossible. A l’échelle du département du Cantal, les risques les plus forts sont enregistrés sur la partie septentrionale et orientale du massif cantalien (planèze de Saint-Flour) et sur les hautes surfaces du Cézalier (Figure 7).

Figure 7 – Carte du Risque de blocage localisé de la circulation sur le réseau routier

Durant les fortes tempêtes de neige comme celle de février 1989, la contrainte est maximale. Les conditions de circulation sont partout difficiles voire impossibles. Même les axes principaux peuvent être bloqués, malgré la mobilisation de moyens importants. Les fortes accumulations de neige sur les chaussées nécessitent souvent l’emploi d’engins spécialisés plus lents et plus coûteux que les engins conventionnels et il faut attendre que la tempête se calme avant que les routes soient progressivement ouvertes à la circulation. Encore une fois, les populations des écarts (hameaux et fermes isolés) desservis par des axes secondaires sont les plus défavorisées car la durée du déneigement peut s’étaler sur plusieurs jours. A l’échelle du département du Cantal, les risques les plus forts sont enregistrés sur la partie sud-ouest du massif cantalien (vallée de la Cère et de la Jordanne), en Aubrac et dans le Cézalier (Figure 8)

Figure 8 – Carte du Risque de blocage généralisé de la circulation sur le réseau routier

Les ressources nivales et le ski

Pour enrayer la tendance au déclin démographique des hautes terres du Massif central, les acteurs locaux tentent de promouvoir de nouvelles activités, comme le tourisme des sports d’hiver. Les investissements se sont multipliés dans les années soixante et soixante-dix, dans des secteurs où parfois la garantie d’un enneigement suffisant n’était pas assurée. Aujourd’hui, le manque de neige constitue un handicap non négligeable, qui explique directement les difficultés que rencontrent les habitants pour rentabiliser les investissements sur le plan économique (risques d’endettement) et sur le plan social (précarité des emplois). La variabilité inter-annuelle de l’enneigement entraîne des fluctuations marquées de la fréquentation et donc des recettes. Ces problèmes se sont aggravés à la fin des années quatre-vingts et au début des années quatre-vingt-dix, après plusieurs hivers peu enneigés. De plus, d’une manière générale, pendant le semestre froid, les périodes d’exploitation sont limitées en raison de la discontinuité du manteau neigeux. Toutefois, certains domaines skiables localisés près des sommets cantaliens sont privilégiés car ils reçoivent des apports neigeux relativement abondants et réguliers durant l’hiver.

La précarité de l’enneigement

Dans le Cantal, la présence du manteau neigeux reste aléatoire tout au long du semestre froid et la variabilité inter-annuelle tend seulement à renforcer l’irrégularité chronique de l’enneigement. Entre 1000 m et 1200 m d’altitude, les probabilités d’enneigement fluctuent durant l’hiver à des niveaux souvent assez faibles (Figure 9). Les valeurs maximales sont enregistrées en janvier et février : durant cette période, la présence de la neige au sol sans critère d’épaisseur est garantie plus d’un hiver sur deux et le manteau dépasse 10 cm un hiver sur quatre à un hiver sur trois. A cette altitude, la probabilité de dépasser 50 cm excède rarement un hiver sur dix quelle que soit la date de l’hiver retenue !

Figure 9 – Probabilités d’enneigement à Saint-Jacques-des-Blats (1000 m). Les courbes illustrent les probabilités (en %) de dépasser les seuils d’enneigement retenus (neige au sol, 10 cm et 50 cm) aux différentes dates de l’hiver, entre le 1 er décembre et le 30 avril. Les calculs ont été effectués à partir des données de Météo-France.

L’origine des apports neigeux

Si d’une manière globale les chutes de neige sont fréquentes, celles qui contribuent efficacement à la croissance du manteau neigeux restent assez marginales : les épaisseurs de neige cumulées pendant l’hiver de ces chutes efficaces (supérieures à 5 cm) sont inférieures à 150 cm entre 1000 et 1200 m d’altitude, et atteignent seulement 200 cm vers 1400 m.

Au nord-ouest du Massif central, les chutes de neige efficaces sont associées aux circulations atmosphériques méridiennes à composante nord. Les quantités de neige fournies quotidiennement restent souvent modestes, en raison de la faible humidité des masses d’air. C’est le cas de l’épisode de décembre 1986 (Figure 10). Dans cet exemple, les hauteurs de neige au sol augmentent de 10 cm environ durant une période de trois jours. Ces valeurs sont assez homogènes car la disposition du relief permet la pénétration des influences nordiques jusqu’au cœur du Massif central. La croissance du manteau est équivalente aux différents niveaux d’altitude, notamment dans le Cantal.

Figure 10 – Carte de Croissance du manteau neigeux par flux de nord

Figure 11 – Carte de Croissance du manteau neigeux par flux d’ouest

Les chutes de neige efficaces sont également associées aux circulations atmosphériques zonales (flux d’ouest). D’une manière générale, ces conditions de circulation favorisent les façades occidentales du Massif central, comme dans le cas de décembre 1993 (Figure 11). Alors que les hauteurs de neige augmentent de 20 à 30 cm dans les Monts d’Auvergne, dans l’Aubrac et dans la Margeride, la croissance du manteau neigeux reste peu significative (environ 5 cm) sur la bordure orientale du Massif central, en position d’abri relatif. Les dissymétries liées à la topographie sont observées aussi à l’intérieur d’un même massif : les secteurs en position interne sont toujours défavorisés. Ces oppositions spatiales assez nettes s’expliquent par la disposition méridienne du relief qui engendre des effets d’abri. D’une manière générale, les apports neigeux par flux d’ouest sont significatifs sur la seule bordure occidentale, depuis le massif des Monts Dore jusqu’à l’Aubrac. Par ailleurs, les hauteurs de neige augmentent de manière significative en liaison avec l’altitude.

Le ski : une activité aléatoire ?

La pratique du ski demeure aléatoire dans de nombreux domaines skiables du département du Cantal. Les conditions minimales d’enneigement (lien 2) sont souvent insuffisantes, notamment pendant la période des vacances de Noël (Figure 12). Pendant les vacances de février, périodes où sont généralement atteintes les valeurs d’enneigement maximales, la pratique du ski est moins aléatoire (Figure 13). De plus, pour les exploitants, en février, les conséquences néfastes liées à l’absence de neige durant une ou deux semaines peuvent être limitées si l’enneigement est suffisant pendant la deuxième partie des vacances. A Noël, la concentration des vacances sur deux semaines ne permet guère d’envisager une telle compensation.


Figures 12 et 13 – Cartes des Risques de manque de neige dans les domaines skiables à Noël (à haut) et en février (à bas).

Restera-t-il de la neige au XXI ème siècle ?

Selon l’opinion couramment répandue, la neige serait de moins en moins abondante (Fig. 14) dans le Massif central. Certes, ces assertions sont assez anciennes. Mais comme les scientifiques ont révélé une tendance au réchauffement climatique global depuis les dernières décennies, les habitants sont aujourd’hui confortés dans leur conviction. Toutefois, il faut rester très prudent quant à ces affirmations pour trois raisons principales. D’abord, il ne faut pas confondre la variabilité et la variation du climat. Ces termes recouvrent des réalités relatives à deux niveaux d’échelle différents. La succession des hivers très enneigés et des hivers peu enneigés (variabilité inter-annuelle) observée sur une période standard de trente années doit être considérée comme un élément constitutif du climat régional actuel. Seules les tendances enregistrées entre plusieurs décennies permettent de déterminer les variations climatiques à long terme. Ensuite, la mémoire humaine est très subjective et le souvenir des hivers très rigoureux de la fin des années soixante-dix semble avoir effacé de la mémoire collective les hivers peu enneigés des années précédentes. Enfin, les conséquences régionales d’un éventuel changement climatique global caractérisé par un réchauffement de la planète sont très discutées.

Figure 14 – Des hivers de plus en plus cléments ?

Ce texte provient de l’ouvrage de Frédéric SERRE : « La neige dans le Massif central », ouvrage publié par les Presses Universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand.
La publication de cet extrait a été autorisée par la direction des Presses Universitaires Blaise Pascal.
Ce livre peut être commandé à :

CERAMAC (Centre d’Etudes et de Recherche Appliquées au Massif Central
Université Blaise Pascal
Maison de la Recherche, 4 Rue Ledru
63057 Clermont-Ferrand Cedex 1

Pour en savoir plus :

ESTIENNE P., 1956, Recherches sur le climat du Massif central français , Paris, Météorologie Nationale, (Mémorial de la Météorologie Nationale n° 43), 242 p.

NAAIM F., BRUGNOT G., 1992, Transport de la neige par le vent : connaissances de base et recommandations , Grenoble, CEMAGREF - Division nivologie, 250 p.

PÉGUY Ch.-P., 1989, Jeux et enjeux du climat , Paris, Masson, 255 p.

SERRE F., 2001, La neige dans le Massif central , Presses Universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 203 p.

SOUDIERE M. de la, 1987, L’hiver - A la recherche d’une morte saison, Lyon, La Manufacture, 268 p.

STARON G., 1993, L’hiver dans le Massif central français , Saint-Etienne, Publication de l’université de Saint-Etienne, 402 p.

VALADAS B., 1984, Les Hautes terres du Massif central français - Contribution à l’étude des morphodynamiques récentes sur versants cristallins et volcaniques , Caen, Imprimerie Editec, 2 vol., 927 p.

Les tempêtes de neige et le transport de la neige par le vent

» Les conditions minimales d’enneigement

» Table des Matières détaillée

Les tempêtes de neige et le transport de la neige par le vent

Le drift désigne les processus associés au transport de la neige par le vent. Lorsque les conditions sont favorables, le vent peut arracher les particules de neige au sol et les déplacer sur des distances variables. Pendant le transport, les particules vont se sublimer ou se déposer dans les secteurs abrités du vent, dans le sillage des obstacles naturels, comme les arbustes et les talus, et des obstacles anthropiques, tels que les pylônes, les glissières de sécurité, les palissades… (Figure 4) L’importance du dépôt neigeux est conditionnée par la densité du drift , c’est-à-dire par la quantité de neige transportée.

Figure 4 – Le drift et la formation des congères

La structure du drift est relativement complexe. Trois processus de transport sont distingués conventionnellement. Lorsque le vent est assez fort pour arracher les particules de neige au sol, elles peuvent être déplacées à la surface du manteau neigeux. C’est le processus de reptation. Il y a saltation quand ces particules sont soulevées et projetées par bonds successifs. Enfin, la diffusion turbulente correspond au maintien en suspension des particules par des mouvements tourbillonnaires. La reptation est un phénomène de surface (quelques millimètres au-dessus du manteau neigeux). Dans le cas de la saltation, les particules circulent près de la surface du sol (moins de 1 m). Dans le cas de la diffusion turbulente, elles peuvent s’élever jusqu’à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. La quantité de neige mobilisée croît de manière importante avec la vitesse du vent : lorsque la vitesse augmente de 5 m s -1 à 10 m s -1 , les masses de neige transportées peuvent être multipliées par dix. Les accumulations locales sous forme de congères dépendent en premier lieu de la saltation, alors que la diffusion turbulente liée à des vents plus forts a un rôle négligeable.

Les conditions minimales d’enneigement

Il s’agit des séquences supérieures à sept jours où le manteau neigeux dépasse toujours 10 cm, c’est-à-dire des périodes courtes, durant lesquelles le domaine skiable est partiellement accessible.

Les Monts du Cantal sont relativement favorisés. En effet, si la pratique du ski demeure aléatoire pendant les vacances de Noël (enneigement insuffisant un hiver sur quatre à un hiver sur deux), février offre des garanties d’enneigement satisfaisantes, puisque les conditions minimales d’enneigement sont enregistrées plus de trois hivers sur quatre. C’est le cas en particulier dans les domaines nordiques du col de Serre et de Prat de Bouc, voire du centre de ski alpin du Lioran. Dans ce dernier cas, les sommets des reliefs sont assez élevés (supérieurs à 1800 m), de telle sorte que les domaines skiables exploités s’étendent sur des dénivellations supérieures à 500 m. Les niveaux d’enneigement sont relativement élevés grâce à d’importants apports neigeux associés aux circulations atmosphériques à composante nord et ouest. L’avantage sur le plan des apports neigeux est accentué du fait de l’altitude élevée des domaines skiables qui se localisent près des plus hauts sommets du Cantal. Les équipements sont installés à des altitudes supérieures à 1200 m. Toutefois, pour assurer la pérennité de l’activité, en particulier celle liée au ski alpin. il est nécessaire de financer divers aménagements visant à conserver la neige durablement (canons à neige, barrières à neige…)

Table des Matières détaillée