geo.cybercantal.net sommaire Une exposition de manuscrits enluminés dans le Cantal De Hamel Christopher 1995. Une histoire des Manuscrits Enluminés.
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De Hamel, Christopher. 1995.
Une histoire des Manuscrits Enluminés. Editions Phaidon, Paris. 272 p.

L’auteur a délibérément privilégié la structure du livre en fonction des utilisateurs. D’où les têtes de chapitre qui suivent.


Des livres pour les missionnaires : VII°-IX° siècle : le mot écrit est un outil essentiel des premiers missionnaires de Grande-Bretagne et d'Irlande, qui produisirent des livres d'un raffinement extraordinaire


Des livres pour les empereurs
:VIII-XI° siècle : les livres sont des trésors et des objets luxueux qu'on expose à la cour de Charlemagne et de ses successeurs.


Des livres pour les moines
: XII° siècle : les innombrables oeuvres dévotionnelles produites par les moines dans les scriptoria font de cette période l'âge d'or du livre monastique.


Des livres pour les étudiants
: XIII° siècle : la création des universités et l'apparition d'un commerce professionnel du livre font face à un nouveau besoin, celui de manuels.


Des livres pour les aristocrates
: XIVe siècle : l'âge de la chevalerie ; une noblesse riche et nouvellement alphabétisée suscite un nouveau genre de livres, le roman profane


Des livres pour tout le monde
: XV° siècle : le livre d'heures, livre de dévotion des foyers bourgeois aussi bien que de l'aristocratie, fait son apparition.


Des livres pour les prêtres
: XVI° siècle : les bibles, missels, bréviaires, psautiers et autres livres du culte et manuels soutiennent la vie de l'Église.


Des livres pour les collectionneurs
: XV°-XVI° siècle : cette période voit la renaissance de la culture classique et la création de manuscrits de luxe pour les riches mécènes humanistes.

En fait cette classification répond à un besoin plus profond qu’une mise en ordre. C’est tenter d'isoler les raisons principales de la fabrication des livres au Moyen Âge. Chacune d'entre elles donne lieu à un chapitre comme nous l’avons dit. Et en examinant les collectivités du point de vue de leurs activités, nous comprenons mieux les raisons de cette fabrication.

Continuant sa progression, l’auteur donne une typologie des livres médiévaux selon leur contenu. Un classement des livres du Moyen Âge selon leur contenu peut s'articuler autour de la distinction en ouvrages religieux et séculiers, même si, jusqu'à la fin du Moyen Âge, il reste souvent difficile de tracer une limite exacte entre les domaines sacré et profane. De la première catégorie relèvent les psautiers, les évangéliaires, les livres de péricopes, les sacramentaires, les bréviaires, les graduels et antiphonaires, les livres d’heures, les apocalypses… A côté, les ouvrages exclusivement ou essentiellement profanes forment le second groupe. Dans la littérature empruntée au vaste fonds de connaissances de l'Antiquité, sont mentionnés les ouvrages astronomiques réalisés sous le règne de Charlemagne. On a également confectionné des codices entiers d'expériences guerrières, d'armes, d'animaux, de techniques de chasse. Par ailleurs, des manuels d'architecture ont été édités sporadiquement. À la tradition antique se rattachent aussi tous les manuscrits de caractère profane qui s'attachent à la représentation de plantes médicinales dans des herbiers, dont ils décrivent les vertus, comme le Tacuinum sanitatis. Dans le domaine zoologique, ces ouvrages ont pour pendant les bestiaires. Toutes les connaissances d'une époque étaient rassemblées dans des encyclopédies dont le Hortus deliciarum de Herrad von Landsberg.

Un autre intérêt de cet ouvrage est de faire participer le lecteur à la vie d’un monastère. Les livres faisaient partie du mobilier essentiel d'un monastère. Ce dernier n'était pas correctement équipé s'il ne possédait pas de bibliothèque. Pour l’obtention d’un livre, un scribe ne pouvait pas simplement écrire un livre. Avant toute chose, il avait besoin d'un modèle, c'est-à-dire d'un autre exemplaire du même texte, soigneusement corrigé et rendu intelligible, qu'il recopiait en un nouveau manuscrit. Il n'y a aucun doute sur le fait qu'un monastère prêtait souvent des livres à un autre.

Puis le lecteur assiste à la réalisation du manuscrit avec la préparation des feuillets de vélin vierges puis au pliage des feuillets. Ensuite Avant de commencer à écrire, un scribe devait mesurer la page soigneusement et tracer une grille de lignes légères pour que le texte reste droit et suive une forme régulière. Il devait décider si le texte serait en une colonne ou en deux : au début du XII° siècle, de nombreux livres se trouvaient encore en une seule colonne mais vers 1170 les manuscrits étaient généralement plus grands et souvent en deux colonnes.