geo.cybercantal.net sommaire La Piste Verte et ses abords 1 - Le paysage et son intérêt touristique
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LA piste verte

De la friche industrielle à la valorisation du paysage

1 : Le paysage et son intérêt touristique

Michel Bhaud

La piste verte correspond à la réhabilitation et la valorisation touristique d’une partie du tronçon de la voie de chemin de fer reliant Bort à Mauriac. En fait c’est le tronçon de 12,5 km entre Bassignac et Cheyssac qui est intéressé par cette transformation. Pour résumer, il s’agissait de remplacer la voie de chemin de fer par une piste permettant le développement, sous haute sécurité, de différentes activités : marche, cyclisme, rollers...Ce n’est pas tout : à partir de cette piste, des circuits de visite en boucle devraient permettre de découvrir les sites touristiques des différentes communes traversées. Il se trouve que cette piste emprunte une région particulièrement intéressante par rapport à différents points de vue : géologique, industriel (exploitation de la mine de charbon), climatique (traces glaciaires) et humain (organisation des villages et conservation du petit patrimoine architectural). Nous présentons dans ce qui suit, quelques éléments des paysages traversés.

Quelques aspects de la piste verte : même en hiver cette piste est fréquentée (1) ; les intersections sont sécurisées par des passages aménagés (2) ; vue vers l’ouest du cadre de la piste verte lorsqu’elle pénètre dans Fanostre puis Ydes-Centre ; c’est une vallée sans rivière qui est utilisée par l’ancienne voie ferrée et maintenant la piste verte. En hauteur le Volcan de Prodelles sur la limite ouest du Sillon Houiller (3).

Mais tout d’abord, où somme-nous ? Du point de vue administratif, la piste verte est située au nord du département du Cantal, à la limite de la Corrèze. C’est aussi la limite de deux régions : Auvergne et Limousin. Ce secteur est à la frontière de deux grandes entités géologiques : le substratum granito-gneissique de la chaîne hercynienne formée lors de l’orogenèse varisque (de 380 millions d’années [M.A.] à 250 M.A.) et le massif volcanique cantalien ou stratovolcan constitué d’une alternance de dépôts volcano-clastiques et de coulées : les premières éruptions des basaltes infra-cantaliens remontent à 13-14 M.A. et les planèzes des basaltes supra-cantaliens à 5 M.A. Cet ensemble volcanique est centré approximativement sur la zone du Puy Griou. La dépression de la Sumène se situe à la limite nord des coulées périphériques. A ces deux grandes unités on doit ajouter le sillon houiller (300 M.A.) qui fait partie de l’histoire du socle et qui se trouve à proximité de notre territoire, et les formations tertiaires souvent argileuses (fossé mio-pliocène sur la bordure nord-ouest du Cantal ; régions de Mauriac et Riom) qui occupent une série de fossés sédimentaires dont les traces sont aussi visibles à proximité de la piste verte.

Nous avons dit Paysage ? Il est possible de le définir dans la contradiction comme « une étendue de pays qu’on peut embrasser d’un seul regard » ou comme un pays « qui s’étend au-delà de la portée du regard »

Mais surtout il faut le voir ou encore mieux le regarder…

Voir, c’est recevoir un rayon lumineux ; regarder c’est diriger vers un objet un désir, une volonté. Le regard, a-t-on dit, est le plus intellectualisé des sens. Les mouvements de l’œil obéissent inconsciemment à la raison, à la mémoire, à l’affectivité. Un paysage qui a été familier à des êtres chers prend une signification particulière : l’œil se fait plus affectueux. Un paysage qui permet de faire avancer nos connaissances dans notre spécialité nous intéresse davantage : l’œil se fait plus curieux et plus perspicace. Nous scrutons mieux un paysage dont nous voulons exploiter les potentialités. Ainsi le regard peut être scientifique, technique, pragmatique, esthétique, poétique…

Le paysage apparaît comme une sorte de catalyseur, de bienfaisant catalyseur d’énergies dormantes. Nous baignons en effet dans des ondes de longueurs extrêmement diverses : calorifiques, infrarouges, lumineuses, ultraviolettes, électriques, magnétiques, sonores, infra- et ultrasonores, cosmiques, telluriques…De tous côtés et à chaque instant, nous sommes littéralement bombardés. Ces ondes diffèrent selon l’état de l’atmosphère, le couvert végétal, notre position par rapport à ce couvert végétal (au-dessus ou dedans), la nature du sol (granitique, calcaire, siliceux)…

Les formes se déforment sans cesse, lentement mais inexorablement ; créées par des forces, elles subissent l’assaut d’autres forces ; ainsi les feuilles naissent, s’épanouissent, se fanent, pourrissent. Notre vision d’un jour appréhende un aspect transitoire de la matière ; mais cet aspect est pour nous important. Etres vivants plongés au milieu d’êtres vivants, nous ne pouvons passer indifférents, drapés dans notre dignité d’êtres soi-disant supérieurs.

L’œil s’ouvre, aperçoit, regarde, voit ; parfois il examine, toise, jauge ; parfois il guette puis surveille ; quelquefois il se perd ; souvent il ne fait qu’entrevoir ; ou au contraire il fixe, il peut détailler, distinguer ; il lui arrive de contempler ou même d’admirer ; dans d’autres cas il fuit, désire ou déteste ; il adhère ou s’oppose. En tout cela il est actif. Mais en réalité il est manœuvré : il se sent attiré ou choqué. Certains points du paysage « sautent aux yeux » avant le reste, parce qu’ils sont plus lumineux ou plus contrastés ou plus colorés : ce sont des points forts ; certaines lignes sont plus évidentes que d’autres, ce sont des lignes maîtresses.

D’après Georges Plaisance : Le paysage français à découvrir et à vivre. Editions Sang de la Terre, Paris 1987.

Avant d’atteindre cet aspect subjectif du paysage, tentons une description « terre à terre » qui sera acceptée par tout le monde.

La piste verte est étroitement associée à la vallée de la Sumène. C’est bien naturel : cette dépression a été utilisée pour le passage de la voie de chemin de fer. Dans la description qui suit, on assimilera la piste verte et la section moyenne de la Sumène. Disons un mot sur cette rivière. La Sumène prend naissance à la cote 1245 (carte IGN lieu-dit Sources de la Sumène), au-dessus des bois de Cournil, à l’extrémité septentrionale du triangle que forme la planèze de Trizac. La rivière coule en direction du nord jusqu’à Neuvialle (550 m) c’est son cours supérieur; puis elle s’infléchit brusquement en direction de l’ouest jusqu’à Ydes-Bourg : c’est son cours moyen. Enfin dans la troisième partie de son cours, à partir de Largnac, elle coule vers le sud-ouest, atteint sa position la plus méridionale à Vendes, décrit une courbe concave vers le N pour rejoindre la Dordogne à proximité de Arches (340 m). La partie moyenne de son cours, entre Antignac et Largnac est prise en compte par la carte jointe. Son parcours est-ouest est parallèle à deux autres rivières : la Grande Rhue et la Dordogne et aussi à la plus grande partie de la piste verte. Le territoire occupé par la ligne de chemin de fer et par la rivière, constitue une zone particulièrement intéressante par l’importance des traces glaciaires. La plus grande partie de la section moyenne de la vallée constitue un vaste bassin de confluence formant le réceptacle de plusieurs glaciers importants descendus du Cantal et de l’Artense.

La Sumène : principale rivière dans le secteur de la piste verte (d’après EPIDOR)

Les 30 cours d’eau principaux de cette carte totalisent une longueur de 451 km pour une surface de bassin de 415 km2. La carte suggère à première vue que le Mars est plus long que la Sumène. Effectivement en retirant au cours de la Sumène la partie située en aval du point de réception du Mars (environ 7,5 km,) la longueur de la Sumène se réduit à 39,6 km. En fait outre la longueur, le débit doit être pris en compte ainsi que la surface du bassin versant. Du point de vue ‘débit’ la Sumène est plus importante : selon les données EPIDOR, le débit à Bassignac (Vendes) est, en hiver, de 9 m3/s pour la Sumène contre 6 pour le Mars (Bassignac : pont de Vendes). La différence est claire. En été, les débits sont réduits à 2 m3/s pour la Sumène et 1 m3 pour le Mars; la différence est encore au profit de la Sumène. Cette différence serait encore plus marquée en tenant compte du prélèvement d’eau de la Sumène effectué au Pont de Fleurac. Pour ce qui est de la surface des bassins respectifs, la carte est très claire.

Liste des cours d’eau ayant plus de 10 km de long

Deux sites d’observation sont choisis pour permettre un commentaire.

Pour l’observation du flanc sud on se placera sur l’aire de pique-nique de Fleurac. Le site se trouve à 400 m du carrefour de la Baraquette en direction de Riom-ès-Montagnes sur la D3. Pour l’observation du flanc nord, on choisit de s’établir au sommet du rocher de Chastel. On y accède à partir du village de Chastel, venant de Saignes, de Vebret, de Broc-Menet ou du Monteil-Trizac. Un autre site peut être utilisé : le piton basaltique qui porte les ruines du château de Saignes et la Chapelle N.D. du Château.

 

L’aire de pique-nique de Fleurac dans un environnement glaciaire marqué par plusieurs blocs erratiques. Le dernier maximum de froid remonte à 18000 ans; la fin de la dernière glaciation se situe entre 12000 et 10000 ans. Le bloc erratique principal est situé en contrebas de l’aire de pique-nique. Plusieurs rochers erratiques sont disposés dans une prairie (exactement une pâture jamais fauchée ce qui se comprend compte tenu de la nature des rochers qui affleurent ; de telles pâtures sont désignées localement sous le nom de bouige).

De l’aire de pique-nique de Fleurac, on observe le paysage bordant la face méridionale de la dépression de la Sumène. Remarquer à l’orient le parfait triangle du Puy d’Augoules (constitué d’un trachyte blanc mais recouvert de bois), le clocher de l’église de La Monselie, les falaises volcaniques de Chastel et de Milhac, le Puy de Sauvat et vers l’ouest le volcan de Prodelles dont les flancs sont exploités.

L’aire de pique-nique de Chastel dans un environnement volcanique. Accès à partir de Vebret, Saignes, La Monselie. Belle plateforme aménagée, avec site de pique-nique et table d’orientation. On se déplacera vers l’extrémité nord du rocher pour une meilleure vue sur la dépression de la Sumène.

Site de Chastel-Marlhac : face ouest du Rocher ; vue prise au village de La Guillaumette

 

Site de Chastel-Marlhac : la table d’orientation et le paysage observé en direction de l’est. La vallée du Violon est à nos pieds et coule de droite à gauche. Village de Prunet au premier plan et de La Monselie au second plan avec son clocher caractéristique. En outre le sommet le plus haut du paysage correspond au Puy d’Augoules constitué de trachyte.

Pour l’historique du village de Chastel-Marlhac voir à l’adresse : http://histoire-locale.chez-alice.fr/

A partir de ces deux sites d’observation, les éléments physiques du paysage apparaissent clairement. Ce sont d’abord certaines formes du terrain qui sautent aux yeux : formes horizontales ou verticales, convexes ou concaves qui se raccordent brusquement ou progressivement au niveau de points d’inflexion (voir par exemple le Rocher d’Urlande, le Rocher de Chastel et le Puy d’Augoules). Ensuite, en pénétrant dans le détail, le minéral cède du terrain et c’est l’impact humain qui devient prépondérant (avec la constitution d’un bocage : paysage enclos par un réseau généralisé de haies).

Un premier constat est évident : c’est l’opposition entre les flancs N et S de la dépression de la moyenne Sumène. Le flanc sud est constitué sur une bonne partie par des sommets volcaniques bien identifiés. A partir de l’est on reconnaît : le Puy d’Augoules (945 m) en trachyte, puis la longue barre des Bois de La Fage (900m), le Rocher de Chastel-Marlhac (730 m) basalte vitreux du miocène, les Roches de Milhac (740 m) en phonolite inséparables du site des Bois de Janiac, le Château et le Puy de Saignes (500 m) formés de basalte, le Puy de Sauvat (890) en basanite. En continuant ce mouvement vers l’ouest, mais après avoir franchi la dépression de la Sumène qui coule maintenant vers le sud, le regard rencontre le plateau de Champagnac (altitude moyenne à 600 m) constitué du Granite d’Ussel, et le Puy de Prodelles, un volcan situé sur le flanc ouest du sillon houiller. Il est actuellement exploité et constitue une balafre bien caractéristique en direction du couchant. A proximité de cette limite méridionale de la dépression de la Sumène, mais un peu plus au sud, les phonolites du nord-Cantal et les massifs associés constituent un beau sujet d’excursion.

Voir aussi : Les Dômes Phonolitiques du Nord Cantal

Le paysage sur le bord méridional de la dépression de la Sumène ; la succession des images s’effectue de l’est vers l’ouest. Le point d’observation est à proximité du carrefour de la Baraquette.
En se plaçant maintenant au sud, par exemple sur le plateau du Rocher de Chastel, le regard est accroché en allant d’est en ouest, par la Roche d’Urlande (et sur son flanc quelques viaducs permettant à la voie de chemin de fer, l’ascension du flanc oriental de la dépression de la Sumène), les collines gneissiques qui séparent les Vallées de la Rhue et de la Sumène, les Orgues de Bort, le Puy de Bort, et les croupes limousines. Au pied des Orgues, à droite, on devine le confluent de la Rhue dans la Dordogne à Saint-Thomas. Entre la Roche d’Urlande et les Orgues (phonolite dans les deux cas) la bande allongée qui sépare Rhue et Sumène, culmine seulement entre 600 et 700 m.

L’accroche paysagère, côté septentrional, s’effectue sans conteste, sur les orgues de Bort, vues ici du Puy Morel situé à l’est des Orgues. D’ici le point de sortie des phonolites qui ont donné les orgues n’est pas visible, c’est le Puy de Bort situé approximativement à l’ouest des Orgues donc dans l’axe de la prise de vue.

Un autre caractère frappant de cette vallée est le contraste de l’action glaciaire entre les flancs nord et sud. Sur le flanc sud les signes d’une activité glaciaire sont rares ; il n’y a pas de chenal d’évacuation clairement défini, et pas de diffluence. Côté oriental, les directions des traces glaciaires sont est-ouest (Ruisseau de Vouzolle à l’est de Neuvialle, ruisseau du Soulou, marques et convois glaciaires de Ridoux en direction de Fouilloux, Bellot et Couzans. Côté occidental les témoins glaciaires sont disposés selon une direction analogue. Ces témoins restent à bonne hauteur et ne touchent pas la vallée ; il en est ainsi des convois étalés de Bellière vers Auteroche puis Broussoles ; de Ardit vers Lavergne et Sauvat. Une langue glaciaire importante s’étendait aussi du Monteil-Lazeroux vers Auteroche puis a contourné au Nord (par Lavergne) et au Sud (par La Ribeyre) le suc basaltique des Chevadières. Cette direction est indiquée par la disposition bien localisée des éboulis de ce massif volcanique. Il en est de même pour la phonolite d’Ardit. Sur ce flanc sud le mouvement des glaces est orienté vers l’Ouest avec émission de rares diverticules vers le nord, visibles aux abords de Saignes. Et encore ce n’est pas certain ; une restriction doit être ajoutée pour cette dernière direction : les traces glaciaires en-dessous de Saignes, à proximité du cimetière, sont vraisemblablement des nappes d’épandage formées au tardiglaciaire (au moment de la fonte des glaces).

Sur le flanc nord les incisions NS sont très nombreuses. Ainsi on reconnaît le passage de Cheyssac <---> Bort ; le passage de Verchalles Soubro <---> Ruisseau perdu ; le passage de La Baraquette <---> Ruisseau perdu ; le chenal d’évacuation de Rochemont ; le chenal d’évacuation des Essarts ; le chenal d’évacuation de Cheyssac Nord ; le chenal d’évacuation de Fouillade et La Bouboulie - Bellot et Tampanièrgues ; le chenal d’évacuation de Peyrou ; le chenal d’évacuation d’Auzanges (Ruisseau de Cheylade)... remarquons que ces deux sillons sont situés au nord de la Rhue. Il existait donc une tendance pour la masse glaciaire à se diriger vers le sud malgré un lit de rivière étendu en direction perpendiculaire.

En plus de cette différence de nature et d’altitude, les bassins versants tributaires de la Sumène sont très inégaux en surface (carte du bassin versant de la Sumène d’après EPIDOR).

En résumé la vallée de la Sumène a été occupée par la glace venue principalement du nord en franchissant la vallée de la Rhue. Au sud elle a été faiblement atteinte par le mouvement tangentiel de la calotte occupant les hauteurs de Trizac. La glace de cette zone avait les propriétés d’une masse visqueuse unique; sa partie nord obéissait à l’ensemble et n‘était pas spécialement attirée par les dépressions de la vallée. On peut constater, par opposition aux pointements phonolitiques de Roche (Valette), que les formes d’altération du Rocher de Chastel (les éboulis) n’ont pas été entraînées vers l’ouest.

Carte de la moyenne Sumène indiquant le tracé de la piste verte (voie ferrée entre Largnac, à la limite de la carte au sud de Ydes-Centre, et Cheyssac) et différents éléments du paysage glaciaire. Remarquer le triangle Antignac-Cheyssac-Saignes dont l’altitude très peu variable s’explique par un remblaiement important d’origine fluvio-glaciaire.

1 : vallée morte de Ydes-Centre ; 2 : vallée morte de Cheyssac <---> Le Béal ; 3 : passage de Cheyssac <---> Bort ; 4 : passage de Verchalles Soubro <---> Ruisseau perdu ; 5 : passage de La Baraquette <---> Ruisseau perdu ; 6 : chenal d’évacuation de Rochemont ; 7 : chenal d’évacuation des Essarts ; 8 : chenal d’évacuation de Cheyssac Nord ; 9 : chenal d’évacuation de Fouillade et La Bouboulie - Bellot et Tampanièrgues ; 10 : chenal d’évacuation de Peyrou ; 11 : chenal d’évacuation d’Auzanges (Ruisseau de Cheylade) ; 12 : verrou du Chatelet ; 13 : ombilic de Beix ; 14 : diffluence de la Sumène vers le Soulou ; 15 : limite orientale du Plateau de Champagnac (hauteur moyenne : 550-600 m) ; 16 : dépressions hectométriques marécageuses (=alvéoles du socle nettoyées par les glaces) ; 17 : zone de coalescence de Cheyssac-Verchalles. (© M.B.)

Un paradoxe. Alors que le triangle Antignac Cheyssac Saignes-Gare ne porte aucun signe d’une activité volcanique (cratère, dôme, coulée, filon, dyke...) les roches volcaniques sont présentes à chaque pas et forment une partie importante des murs de clôture, des galets de la rivière, des talus à vif des bords de route, des pierriers de prairies et des épandages désordonnés situés en hauteur. L’explication est à rechercher dans leur origine plus ou moins lointaine puis leur transport par les glaciers, le charriage par les eaux de fonte d’un mélange de terre et de blocs non triés par leur taille, sur un terrain plus ou moins plat, enfin le transport récent dans le lit des rivières.

Vallée et Rivière

Vallée et rivière, ces deux termes sont étroitement associés dans le langage de la géographie contemporaine : non seulement parce que d’ordinaire à chaque vallée correspond un cours d’eau mais encore parce qu’on admet qu’en règle générale, les vallées ont été creusées par les rivières qui les occupent, ou du moins ont été profondément modifiées par elles. Mais en règle générale seulement : dans les pays arides, il existe des « vallées sans rivières , ou du moins avec des cours d’eau éphémères, qui travaillent plutôt à les combler qu’à les approfondir. D’autre part, sous tous les climats, il y a des rivières sans vallées : un torrent sur son cône de déjection, un oued sur son champ d’épandage dominent le terrain environnant au lieu de s’y encaisser. D’ailleurs quand nous parlons de la « vallée du Rhin » entre Bâle et Mayence, ou de la « vallée du Pô » nous n’entendons pas par là que le fleuve soit le seul responsable du façonnement de la dépression qu’il draine. Le mot vallée a donc, même dans le langage scientifique, un sens assez élastique. Il n’est pas surprenant que dans la langue ordinaire, le sens soit encore plus vague. H. Baulig 1953.

Et pour la Sumène : dépression ? bassin ? vallée ?

La section moyenne de la Sumène pose un problème de géographie. Elle diffère de la section allant des sources jusqu’à Neuvialle par une largeur très supérieure. En fait si vallée et rivière, constituent deux termes étroitement associés dans le langage de la géographie contemporaine, il faut préciser qu’il existe des vallées sans rivières et des rivières sans vallées. Ce paradoxe signifie simplement que la rivière n’est pas le seul responsable du façonnement de la dépression qu’il draine. C’est probablement le cas dans cette section moyenne et d’autres causes peuvent être à l’origine de cet élargissement au niveau du triangle Courtille-Saignes-Cheyssac : des failles d’orientations diverses empruntées par des épanchements volcaniques fortifient la rive sud et constituent des lignes de moindre résistance. D’un autre côté, les glaciers venus de l’Artense ouvrent des brèches sur la rive nord. Enfin, le matériel glaciaire se répand en nappes importantes par leur surface, finissant de donner le cachet de la vallée. Ainsi, dans la dépression de la Sumène la structure géologique a guidé l’organisation générale du paysage : des corniches basaltiques dominent le flanc sud, alors qu’une faible croupe gneissique sépare cette dépression de la Rhue au Nord. A une échelle plus grande (sous un champ de vision plus étroit) la vallée apparaît mal calibrée et s’organise en une succession de verrous, d’ombilics, de gorges étroites ou de larges plaines très ouvertes.

Après cette introduction, nous passerons en revue quelques villages situés à proximité de la piste verte, ou peu éloignés, notre but étant de faire ressortir les intérêts de différentes natures que chaque village peut présenter. Ces intérêts seront centrés autour du petit patrimoine (photo. 1), de l’architecture vernaculaire (2 et 3), de l’économie liée à l’élevage (4), de la géographie et de l’influence des glaciers (5), de la géologie (6)...

Développement à venir :
La piste verte :