geo.cybercantal.net sommaire Une exposition de manuscrits enluminés dans le Cantal Dalarun, Jacques: Le Moyen Âge en Lumières : Manuscrits enluminés des Bibliothèques de France
version imprimable

Sous la direction de Jacques Dalarun, 2002.
Le Moyen Âge en Lumières : Manuscrits enluminés des Bibliothèques de France. Editions Fayard. Livre de grand format : 28 x 36, de 400 pages. 100 €.

Dix chapitres composent l’ouvrage. Jean-Sébastien Dupuit : Ce que dit le patrimoine des bibliothèques de France [p 8]. Jacques Dalarun : Lumières du Moyen Âge [p 11] - Partie I : Genèse. Patrick Gautier Dalché : Le temps et l'espace [p 35] - Michel Pastoureau : L'animal [p 65] -Didier Lett : L'homme, la famille et la parenté [p 107] - Partie II : La condition humaine. Perrine Mane : Les travaux et les jours [p 139] - Patrick Boucheron : Signes et formes du pouvoir [p 173] - Robert Jacob : Peindre le droit ou l'imaginaire du juriste [p 207] - Daniel Russo : Savoir et enseignement [p 235] - Partie III : Du ciel aux marges - Christian Heck : Montrer l'invisible [p 269] - François Boespflug : Visages de Dieu [p 295] - Jean-Claude Schmitt : L'univers des marges [p 329] – Annexes. Jean-Baptiste Lebigue, Olivier Legendre L'envers du décor [p 365].

Les illustrations présentées sont considérées comme nouvelles, inédites, et même les auteurs qui les ont utilisées les ont découvertes avec émerveillement peu avant l’écrit de leurs commentaires. Le plus souvent n'étaient présentées et surtout reproduites qu'un tout petit nombre des enluminures médiévales, toujours à peu près les mêmes, provenant de quelques prestigieuses collections françaises et étrangères.

L’originalité du présent livre est de renouveler ce corpus en se basant sur les fonds presque inconnus, en tout cas peu exploités, des bibliothèques municipales françaises. Elles n'avaient jusqu'à présent pour seul défaut que d'être dispersées sur le territoire et difficiles d'accès, faute d'inventaires détaillés.


Un musée de peintures foisonnant se trouvait ainsi dissimulé dans les réserves de nos bibliothèques municipales. Le mérite de l’Institut de Recherche et de l’Histoire des textes (IRHT) a été de mettre en évidence cette richesse. Sur un total que l'on évalue à plus de 300 000 images, 80 000 environ ont d'ores et déjà été reproduites, stockées, et depuis peu numérisées. Une base de données s'est progressivement constituée à l'issue d'opérations complexes d'indexation, permettant une exploitation raisonnée de contenus si riches. Cette base Enluminures, amenée à s'accroître régulièrement, est maintenant mise en ligne sur le site du ministère de la Culture et de la Communication.

Au cours de l’exposition, notre association aura le plaisir de présenter le support informatique sous la forme d’un DVD-Rom ayant le même titre que le livre dont Jacques Dalarun a assuré la direction. Ainsi, l'Internet et les nouveaux moyens informatiques permettent de réaliser le double pari de constituer dans le même temps des instruments au service de la recherche la plus exigeante et de faciliter l'accès du plus grand nombre à la culture. Nous sommes heureux, par notre modeste association, de participer à cette action.

Deux points sont à retenir de cette consultation. Le directeur de l’ouvrage nous le dit.


1- Il n'est de manuscrit qu'unique. Même s'il ambitionne de reproduire son modèle le plus respectueusement du monde, le copiste ne peut s'empêcher de le mettre à jour, au goût du jour, en même temps qu'il le met au jour. Jamais une œuvre copiée par deux scribes, ou copiée deux fois par un seul homme, ne présentera le même état de texte. Félix culpa ! Bienheureuse variante ! Car cette petite anomalie génétique fait le bonheur du philologue ou de l'éditeur, leur permettant à rebours de regrouper les manuscrits par familles et, comme dans un arbre généalogique, de remonter à coup de déductions ou d'hypothèses vers ce que dut être l'écrit originel dans son idéal archétype que nous ne connaîtrons jamais avec certitude.

2- Evolutif, le manuscrit vit. Il vit surtout parce que, par-delà les générations, les cultures et les siècles, il est encore vibrant, transpirant du labeur des hommes, nos devanciers, qui l'ont conçu, préparé, réglé, copié, rubriqué, corrigé, orné, relié, déchiffré, dévoré, médité ; dans les plus éblouissants volumes, il est toujours une infime paille, un défaut du parchemin, un résidu de poil, une rature, un débord de couleur, une lettre dont la décoration a été oubliée, autant de traces d'humanité, d'une humanité tiraillée entre le désir de se dépasser et l'imperfection intrinsèque de ses œuvres. Il vit aussi parce qu'au-delà de la copie, il se trouve modifié: un lecteur scrupuleux l'expurge, le surcharge ou l'annote; un esprit chagrin y gratte un passage ou une figuration indésirables; un possesseur y laisse sa marque avant que le possesseur suivant ne l'efface, non sans en laisser quelque trace.