Une exposition au Centre Avena
Le centre Avena est rempli d’images du Moyen Age, relatives aux moulins, aux plantes, aux paysages, à la vie quotidienne… et lors de mes premières visites des années 1970, il n’était pas possible de les ignorer. Cet arrière plan mémoriel constituait une bonne préparation à la réception plus récente de nouvelles informations telles que l’édition sur support papier du « Moyen Âge en lumière » qui a été une véritable révélation, puis la découverte du support informatique correspondant au livre précédent et, sur le plan local, l’accès à deux ouvrages numérisés de la Médiathèque d’Aurillac.
Ces différents éléments m’ont amené à ordonner ce matériel et à envisager le projet d’en extraire une partie, qui en définitive se révèlera infime devant le stock disponible, pour la faire connaître dans le cadre de notre association.
Cette exposition apparaît clairement comme un moyen de montrer ce que véhiculent les manuscrits enluminés : les Ecritures bien entendu, mais aussi l’histoire, la littérature, le droit, la philosophie, la science…En définitive l’exposition revient à dessiner les contours de cette époque qui s’étend sur environ mille ans.
Il est réconfortant que les grands spécialistes de la question, informés de cette préparation, retrouvent dans ce modeste projet régional, ce qu’ils avaient souhaité au plan national : mettre à disposition du plus grand nombre les trésors des bibliothèques provinciales. Ce qui revient au niveau régional à faire découvrir des richesses de proximité. Alors si « donner à voir le patrimoine » est le but de notre association, cette dernière, avec une telle exposition, semble être parfaitement dans son rôle.
Michel BHAUD
Commentaires sur l’illustration de la couverture du Fascicule N° 70 (Avec l’autorisation des bibliothèques respectives).
1 (en haut, à gauche): Bède enseignant. Le maître est assis devant un auditoire de tout jeunes gens. Le cadre évoque une salle de classe avec son estrade supportant la chaire et le pupitre du maître. Bède argumente en comptant sur ses doigts les différents points de son énoncé. La leçon scolaire suit le modèle de la lectio divina monastique et emprunte à celle-ci sa tradition d’autorité. Livre de prières de Clément VII, Avignon vers 1378-1383. Avignon, BM, ms. 6733, f. 56r. (Légende d’après le « Dalarun », p 261).
2 (en bas à gauche) : traité d’Astronomie (Mont-Saint-Michel, environ 1150, Avranches, B.M. ms 235, f 32v.) utilisant la rotation de la voûte céleste pour savoir l’heure durant la nuit. A noter qu’à cette époque l’étoile polaire était plus éloignée des pôles que maintenant. Légende d’après le « Dalarun », p 44.
3 (en bas à droite): affranchissement de l’esclave. Cette miniature illustre le début du livre VII du Code de Justinien. Elle propose une interprétation médiévale du rite romain de l’affranchissement « par la baguette ». Devant le juge, porteur des insignes impériaux, le maître touche l’affranchi de son bâton. Code de Justinien (traduction française) Paris 3em quart du XIII° siècle. Lyon, BM ms, Palais des Arts, 43, f. 196r. (Légende d’après le « Dalarun », p 222).
Une exposition de grand intérêt à Antignac. Le Centre Avena organise du 15 juillet au 30 Août une exposition sur un thème du patrimoine qui n’est pas souvent évoqué : les enluminures du Moyen-Âge. Le niveau régional est bien représenté. Les municipalités d’Aurillac, de Clermont-Fd, de Moulins ont donné leur autorisation pour utiliser les copies de documents trop fragiles pour être manipulés.
Une exposition moderne. La présentation repose sur des supports de trois types : les panneaux classiques, l’ exposition d’une vingtaine de livres les plus significatifs dont Les Manuscrits Enluminés Occidentaux présents à la Bibliothèque Nationale de Russie de Saint-Pétersbourg mais surtout « Le Moyen Age en lumière » un ouvrage sur lequel nous reviendrons et enfin les supports informatiques permettant de feuilleter la Bible d’Aurillac comme si elle était entre nos doigts, et de consulter la synthèse exceptionnelle de l’équipe de l’IRHT-CNRS sous la forme d’un CD intitulé « Le Moyen Âge en Lumière ».
Intérêt humain. Mais au-delà de cet aspect technique mis au service de documents anciens certes, d’une grande valeur patrimoniale, à quoi peut bien servir l’étude de tels documents ? En fait c’est la vie du millénaire qui se trouve révélée par l’enluminure : les relations sociales, les relations de l’homme à la nature, de l’homme à Dieu, la manière de vivre de l’époque, la vassalité, le droit, les conflits d’autorité... Les relations entre le maître et ses élèves, entre celui qui dicte et celui qui écrit, entre les différents pouvoirs, sont parfaitement lisibles dans la posture des corps, la position des mains, la scène illustrée, la composition de l’enluminure…. Au visiteur de retrouver sur les panneaux de l’exposition la signification de ces illustrations.
