geo.cybercantal.net sommaire Une exposition de manuscrits enluminés dans le Cantal Stirneman, Patricia. Nouveau regard sur la Bible de Souvigny
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Stirneman, Patricia, 1999. Nouveau regard sur la Bible de Souvigny. Editions de la Ville de Moulins.56 p.

Joyau de l'enluminure romane, la Bible de Souvigny est le chef de file d'une série de manuscrits à peintures du Centre de la France réalisés à la fin du XIIe siècle.

Matériellement, il s'agit d'un manuscrit sur parchemin donc sur peaux de bêtes traitées pour recevoir l'écriture. Il contient 200 feuillets de 56 sur 78 cm pliés en deux, ce qui signifie que 200 peaux de moutons ont été nécessaires pour cette confection ! Il pèse 32 kg. Deux copistes ont transcrit les textes. Chacun pouvait recopier 170 à 200 lignes par jour. L'écriture des 400 feuillets représenterait au moins un an et demi de travail. Cinq grandes peintures, plus d'une centaine d'initiales historiées ou ornées et des milliers de lettrines régissent et agrémentent le texte biblique. Voilà pour les records.

Mais qu’en est-il de l’enluminure ?

Le style des figures de la Bible de Souvigny, est marqué par un byzantinisme accentué, mais ce caractère n'est pas l'expression d'un centre déterminé. Il s'agit d'un style régional qui se retrouve dans plusieurs Bibles de grand format, fabriquées pour des évêchés ou des abbayes relevant d'ordres variés, éparpillés sur un assez grand territoire : approximativement du Puy à Bourges, de Souvigny à Cluny, excluant les provinces méridionales hostiles au pape Alexandre III. Une connaissance directe des modèles grecs se ressent surtout dans la Bible de Souvigny, le chef de file indiscutable du groupe. En sont souvent pris à témoin les merveilleux prophètes inspirés, les tableaux narratifs divisés en registres similaires aux tableaux grecs, les nombreux détails du costume, des poses, des gestes, de l'architecture, les ombres pesant autour des yeux, les lumières dansant à la surface des tissus. L'implantation de ce courant byzantinisant dans cette région s'observe dès 1170, comme en témoignent les grandes peintures du sacramentaire de Pons. Ce savoir aurait pu être transmis directement de Constantinople, ou par la Sicile. En effet, le pape Alexandre était soutenu activement par l'empereur byzantin et le roi anglo-normand. Dans le cas de la Bible de Lyon cependant, une ascendance sicilienne est indéniable chez l'un de ces artistes, notamment dans les coloris aigus, le graphisme italianisant, la finesse et la forme des entrelacs qui charpentent ses initiales.