geo.cybercantal.net sommaire L'Association GRHAVS - CENTRE AVENA à Antignac 6 - Pour une maison du patrimoine
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6: NOUVELLES STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT POUR LA MAISON DU PATRIMOINE (CENTRE AVENA D’ANTIGNAC)

Plan pour une expansion durable des activités culturelles et touristiques

Sophie BESSI




SOMMAIRE


INTRODUCTION

I - CONNAITRE ET COMPRENDRE

A/ Apprendre
1. les circuits de découverte thématique
2. les publications
3. les ateliers pour enfants

B/ Se documenter
1. le centre Avena
2. Internet
3. le musée

II - PRESERVER ET VALORISER

A/ Sauvegarder
1. le problème de la modernité
2. la protection de l’habitat
3. la conservation du patrimoine

B/ Améliorer
1. la gestion de la Maison du Patrimoine
2. le développement du tourisme, Tourisme et Culture
3. l’image du pays

CONCLUSION





INTRODUCTION

La notion de patrimoine est vaste et précise à la fois. En bref, elle englobe l’ensemble de ce qu’une société entend conserver des traces de son passé dans le but de le transmettre aux générations futures. Cependant, il est difficile de définir à quoi se limite ce patrimoine. Les exemples les plus parlant sont les vielles pierres et les monuments historiques, mais les archives, les images, le folklore chanté et dansé, etc. en font également parti.

L’idée préconçue que le patrimoine est synonyme de « vieilles pierres » a été véhiculée malencontreusement par le Ministère de la Culture au moment de la création des Journées du Patrimoine en 1980. Cette confusion fréquente entre patrimoine et monuments historiques nuit, par l’insuffisance de financement et de publicité, aux sites non géré par la Caisse des Monuments Historiques (MONUM’). C’est dans cette optique que des associations comme la maison du patrimoine Avena ont vu le jour. Les collectivités locales peuvent ainsi développer, grâce à un soutien financier et technique de la part du ministère, une politique d’animation et de valorisation de leur patrimoine.

Comment intéresser les habitants d’une ville et d’une communauté de communes à leur patrimoine ? En leur donnant les clés de lecture de leur passé, cet héritage qui est leur appartient et qui donne un sens à leur vie quotidienne. Car souvent, les natifs d’une région n’apprécient ses beautés et ses particularités que lorsqu’ils ont dû la quitter, en général contraint et forcé. Cependant, les Auvergnats semblent conscients de l’importance de leur héritage patrimonial, comme d’autres nombreuses cultures régionales françaises (Bretons, Occitans, etc.). Preuve en est l’importance de la communauté des Auvergnats de Paris et l’attachement de ces émigrés au pays, notamment par le nombre de parisiens ayant un pied-à-terre en Auvergne.


Auvergnat de Paris : " A Paris, après 1880, les Auvergnats font de plus en plus parler d'eux et l'on peut se demander si l'Auvergne n'a pas un prolongement dans la capitale. En effet en 1882 un Aurillacois installé à Paris, Louis Bonnet, fatigué de voir ses compatriotes tournés en ridicule par les Parisiens et représentés comme ayant un accent et utilisant des expressions qui n'ont jamais existé, décide de leur rendre la fierté de leurs origines. Il fonde un journal, "L'Auvergnat de Paris ", où sont données des nouvelles du pays, surtout " les chiens écrasés ". Son premier numéro paru le 14 Juillet 1882 ". A.G MANRY - Histoire d'Auvergne.

Comment intéresser les touristes à visiter notre région ? De plus en plus nombreux chaque année, les vacanciers recherchent à la fois du calme, un environnement naturel préservé et des activités culturelles variées. Le tourisme vert est en pleine expansion ; le public qui le pratique n’est sensiblement pas le même que celui qui préfère la mer ou bien la haute montagne. C’est également une qualité de vie privilégiée que recherchent ces exilés temporaires, une manière différente d’appréhender leurs vacances.


Une approche de terrain . Ici : excursion dans la moyenne vallée de la Sumène (Nov 2006).

Afin de les accueillir au mieux, nous devons adapter nos offres à leurs attentes, tout en anticipant celles-ci. Voilà la clé du succès : proposer des activités inédites, pédagogiques et ludiques qui doivent également séduire le public local. En effet, la culture n’est pas simplement un article de luxe que l’on réserve à nos « invités » de passage, les habitants de la région doivent pouvoir bénéficier aussi de ces nouvelles activités.

En motivant les habitants locaux à s’intéresser à leur terroir, par le biais des jeunes (enfants scolarisés) nous les intégrons à notre projet de développement, car leur participation est cruciale pour la connaissance et la préservation de notre patrimoine. La plupart de ces personnes connaissent tout ou partie de ce patrimoine sans toutefois lui accorder la place qu’il mérite et l’autre partie de cette population ne trouve pas digne d’intérêt son environnement proche et délocalise son activité touristique vers des contrées plus lointaines.


Une association telle que le GRHAVS sort des sentiers ordinaires pour promouvoir la connaissance de la région : l’approche économique, géographique ou géologique du paysage est une nouvelle manière d’aborder la connaissance de la région. Ici, à gauche, bloc erratique marquant l’action récente de la période glaciaire dans la vallée de la Sumène. A droite : modification du paysage par augmentation de la taille des parcelles ; les haies qui disparaissent sont les victimes de ce changement d’organisation économique.

Pour donner envie aux habitants de mieux appréhender leur ville et leurs terroir, de nouveaux concepts, fondés sur l’identité de la population et les particularités du pays, doivent être crées. Ceux-ci conduiront également à initier les demandes culturelles des touristes, base de travail pour leur fournir un accueil personnalisé.

Connaître et comprendre sont les objectifs premiers de cette nouvelle manière de ressentir et de percevoir leur environnement. Puis vient une seconde phase, correspondant à une prise de conscience, souvent associée à la volonté d’agir pour préserver et valoriser les charmes et les attraits de leur patrimoine.

I - CONNAITRE ET COMPRENDRE

Transmettre un savoir afin de le diffuser n’est pas un exercice facile ; un habitant d’Antignac peut ne pas apprécier d’apprendre à connaître son patrimoine par l’intermédiaire d’une personne venue d’ailleurs! Ainsi sont les habitants d’un terroir : chauvins, fiers de leur identité, honteux parfois de leur ignorance mais toujours curieux d’en savoir plus. Comment ménager les susceptibilités tout en ayant un discours instructif, pédagogue et ludique? La portée didactique du message doit proposer un enrichissement du savoir dû à une réflexion de la part du visiteur.

A/ Apprendre

La fonction du médiateur culturel est essentiellement axée sur les envies du public ; celui-ci attend actuellement d’une activité culturelle qu’elle lui procure connaissances et plaisir. C’est cette notion de satisfaction qu’il ne faut pas perdre de vue : une activité pédagogique doit avant tout être agréable.

Apprendre en s’amusant? Pour les enfants, cette idée est largement répandue. Pour les adultes, il est encore difficile de transmettre un savoir sans qu’il soit rébarbatif et indigeste. Entre autre, la population locale sera d’autant plus intransigeante avec la manière de communiquer ces connaissances qu’elle les a plus ou moins implicitement déjà en tête. Alors comment aborder l’histoire locale, le patrimoine bâti ou l’archéologie sans être ennuyeux ou trop spécialisé?

1. les circuits de découverte thématique

Afin de préparer des visites thématiques satisfaisantes, il faut en premier lieu cibler le public. Les touristes n’ont pas les mêmes attentes que les habitants, les enfants n’ont pas la même sensibilité que les adultes, et chaque personne n’a pas la même soif d’apprendre que son prochain. Proposer un panel varié d’activités correspondant à chacun est une priorité. Mais avant de s’interroger sur la nature de ces circuits, il faut définir leurs contenus.

Quels sont les éléments qui doivent être mis en valeur? Le patrimoine vernaculaire en premier lieu, car il est l’essence même du pays. Vient ensuite l’histoire locale, puisque qu’elle est à l’origine des constructions des hommes. De plus, l’archéologie est un bon moteur de curiosité pour créer des circuits de visites. Pour finir, il faut se pencher sur l’environnement naturel : paysages, éléments de la faune et de la flore, géographie, topographie, etc., essentiel à la compréhension des deux autres composantes.

Par exemple, voici quelques thèmes déjà traités par la Maison du Patrimoine dans la réalisation de circuits de découverte : visite de sites archéologiques, parcours de découverte « architecture vernaculaire », circuits « Eglises de chez nous », parcours visites et découvertes « au fil de la Sumène ».


Le village de Chastel-Marlhac. Il est assez exceptionnel qu’un tel lieu soit capable de nous offrir des témoins de la vie des hommes allant de la période gallo-romaine (débris de tuiles, nom des villages en ac) à la période carolingienne (restes d’une motte castrale ; relations de la bataille menée par Thierry, fils de Clovis) puis romane (église actuelle). En outre ce village permet de relier le patrimoine bâti au matériel disponible donc à la géologie du lieu. Deux illustrations : à gauche : le village vu de Bournioux ; à droite : la motte castrale.

2. les publications

On trouve dans les offices de tourisme de Bort-les-Orgues et de Champs-sur-Tarentaine des dépliants contenant un plan de la région et les nombreuses activités que l’on peut pratiquer essentiellement l’été.

Pour les habitants et les touristes, les ouvrages spécialisés peuvent souvent paraître trop compliqués ou trop onéreux et les réalisations de l’office de tourisme peuvent sembler trop succinctes. Que peut-on publier qui serait susceptible d’intéresser la population de la région ? La Maison du Patrimoine publie un bulletin annuel et une lettre trimestrielle, et réalise également des publications ponctuelles notamment sur les plantes (jardin ethnobotanique) ou encore l’archéologie.

Des monographies de villages seraient susceptibles d’intéresser les visiteurs et les habitants. Ecrit avec le concours de tous, sans être ni trop technique ni trop simpliste, ce type de publication est un atout pour la transmission du savoir. Les caractéristiques géographiques, topographiques et architecturales du village peuvent y être consignées, le nom des habitants cités, les maisons racontées.

La Direction Régionale des Affaires Culturelles de la région Auvergne a consacré au canton de Saignes un ouvrage issu des données récoltées pendant l’inventaire ; ce livre a connu à l’échelle de la région un succès certain.

Mais la publication est un outil de savoir qui a un coût élevé et souvent un faible rendement. Rendre attractif pour la population locale un livre parlant de leur ville, de leur histoire et de leur patrimoine, reste cependant un moyen de la sensibiliser à la valeur inestimable de son héritage. Pour les touristes, l’achat de livres ou de fascicules se réduit souvent au fameux « guide vert » ou autres publications. Néanmoins certains visiteurs aiment à s’offrir un ouvrage sur la région qu’ils ont visité, afin d’en garder un souvenir.

3. les ateliers pour enfants

Les enfants ont une soif d’apprendre tout en s’amusant, mais de deux façons différentes. A l’école ou avec leurs parents, la manière d’appréhender le savoir n’est pas la même. Qu’ils soient petits (4-5ans) ou plus âgés (12-13 ans), leur temps de concentration en dehors du cadre scolaire est relativement restreint. Ils n’ont qu’une seule chose en tête, s’amuser. Comment les intéresser à regarder une église, à observer un château ou bien à visiter un musée? En passant par le jeu!

De nombreux musées en France proposent depuis quelques temps des animations pour les scolaires dans le cadre d’ateliers de découverte. Au musée de la Préhistoire de Carnac (56), la directrice a institué un service pédagogique, pour les scolaires et également pendant les périodes de vacances, offrant de nombreuses activités encadrées par un animateur. L’atelier peut durer une heure, deux ou bien se dérouler sur la journée. Les enfants découvrent le musée en compagnie de l’animateur qui cible la visite (assez courte, environ ¼ d’heure) selon le thème abordé ensuite. Puis, dans la salle prévue à cet effet, les enfants vont réaliser un objet (bourse en cuir, parure en coquillage, etc.) selon les méthodes utilisées par les Hommes de la Préhistoire. Le but de l’atelier est double.  L’enfant se familiarise avec le musée à son rythme et ne se sens pas accablé par le foisonnement d’informations qu’il ne peut pas assimiler en une fois. Ensuite, il va réaliser manuellement un objet qu’il pourra emmener chez lui, preuve de sa capacité à travailler « comme les hommes préhistoriques ». Le savoir se transmet alors de façon plus douce, au travers d’un feuillet de quatre pages, contenant jeux et informations, que l’enfant va remplir avec l’animateur tout en s’amusant.




Exemple de pédagogie active : Construction d’un buron et d'un four par découpage (© Parc des Volcans, 1980).

On peut utiliser n’importe quel support pour ce type d’atelier : la vie au Néolithique, comme dans cet exemple, mais aussi l’architecture religieuse, la nature, la géographie … D’autres activités peuvent également se révéler enrichissante pour l’enfant. Les promenades ou randonnées, les « chasses aux trésors » ou rallyes, accompagnés d’un guide qui transmet au groupe des connaissances, sont des méthodes de plus en répandues (classes vertes, journées découvertes, …).

La création d’ateliers pour les scolaires et non scolaires est une priorité. Si l’enfant est satisfait de l’activité, il aura envie de revenir. S’il revient hors du cadre scolaire, il peut souhaiter participer à une autre action, en entraînant ses parents dans la découverte de leur pays.

B/ Se documenter

La transmission du savoir passe de nos jours de plus en plus par l’écrit. Les histoires racontées auprès du feu par les Anciens pendant la veillée disparaissent de nos mémoires car plus personne n’est capable de les raconter. Alors certains décident de les écrire, afin que l’on ne les oublie pas. Dans les bibliothèques municipales, aux archives départementales se trouvent des trésors de souvenirs. Comment accéder au mieux à ces données? Les habitants ressentent-ils le besoin de compléter leurs connaissances par le biais de la lecture, de la visite d’un musée ou par la consultation sur Internet ? Pour répondre à ces questions, il faut tout d’abord prendre en compte les besoins et les envies de la population.

1. le centre Avena

A sa création, le centre Avena avait pour but de réunir trois fonctions : être un point de rencontre pour les habitants, un lieu d’accueil pour les touristes, un support pédagogique pour le jeune public. Qu’en est-il aujourd’hui?

Quelles fonctions nouvelles pourraient avoir le centre pour la population locale? Quelles seraient ses activités pour les touristes? Rassembler la communauté dans un même élan de recherche de la connaissance et du savoir serait le but premier de cet outil de médiation. L’organisation de conférences, de lectures, de débats animés par des spécialistes du patrimoine constitue l’essence même de ce travail en communion, qu’il faudrait renouveler régulièrement.

Le centre Avena a depuis peu changé de nom ; baptisé désormais la Maison du Patrimoine, il regroupe encore plus d’activités que lors de sa création. Sont venus se greffer aux visites du jardin ethnobotanique et aux circuits de découverte déjà existants un petit musée archéologique, l’habitat médiéval reconstitué des Roussillous et des activités créatives et culturelles ponctuelles (journée des champignons, journée des poètes, etc.)

Afin de développer au mieux la Maison du Patrimoine, la première création doit être un service pédagogique. Celui-ci peut être fréquenté par les enfants de la région (primaires, collèges, lycées) mais aussi par les jeunes vacanciers. Ce service serait le moteur essentiel pour une expansion rapide et lucrative de la Maison du Patrimoine.

2. Internet

Média répandu dans les années 1980, outil de transmissions de données, Internet est réservé encore de nos jours aux personnes possédant du matériel informatique et étant relié au réseau. Cet instrument de diffusion de la culture est difficile d’accès pour certaines personnes car il signifie une maîtrise de l’outil informatique. Plusieurs sites existent sur notre région, réalisé par les différents offices de tourisme et communautés de communes : assez complets, bien documentés, ils proposent de nombreuses informations sur les villes et leurs patrimoines mais également sur les manifestations culturelles qui s’y déroulent.

Communiquer avec Internet est un progrès qui n’est pas encore à la portée de tous. De plus, l’utilisation de ce média peut paraître incomplète et informelle, devant un écran, l’échange et le dialogue semblent moins faciles. Il ne peut donc pas être le support premier de la transmission du savoir à l’échelle de la communauté de communes et de ses habitants. Cependant, la Maison du Patrimoine Avena étant en ouverture sur l’extérieur, notamment sur l’Europe, la nécessité de créer un site Internet devient indispensable. Le site Internet crée un lien entre le futur vacancier et notre structure, lui permettant de programmer sa ou ses visites et activités. Il ne tient qu’à nous de réaliser un site attractif, ludique et bien construit afin d’attirer un grand nombre d’Internautes à la Maison du Patrimoine.

3. le musée

Les touristes apprécient les musées, pour eux, ils sont un lieu incontournable. Qu’en est-il des habitants du pays de Bort-Artense? Connaissent-ils le musée de la Maison du Patrimoine? Le jardin ethnobotanique? Ont-ils envie de les visiter?

Le musée est associé par habitude à la notion de patrimoine, mais ils ne sont pas forcément complémentaires. Dans le cas de notre région, on peut la connaître, ainsi que son patrimoine, sans spécialement visiter ses musées (Art religieux à Ydes, Musée de la tannerie et du Cuir de Bort, etc.). Cependant, certaines collections ont un rapport direct avec le terroir (archéologie, art sacré) et constitue un plus dans la connaissance du patrimoine.

Le fait que notre région soit peu pourvue en cet outil culturel n’est pas spécialement un point négatif ; cependant, on peut envisager de développer le musée de la Maison du Patrimoine, son intérêt pouvant être ainsi augmenté si des modifications de la scénographie et du matériel exposé sont faites.

II - PRESERVER ET VALORISER

A/ Sauvegarder

La transmission du patrimoine passe non seulement par l’héritage des biens immobiliers mais également par la diffusion des savoirs. Ces deux aspects sont à sauvegarder en priorité, mais de quelle manière ? En considérant tous les enjeux économiques, matériels et sociaux, peut-être peut-on entrevoir une ébauche de solution.

1. le problème de la modernité

Fortement marqué par le chômage et l’exode rural, notre région est économiquement de plus en plus faible. Les quelques entreprises importantes restant encore sur place (Le Tanneur, Lapeyre, Plastic Omnium …) ne peuvent rivaliser avec la prospérité des siècles passés. Déjà la fermeture des tanneries de Bort-les-Orgues dans les années soixante avait marqué la fin de cette période faste. Bien avant cela, la paysannerie était déjà de plus en plus affaiblie.

Précédemment, l’arrivée du chemin de fer au fin fond de cette région profondément rurale a suscité un grand nombre de bouleversements idéologiques et sociaux. La construction d’un axe ferroviaire a marqué profondément le paysage et les esprits. En effet, l’arrivée de populations nouvelles (ingénieurs parisiens, ouvriers italiens, etc.) au sein de leur communauté de paysans fermée sur une terre hostile (hivers rigoureux, travaux des champs pénibles…) a provoqué différentes réactions. De plus, le côté négatif de cette avancée technologique du chemin de fer a été renforcé par les nombreuses expropriations, parfois ardues car mal acceptées par les paysans qui se sont sentis dépossédés de leurs biens.

Sur le long terme, environ une trentaine d’années après la construction de la ligne de chemin de fer, un autre aspect, ayant encore une grande répercussion de nos jours, a inquiété les pouvoirs locaux. Les paysans, les travaux d’été aux champs terminés, sont partis vers les villes, notamment sur Paris, travailler. Ainsi, les fameux marchands de toile et autres « bougnats » ont rapidement gagné plus d’argent à la ville que dans leurs campagnes reculées. Cette alternance de vie s’est souvent transformée en exil définitif pour certains ; d’autres, peut-être plus courageux, revenaient pendant l’été pour suivre les bêtes à l’estive. La grande émigration semble s’être essoufflée dans les années 1960, pour des raisons socio-économiques. Le dépeuplement des campagnes, phénomène qui eu lieu dans la plupart des régions rurales de France, a été très marqué dans le Cantal. La grande communauté des Auvergnats de Paris montre l’attachement des émigrés au pays, notamment par le nombre de parisiens ayant un pied-à-terre en Auvergne.

La modernité, qu’elle se décline sous la forme d’une ligne de chemin de fer construite à la fin du dix-neuvième siècle reliant le Cantal et la Corrèze à Paris ou bien sous la forme des autoroutes récentes, apporte contraintes et difficultés au sein d’une communauté. Cent ans plus tôt, le train a emmené les paysans vers les villes. Depuis quinze ans, les autoroutes amènent les vacanciers dans notre région et permettent une mise, en valeur du patrimoine bâti. L’exode rural a vidé les campagnes de leurs habitants, laissant parfois à l’abandon terres et maisons. L’afflux des touristes conduit à une réorganisation du territoire, afin de mieux accueillir les vacanciers. Sur le long terme, ces problèmes nuisent à l’équilibre fragile d’un terroir. Quelles sont les répercussions de cet exode permanent d’une part, et de cet afflux temporaire estival d’autre part?

2. la protection de l’habitat

La première solution pour protéger un monument d’éventuelles atteintes à son intégrité architecturale est le classement aux Monuments Historiques. La rédaction du dossier à présenter devant la commission de classement est longue et difficile, rien ne doit être laissé au hasard car les conditions pour l’obtention du classement sont strictes et rigoureuses.

Service déconcentré du Ministère de la Culture, le service départemental de l’architecture et du patrimoine (SDAP) délivre des avis sur tous les projets qui ont pour effet d’apporter des modifications dans les espaces protégés, bâtis ou naturels avec l’ambition d’en maintenir, voire d’en améliorer la qualité. D’autre part, sous l’autorité de l’architecte des bâtiments de France, le SDAP est également conservateur des Monuments Historiques placés sous la responsabilité de la direction de l’architecture et du patrimoine et assure la maîtrise d’œuvre des travaux d’entretien des édifices classés au titre des Monuments Historiques.

Dans notre région, peu de bâtiments, mis à part les édifices de culte, sont concernés par le classement des Monuments Historiques et peu de particuliers font appel au service du SDAP. Cependant ces services existent et peuvent être utile pour compléter les informations détenues par la Maison du Patrimoine en matière de patrimoine à sauvegarder.

3. la conservation du patrimoine

Comprendre le patrimoine vernaculaire afin de mieux le sauver et le protéger, telle est la priorité de tous. L’analyse du bâti par des spécialistes de l’architecture peut permettre de mettre en évidence des moyens de conservation peu contraignants et moyennement coûteux.

En restaurant un édifice, les propriétaires du bâtiment doivent préserver son intégrité et sa forme précédente. Il est également important de ne pas dénaturer le paysage et pour cela les mairies et le service de l’équipement veillent à ce que chacun respecte son entourage.

B/ Améliorer

La sensibilisation de la population à son patrimoine passe par une prise de conscience liée à la vie quotidienne : logement, équipements culturels, administratifs, sportifs, scolaires, … Après avoir pris en compte les effets bénéfiques que peuvent entraîner le développement du tourisme et l’augmentation de l’offre culturelle, les acteurs de la région vont réaliser que l’harmonie fragile entre présent et passé peut être préservée.

1. la gestion de la Maison du Patrimoine

Afin de mieux subvenir aux attentes des touristes et des locaux l’association doit mettre en place une stratégie de développement. Les deux éléments à promouvoir en priorité sont l’accueil personnalisé des visiteurs mais également la publicité autour de nos activités. Pour atteindre nos objectifs, il est impératif de créer un service pédagogique. Une fois en service, celui-ci apportera drainera non seulement un public de scolaires mais également de jeunes vacanciers. La réalisation du site Internet est aussi prioritaire ; le jardin ethnobotanique est connu par des spécialistes et des amateurs dans toute l’Europe. Cette renommée est le moteur d’un développement qui peut être relayé efficacement par le Web.

Dans un second temps, on peut penser à l’agrandissement et à l’embellissement du musée qui peut être considéré comme facteur de développement. Autour de celui-ci peuvent se greffer la création d’autres activités parallèles (chantier de fouilles par exemple) dont le but sera de faire connaître la Maison du Patrimoine en Auvergne et dans la France entière.

2. le développement du tourisme

Afin d’accroître la fréquentation touristique, il faut assurer des actions pour promouvoir la région à l’intérieur et hors de son territoire. Dans ce but, une analyse pour cibler les populations visées s’impose. En effet, il existe différents types de touristes dont les attentes diffèrent selon leur provenance, leur niveau social, leur âge… De plus, il faut considérer qu’un tel service de mise en valeur du pays à l’extérieur existe déjà. Les missions de promotion qui seront proposées par la Maison du Patrimoine devront donc être différentes de celles des différents offices de tourisme de la région.

Une étude approfondie de la clientèle touristique est un atout certain pour envisager par la suite une politique de communication. Qui est-elle ? Famille, couple, groupe ? Quelle est sa moyenne d’âge ? Quelle est a profession ? Quand vient-elle? Au printemps, en été, en automne? Pourquoi vient-elle? Pour la renommée du site, pour de l’évènementiel, grâce à des publicités dans la presse, dans des guides? Suite à des conseils de proches? Une fois sur place, que font-ils? Combien de temps restent-ils? Comment sont-ils hébergés? Quels sont les loisirs pratiqués?

Toutes ces questions ont pour but de définir les pratiques et les envies des touristes dans le but de mieux répondre à leurs attentes. Cependant, nous sommes déjà conscients des points forts de notre région: le patrimoine, les paysages et l’environnement naturel, la gastronomie et les produits du terroir. Comment dans ce contexte dynamiser le tourisme local?

Un séjour dans la région Bort-Artense ce sont des vacances tournées vers le patrimoine local, qu’il soit bâti, naturel ou traditionnel. L’animation de cette étape doit être à la hauteur de la qualité des sites à visiter : accueil personnalisé, grand choix de circuits de découverte, visites guidées, animation pour le jeune public.

La participation de tous est indispensable pour réussir à susciter la venue des touristes. Dans le but de mettre au point une stratégie attractive, les habitants du pays doivent s’investir dans la connaissance de leur patrimoine, afin de pouvoir transmettre avec passion à leurs hôtes toute la beauté et le caractère de leur lieu de vie. Cet investissement passe par une sensibilisation de ce public, à travers les visites-découvertes, les animations du service pédagogique et le site Internet. La bonne volonté de chacun est mise à contribution pour appréhender de la manière la plus juste possible un patrimoine riche et complexe.

3. l’image du pays

Combien de français connaissent le Cantal, et surtout Aurillac, pour sa réputation de ville la plus froide de France? Un récent questionnaire réalisé par le Conseil Général et destiné aux habitants du département a mis en valeur une certaine image négative ce celui-ci dans notre pays. Tout d’abord, l’enclavement du département, d’ailleurs souvent mal situé géographiquement par les français, est un aspect négatif. Ensuite, le retard industriel et technologique, dans un département essentiellement agricole, dessert sa réputation. Cependant, il est à la fois un atout non négligeable pour le tourisme, dont le but premier est le dépaysement.

Si peu de français connaissent le Cantal, ils sont encore beaucoup moins à connaître notre région. Les sites les plus visités de notre département sont le Puy Mary, Salers et Chaudes-Aigues. Le pays de Bort-Artense ne semble pas à ce niveau jouir d’une publicité suffisante en tant que haut lieu du patrimoine.

Cependant, la région constitue souvent une étape et attire pour de très courte durée des visiteurs en quête de repos. Les attraits de notre région vantés par les prospectus touristiques sont la pleine nature, la beauté du terroir, le patrimoine architectural et historique, la culture locale et la gastronomie. En résumé, pour le touriste parisien, si on s’arrête dans la région de Bort-Artense, on va faire une randonnée dans les bois ou faire de la voile sur un lac, ensuite on peut visiter un barrage électrique, un joli château et voir des artisans d’art au travail, puis on va profiter de la bonne cuisine auvergnate dans une ferme-auberge.

Cette représentation est-elle forcément négative ? Pas forcément car elle allie bien-être du corps, de l’esprit et des papilles : loisirs, sport, culture et plaisirs, le subtil mélange de vacances réussies! Néanmoins il semble important de modifier l’image de notre région en mettant l’accent sur son patrimoine naturel et architectural, afin qu’il soit réellement reconnu comme l’attrait principal tout en gardant à l’esprit cette notion de divertissement.

Un des axes d’optimisation principal à envisager est la médiatisation du pays, au niveau régional d’abord, puis national ensuite, par le biais de la presse, des magazines et de la télévision. Faire connaître la Maison du Patrimoine par le biais du jardin, du musée et de ses nombreuses autres activités est essentiel. On peut envisager une communication accrue liée à l’évènementiel, la présence d’acteurs locaux dans des foires et des salons du tourisme, la diffusion d’affiches et de dépliants, la publication de guides et de cartes, etc...

L’image de la région peut évoluer dans les esprits et devenir celle d’un site culturel dynamique et animé, en parfaite osmose avec son patrimoine qui rassemble habitants et touristes dans la même optique d’acquisition des connaissances et de transmission du savoir.

CONCLUSION

La sensibilisation des habitants de notre région à leur patrimoine commence par la connaissance de celui-ci ; cette sensibilité accrue va entraîner leur engagement dans la vie locale ce qui aura des répercutions sur le développement touristique et économique. Les différents moyens pour transmettre le savoir de manière ludique et non rébarbative passent par la création d’animations pour le jeune public qui, une fois conquit, peu entraîner dans son sillage des adultes.

Pour toucher de manière plus directe la population locale, la Maison du Patrimoine peut organiser débats et conférences avec des spécialistes du patrimoine sachant communiquer au public l’envie d’approfondir leurs connaissances. Une meilleure publicité pour les musées du terroir, des tarifs découvertes préférentiels pour les habitants et des animations de qualité peuvent susciter un regain d’intérêt pour cet équipement culturel souvent considéré comme ennuyeux.

La vocation de lieu de vie et de rencontres de la Maison du Patrimoine est également un moteur satisfaisant pour la diffusion de la culture et de l’héritage patrimonial. Dans un cercle plus limité, le site Internet peut donner goût à des proches voisins du pays pour venir le découvrir.

Les publications peuvent avoir un plus grand rayonnement au niveau de leur diffusion nationale; toutefois la création d’une sorte de journal trimestriel, sous la forme d’une « lettre aux habitants », peut inciter la population à communiquer par le biais de l’écriture.

Dans cette optique de mise en valeur du patrimoine, les enjeux politiques et économiques ont pour résultat un accroissement de la population et la mise en place d’un tourisme de qualité. Car cette activité lucrative rend attractive le pays, au niveau régional et au niveau national.

Le titre de la plaquette de l’office de tourisme est accrocheur, les activités proposées sont alléchantes. Mais qu’en est-il du patrimoine ? Il passe au second plan dans cette recherche d’occupations festives et amusantes de loisirs. La brèche est mince mais les animations patrimoniales font cruellement défaut à ce programme destiné aux vacanciers mais qui peut également intéresser la population locale.

Les nouveaux acteurs de la Maison du Patrimoine d’Antignac devront assumer la lourde tâche de créer et d’animer de nouvelles activités à caractère culturel, sur une base double: la transmission d’un héritage et d’un savoir dans un climat propice à l’amusement et au plaisir.