geo.cybercantal.net sommaire La Haute Auvergne vue par un géographe : Pierre BONNAUD
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SURVOL GEOHISTORIQUE DE LA DIVERSITE DE LA HAUTE AUVERGNE

Pierre Bonnaud (1)
Ancien professeur de géographie à l'Université Blaise Pascal de Clermont.

L'Auvergne est une réalité aux contours changeants selon les époques, mais à l'unité substantielle. Comme toutes les régions, elle est composée d'une cellule fondamentale, ici fondée sur le Val d'Allier où elle dépasse d'ailleurs les limites de la province historique; et de cellules périphériques ayant chacune ses particularités. Les unes tiennent à leur nature même, d'autres à des interférences avec le voisinage. Car elles ont un rôle de liaison dans un système de complémentarités internes et de relations extérieures sans lesquelles une région n'est qu'une "expression géographique". La géohistoire -étude de l'interaction entre les données de la géographie et les faits historiques sur la longue durée- est le moyen d'appréhender de la manière la plus fructueuse cette somme de singularités, d'interrelations et leurs variations au sein d'une permanence dynamique, qui transforment les physionomies tout en échouant à anéantir l'essence des choses.

I: La Haute Auvergne est une des cellules périphériques de notre région, la géographie lui a donné une diversité interne particulièrement accusée et l'histoire s'en est accommodée comme elle a pu au cours des temps. Si les conséquences de cette nature étaient mieux perçues et explorées en profondeur, il en résulterait une adaptation meilleure des choses et des esprits, lesquels retardent toujours sur les réalités, comme on le sait, sans en tirer les conclusions complètes c'est à dire utiles. La Haute Auvergne est une notion non officielle, mais déjà ancienne. Elle a été assimilée au département du Cantal après la disparition des provinces. Mais il faut être conscient des limites de cette assimilation.

1. Il a existé une Basse Auvergne cantalienne. Si l'on combine les données du Dictionnaire Statistique et Historique du Cantal de Deribier du Chatelet et du Dictionnaire topographique d'Emile Amé, cela représente une quarantaine de communes formant une bande allant jusqu'à Champs, Marchastel, Vernols, Allanche, Vieillespesse, Védrines-Saint-Loup. Si l'on confronte ces données avec les subdivisions dialectales de l'auvergnat, on se rend compte que cette bande s'insère presque intégralement dans une autre, plus large et plus longue, de l'Artense au Mézenc par les Dores, le Cézalier, le Brivadois, le Velay occidental et Central: la bande de l'Auvergne médiane. Une telle concordance mériterait d'être tirée au clair.

2. L'évéché de Saint-Flour, créé au XIV° siècle (1317) offre une autre combinaison. Laissant le Mauriacois à l'évéché de Clermont, il s'étire de l'Aurillacois au pied du plateau de la Chaise-Dieu, englobant le Brivadois. Or, lorsqu'on sait avec quel soin les clercs d'ancien régime avaient l'habitude de se pourvoir d'antécédents historiques les plus lointains possibles, on se dit, même si les documents sont rares, dispersés, imprécis, qu'il vaudrait la peine de rechercher si cet espace n'est pas préfiguré, au moins esquissé, dans la configuration de deux des quatre "comtés secondaires" (G. Fournier, 1974) de l'Auvergne haut-médiévale: Tallende et Brioude, lesquelles subdivisions pourraient remonter en dernière analyse à la période gauloise si l'on pense à la toponymie des chefs-lieux et au conservatisme aristocratique de l'Arvernie celto-romaine (Chr. Lauranson-Rosaz: 1987). Il est frappant de voir que la cellule sanfloraine de l'auvergnat, caractérisée notamment par -l- intervocalique > rh, (parhà: pelle; bourhà: borne; pirorhà: marmite) s'étend sur l'ouest du Brivadois, -Brioude compris malgré des différences internes- et diverses considérations amènent à penser que cette formation dialectale médiévale peut avoir des racines dans les complémentarités à moyenne distance de la vie de relations.

3. Dans la phase expansive (Confédération arverne étendue de la Seine au Lot) de l'Arvernie celtique, la projection du territoire arverne vers le Sud-Ouest peut être considérée comme une antenne de pénétration gauloise vers le bassin d'Aquitaine. Ce bassin représente une terre de colonisation encore en partie allogène (= non celtisée). Il est admis par tous les historiens que les Cadurques, comme les Gabales, furent les clients (= dépendants) des Arvernes. Dans la phase récessive ultérieure, l'Aurillacois et, plus particulièrement, d'autres secteurs du massif cantalien, terres d'élevage ayant des besoins de compléments alimentaires faute de pouvoir se suffire, tombaient dans la dépendance du Quercy céréalier. Le dialecte guyennais/nord languedocien (le terme guyennais peut se justifier par l'originalité lexicale par rapport au Languedoc aquitano-méditerranéen) de l'Aurillacois est la traduction de ce phénomène, un des aspects du principe scientifique fondamental "tout se tient".

II Le Deus ex machina de toutes ces diversités est un fait géographique majeur: le massif volcanique cantalien, le plus puissant de l'Auvergne et un des plus importants de l'Europe. Il agit directement ou indirectement dans la plupart des domaines: il faut se garder en particulier de l'image réductrice du "pays vert" qui coïncide avec une évolution récessive de la population et de la diversité agricole. En effet le massif est le principe fondamental de division sui generis de la Haute Auvergne.

1. Il est créateur de milieux naturellement étagés: le peuplement antique qui s'y adaptait, élevait ses villages (cf la toponymie domaniale des noms en -ac, nombreux jusqu'à cette altitude) et ses champs jusque vers 1000 m, mais l'agriculture vivrière véritable dépassait avec peine 750-800 m. Au-dessus 1000 m (un peu plus aux meilleures expositions et sur les terres les plus fertiles) les hauteurs pastorales résistantes au champ ("l'arme absolue" des paysans de l'Auvergne ancienne dite "traditionnelle") ont été un lieu d'emprises extérieures: des anciens troupeaux de moutons quercynois aux éleveurs aveyronnais de l'époque présente; elles sont, structurellement parlant, une ligne de faiblesse dans le bâti de l'Auvergne. Il faut noter particulièrement les secteurs forts de l'ancienne Haute Auvergne vivrière: les planèzes au sol fertile, autorisant les cultures. La principale est "la Planèze" par excellence, celle de Saint-Flour, mais il ne faut pas oublier, malgré un climat humide moins favorable aux céréales mais situées à une altitude plus basse, celles du Mauriacois où la densité de l'habitat hérité de l'Antiquité frappe (toujours la densité de la série -acos> -acum>-ac)

2. Le massif cantalien est un centre de dispersion des eaux dans toutes les directions. En l'espèce, ce ne sont pas les eaux qui comptent mais les chemins qui autrefois au flanc des vallées rayonnantes ont précédé les actuels qui suivent les fonds de vallées. Ils "tendaient" (pour reprendre le beau verbe des vieux auteurs) vers des terres extérieures différentes, drainaient vers elles les gens émigrants et les produits du bétail, introduisaient les initiatives et les influences des "pays bas" plus favorisés. La méridionalité duranienne (du bassin de la Dordogne) n'est pas la même que celle de la Truyère, tributaire du Lot, que le massif n'engendre pas mais qu'il a détournée et à laquelle il fournit beaucoup d'affluents. Une septentrionalité relative du dialecte et des relations remonte de Basse Auvergne via la Rhue, la Santoire, l'Alagnon (et d'autres cours d'eau) jusque sur la Planèze de Saint-Flour. Le Muratais, cellule des cimes et des sources, la plus isolée, présente les caractéristiques dialectales d'un "conservatisme autochtone" qui traduit cette situation générale.

3. Malgré leur simplisme, les bulletins météorologiques des télés ont familiarisé le public à une opposition climatique entre Nord-Est et Sud-Ouest de part et d'autre du massif. Les précipitations diminuent de moitié à l'Est du Lioran, l'ensoleillement et les brouillards ne sont pas de même nature entre le bassin de l'Allier et celui de la Dordogne, la continentalité, les amplitudes des températures sont nettement plus fortes à l'Est. Cette zone orientale est un abri et la Planèze a pu être considérée comme un "bon pays", une sorte de Limagne d'altitude qui drainait les émigrants du massif et de la Haute Truyère avant de les reverser vers le Val d'Allier. L'étymologie celto-auvergnate du Cézalier est "pays du seigle" (c'est pourquoi il est fautif de l'écrire avec deux -ll-) ce qui traduit bien les aptitudes que l'on reconnaissait à ce versant. Ajoutons la différenciation secondaire entre versant nord et versant sud du massif, le premier nettement plus rude. En définitive, c'est bien une ligne approximative NO-SE de la vallée du Mars au Lioran et à Pierrefort qui sépare deux variantes "naturelles" de la Haute Auvergne, variantes déterminées par un climat très contraignant qui les différencia pendant le plus clair des siècles. Or, une situation d'uniformisation comme celle que nous connaissons ne durera peut-être pas toujours. C'est pourquoi le riche héritage encore présent des "temps diversifiés" mérite d'être reconnu et exposé, à la fois pour comprendre ce que nous avons sous les yeux et ce qui, un jour ou l'autre, changera peut-être en se remettant à l'école des milieux, guides d'humanisation.

III Haute Auvergne Elavérienne et Haute Auvergne Duranienne: deux héritages. Ces deux bassins hydrographiques (Elaver: Allier; Durania: Dordogne) sont en effet les aires où se cristallisent sur la longue durée les maillons du riche enchaînement de la diversité humaine de ce territoire. Mais s'il est juste de porter l'attention sur ces véritables types, il ne faudra pas négliger des milieux de transition et de jonction, ni oublier de mentionner la "montagne" pastorale, qui a fait l'objet de beaux travaux (A. Durand, L. Bouyssou), qui est parfois regardée comme l'emblème même du Cantal en tant que "pays vert" mais qui fut -et demeure parfois- hors des horizons d'exploitation, voire d'existence de la population autochtone.

1. La Haute Auvergne élavérienne correspond pour l'essentiel au Sanflorain. Séculairement, c'est le pays découvert des champs vivriers et des pacages ouverts, des villages souvent compacts même quand ils sont petits, souvent perchés, au grand vent des planèzes, tellement individualisés que nombre d'entre eux ont voulu avoir leur monument aux morts particulier, distinct de celui du chef-lieu communal. Son système de relations collectait -collecte encore en partie- les produits et les hommes d'un vaste rayon (cf P. Bonnaud:, 1982). Elle retint les hommes pendant des générations pour finalement les évacuer en direction du Val d'Allier, et elle ne se rallia que tardivement à l'émigration lointaine vers Paris principalement. Elle a une véritable capitale, Saint-Flour magnifiquement placée au contact de diverses "unités de base" complémentaires, assise sur les avantages de la Planèze, faite pour rayonner sur une vaste étendue de l'Auvergne centro-méridionale. Historiquement, elle a été désavantagée par la fragmentation autarcique de l'Auvergne et la stérilisation progressive des relations méridionales à partir de la fin du moyen âge, combinée avec un redressement général des directions vers le Bassin Parisien, trop lointain, et les conditions nouvelles des communications qui lui furent longtemps défavorables. Malgré une différence d'importance maintenant largement creusée, elle se voit toujours en rivale d'Aurillac. Mais l'existence de l'A75 et la polarisation croissante de l'Auvergne vers le Val d'Allier dont elle est l'antenne vers un vaste territoire montagneux, montrent que les avantages latents restent disponibles si l'on s'y applique de façon appropriée.

2. La Haute Auvergne Duranienne, plus basse, bénéficie en partie des effluves adoucissantes du climat aquitain. D'ailleurs, elle penche vers ce basin. C'est à la fois une cellule de marge et une cellule de liaison, à la différence du Sanflorain qui est une cellule annexe de la "Grande Auvergne" du Val d'Allier. Cette attirance vers l'Aquitaine a retenti sur les conditions initiales de son peuplement et de sa mise en valeur qui lui ont laissé une empreinte indélébile:

- agriculture de type "horticole" c'est-à-dire fondée sur l'exploitation de ressources menues et multiples sur les espaces morcelés du pays coupé métamorphique avec seulement quelques îlots céréaliers notables sur les planèzes du Mauriacois;

- habitat disséminé, émietté partout sur les versants, mêlé aux bosquets résidus de la forêt, peu à peu transformés par la substitution d'arbres nourriciers aux espèces initiales;

- dissémination de l'habitat renforcée par l'emprise du faire-valoir indirect développé lors de la Reconstruction des Campagnes (XV°-XVII° siècles) car la propriété foraine peut s'implanter largement aux dépens d'une société peu structurée du fait qu'elle était trop éparpillée;

- émigration lointaine (Aquitaine d'abord, puis l'Espagne, puis Paris) développée anciennement et avec continuité; - échanges locaux réduits, compensés progressivement par les échanges inégaux avec l'extérieur dont les termes avantagèrent séculairement les céréaliers d'ailleurs face aux éleveurs locaux; et par suite, absence de réseau urbain sui generis, mais comme la société extérieure était porteuse de relations plus actives, émergence plus vigoureuses d'un centre voué à ces échanges, Aurillac, de plus en plus favorisé par l'ouverture croissante de l'économie au cours du temps et par la spécialisation bétaillère du Cantal dans l'organisation agricole devenue nationale puis européo-internationale.

3. Un chapelet d'entités de transition plus réduites jalonne les limites entre les deux unités fondamentales ci-dessus esquissées.

Au Nord-Ouest: l'Artense -entièrement bas-auvergnate au Nord de la Rhue- et le seuil de Condat-Landeyrat sont, par la géographie, des liens et passages entre la Basse Auvergne et la Haute Auvergne occidentales. Le dessin des anciens grands chemins montre bien la permanence de cette vocation que l'amélioration de la RD 922 a conforté et que la proximité de l'A89 avec ses aménagements annexes qu'elle ne manquera pas de susciter, rendra exclusive (à l'exception -notable- des relations administratives).

Au centre, la cellule élevée de Murat est en partie enfermée de forêts véritables: la chose est assez rare en Haute Auvergne pour avoir de la signification. Son ouverture vers la Rhue, pays vide, est peu efficace. Barricadée vers le Sud-Ouest aurillacois, longtemps isolée de la Basse Auvergne par le pays coupé de l'Alagnon, elle est en fait un satellite de la Planèze sanfloraine, côté vers lequel se concentrent les relations courantes utiles.

Au Sud-Est, le pays coupé de la Truyère supérieure (au-delà même des limites officielles de l'Auvergne) et le versant occidental du massif margeridien ne sont pas favorisés par les sols issus de terrains métamorphiques, ni par l'altitude vite élevée. En revanche, le climat d'abri ensoleillé leur a permis de développer une agriculture longtemps vivrière. Ces deux secteurs représentent une "zone de décalque" de la planèze sanfloraine, comme il y a en Basse Auvergne une zone de décalque plus vaste qui s'efforça de hisser en altitude, sous une forme simplifiée, l'agriculture enviée du "bon pays" des Limagnes. Mais le plafond des ressources, vite atteint, a provoqué ici une émigration forte et ancienne: vers la Planèze et le Val d'Allier, proches certes, mais aussi vers le Midi languedocien et plus tard vers Paris. Le phénomène eut, avec des modalités différentes, la même ampleur que dans le basin de la Dordogne.

Conclusion :

On voudra bien ne pas considérer comme une vilaine entreprise d'annexionnisme auvergnat les deux très courts paragraphes qui concluront ce survol. La pointe septentrionale de l'Aveyron, rouergate et très méridionale d'ambiance humaine, a toujours eu des liens économiques et migratoires multiples et assez serrés avec l'Auvergne centro-méridionale sanfloraine. A Paris, ses originaires sont les seuls Aveyronnais à avoir accepté volontiers d'être dits "Auvergnats de Paris".

Au Sud-Ouest, la Xaintrie est limousine, certes. Mais le milieu géographique et humain est en tous points semblable à celui du pays bas cristallin aurillacois, décrit d'une façon si prenante par le beau poème d'Arsène Vermenouze: Lou Poïs-Bas (2). Surtout, Aurillac est maintenant l'agglomération importante la plus proche,ayant largement dépassé ses concurrentes historiques: Tulle et Figeac (3).

Tels sont -sous le manteau apparemment uniforme du "pays vert" qui ne peut tromper que le passant négligent et le vacancier futile des métropoles lointaines- les riches diversités et peut-être aussi -à l'image modernisée et adaptée de ce que le passé des populations non assistées a connu- les potentialités d'une Haute Auvergne que la conjoncture adverse a déchue, mais qui n'aura dit son dernier mot que si les habitants s'abandonnent.

Pierre Bonnaud 12-03-2006 pour le site "Cantal Science & Environnement : faire connaître & expliquer".


(1) Pourquoi cet article ? La lecture de nombreux ouvrages sur l’Auvergne – à contenu artistique, géographique, géologique, photographique, économique…- conduit au constat d’un centrage sur la dépression du val d’Allier. Ce fait a amené le directeur de ce site à regarder un peu plus en détail la place de la Haute Auvergne (en gros le département du Cantal) dans l’ensemble Auvergne. La base permettant le mieux de discuter la structure de l’Auvergne est probablement fournie par l’œuvre du géographe P. Bonnaud. Un parcours même rapide, permet de constater le manque d’unité de cette Haute Auvergne, constituée plus de zones de transition ou de rupture, que de zones unifiantes. Pour vérifier cette impression de lecture, une chose devenait nécessaire : interroger le géographe.

(2) L'allusion de P. Bonnaud au poème de Vermenouze mérite d'être précisée. C'est pourquoi nous donnons quelques extraits du poème "Le Bas Pays", ou "Lou Poïs-Bas" qui fait partie de l'ouvrage "Sous le Chaume" ou "Jous La Cluchado". P. Bonnaud veut signifier que l'affectation des terres du socle a beaucoup changé au cours du temps. L'évocation de ce paysage à la fin de l'économie "traditionnelle"est particulièrement forte dans le poème de Vermenouze : "bruyères (brousso), landes à ajoncs et genévriers, jachères, champs maigres, vigne de rocaille, roc qui saillit partout, pacages secs, fonds marécageux, ramures puissantes des châtaigniers qui s'élèvent du roc lui-même, quelques maisons et une église perdues dans tout ce pays accidenté..." (P.Bonnaud: 2003, p. 119).

Le Bas-Pays

Des mamelons, des marécages,
Force brande et force fougère;
De ci, de là, quelque rigole
Où s'épanchent des ruisselets
Au fond des combes.

Comme les cheveux clairs et rudes
D'une caboche,
Des bouleaux dressés sur les crêtes
Y balancent leurs longs panaches
Quand le vent souffle.

L'ajonc et le genévrier tors
S'y développent; le genêt
Plus beau qu'une fleur de jardin,
Hausse parmi la lande en fête
Son rameau d'or....

...C'est un fameux pays que le pays où pousse
Ce rude châtaignier qui ne périt jamais:
Vous n'y voyez que poil-de-bouc, fougère, brande,
Des genévriers et des ronces enchevêtrées.
Des genêts de six pieds, quand vient le mois de mai,
En tous sens y déploient leurs bouquets de fleurs jaunes.

Extraits de Arsène Vermenouze, 1908. Jous La Cluchado. Avec trois versions: texte étymologique, texte phonétique et traduction française. Aurillac: Imprimerie Moderne. Nouvelle Edition, Aurillac, USHA, 1980.

(3) Rappelons, pour compléter cette idée, que « A. Lanly 1962 a montré l’antériorité de l’auvergnat sur le limousin jusqu’à la Triouzoune, voire la Luzège, tandis que le dialecte reste franchement auvergnat jusqu’à la Diège…Le Limousin dialectal et démographique, tourné vers l’Atlantique, englobe une partie de la Charente et l’essentiel du Périgord, mais à l’Est sa borne réelle est le Plateau de Millevaches et ses prolongements. J’insiste bien sur le fait que mon propos, uniquement tourné vers la connaissance, ne dissimule aucune aspiration à la modification des limites régionales ». (P. Bonnaud 2003, p. 117).

NDLR : pour compléter le texte de P. Bonneau, nous avons préparé, avec son autorisation, une carte inspirée de son article de 1983 : «  Milieux humanisés, espaces dialectaux, vie de relations », permettant de mieux prendre acte des conclusions de l’auteur.


Références

Jean-Baptiste De Ribier du Chatelet. 1863. Dictionnaire Statistique et Historique du Cantal , Aurillac 1863, puis réimpression de La Manutention, Mayenne 1990.

Amé, E. 1897. Dictionnaire topographique du département du Cantal, Paris Imprimerie Nationale, 3 volumes.

Fournier, G. 1974. L'Arvernie entre Aquitains et Francs p: 87-114; in Histoire de l'Auvergne Privat, Toulouse, sous la direction de A.G. Manry

Lauranson-Rosaz, Chr. 1987. L'Auvergne et ses Marges (Velay, Gévaudan) du VIII° au XI° siècle, Le Puy-en-Velay, 1987.

Durand, A. 1946. La vie rurale dans les massifs volcaniques des Dores, du Cézallier, du Cantal et de l'Aubrac. Aurillac Imprimerie Moderne 532 pp. Nouvelle impression par les Editions CREER 2006.

Bouyssou, L. 1943-1944. Etude de la vie rurale en haute Auvergne. La région d'Aurillac au XV° siècle. Revue de la Haute Auvergne. Fasc. de 1943 à 1944.

Bouyssou, L. 1972- 1974. Les montagnes cantaliennes du XIII° au XVIII° siècles. Revue de la Haute Auvergne. Fasc. de 1972 à 1974.

Bonnaud, P. 1982. L'origine géographique des habitants d'Allanche en Cézalier 1968. Revue d'Auvergne. t. 96-3: p. 15-31;

Vermenouze, A. Lou Poïs-Bas, in Jous la Cluchado, Aurillac, USHA 1980, pp 356-365.

NB: Pierre Bonnaud est ancien professeur de Géographie à l'université Blaise Pascal de Clermont; il est spécialiste de la géohistoire -étude de l'interaction, sur la longue durée, entre données géographiques et faits historiques. Sa thèse de doctorat d'état, publiée en 1981 a pour titre "Terres et Langages, Peuples et Régions" , elle reste toujours d'actualité. Il a publié récemment aux Editions CREER "De l'Auvergne: 2600 ans au coeur de la Gaule et de la France centrale". Cet ouvrage représente la synthèse de plus de trente-cinq ans de travaux géohistoriques consacrés à notre région. Ses travaux sur la langue régionale auvergnate forment une base précieuse pour identifier les mouvements successifs des peuples, retrouver les traces des langues préexistantes, définir les origines des différences locales du parler... P. Bonnaud dirige la revue Bïzà Neirà, revue auvergnate bilingue et organe du "Cercle Terre d'Auvergne". Il a fondé plus récemment le"Groupe de Souvigny: Etudes sur la France Médiane". Les informations concernant le Cercle Terre d'Auvergne sont disponibles sur le site Internet http://perso.wanadoo.fr/auvergnelangueciv/ et à l'adresse postale: 11 rue des saulées, F-63400 Chamalières.

Principales références bibliographiques de l'Auteur:

Pierre Bonnaud, 1981. Terres et Langages, Peuples et Régions. Thèse de Doctorat es Lettres; Auverhhà Tarà d'Oc- Clermont-Ferrand. Deux tomes; t1: Texte et Notes: 678 p. t2: Atlas et Annexes: 473 p.

Pierre Bonnaud, 1983. Milieux humanisés, espaces dialectaux, vie de relations. p. 71-109 in "Les Monts d'Auvergne: de la montagne à l'homme", sous la direction de Pierre Bressolette, Privat, Toulouse..

Pierre Bonnaud, 1992.Grammaire générale de l'auvergnat à l'usage des arvernisants. 333 p, 9 cartes.

Pierre Bonnaud, 1999. Nouveau dictionnaire général français-auvergnat, Editions CREER, Nonette, 776 p. (sur deux colonnes).

Pierre Bonnaud, 2003. De l'Auvergne: 2600 ans au coeur de la Gaule et de la France centrale. Essai géohistorique pour une réflexion sur l'aménagement du territoire. Editions CREER, Nonette 318 p.