Marco Polo, Le livre des merveilles du Monde

Le Livre des merveilles fait rêver : témoignage historique, il est le fruit d'une aventure vécue pendant la seconde moitié du XIII° siècle, au bout du monde, sur ces terres de légende et de mystère pour le lecteur médiéval. L'Extrême-Orient décrit par Marco Polo va prendre encore un autre visage sous le pinceau des enlumineurs qui transposèrent dans leur vocabulaire iconographique traditionnel ce qu'ils n'avaient jamais vu et qu'ils avaient peine à imaginer à la lecture du texte. Leurs interprétations ont donné naissance à de somptueuses peintures, dont le charme n'a cessé au cours des siècles de ravir ceux qui ont eu le privilège de les contempler.

Marco Polo naquit à Venise au sein d'une famille de négociants et mourut dans la même cité, vers l'âge de soixante-dix ans, en 1324. L'aîné de ses oncles, Marco l’Ancien, tenait le comptoir familial à Soldaïa, en Crimée, tandis que son père Niccolo et son autre oncle Maffeo étaient engagés dans le commerce d'objets précieux avec l'Orient.

Une expédition, commencée en 1252, mena Niccolo et Maffeo à Constantinople. De là, ils repartirent en 1260, poussant toujours vers l'est jusqu'en Chine. Les deux marchands y rencontrèrent le Grand Khan, Kubilaï, qui les chargea d'un message pour le pape, exprimant la volonté d'entrer en contact avec des représentants de l'Église et d'obtenir, à titre de relique, un peu d'huile de la lampe du Saint-Sépulcre. Arrivés en 1269 à Acre où ils apprirent la vacance du Saint-Siège, Niccolo et Maffeo regagnèrent leur patrie en attendant l'élection d'un nouveau pontife. Deux ans plus tard, craignant que Kubilaï ne s'inquiétât de leur absence, ils quittèrent Venise, emmenant avec eux leur fils et neveu, Marco, alors âgé d'environ dix-sept ans. À peine le voyage fut-il amorcé que l'intronisation du pape Grégoire X leur fit faire demi-tour afin d'effectuer leur ambassade. Le pape leur confia lettres et présents, et leur adjoignit deux dominicains : les frères Niccolo de Vicence et Guillaume de Tripoli. Le voyage s'annonça rude, et l'imminence d'un raid mené par le sultan d'Egypte à la tête de sa « grande armée de Sarrasins » dissuada les deux religieux de poursuivre leur mission. Celle-ci fut accomplie par les trois Polo qui parvinrent auprès de Kubilaï en 1275. C’était le début d’un séjour de vingt ans, sans compter le temps du retour.